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Citations sur La plage de Scheveningen (24)

Le silence n’existe que par les mots qui sont autour.

Chapitre IX
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Ce qui est en train de mourir, mon petit, c’est la neutralité. Un homme qui reste neutre, c’est un homme qui pourrit.

Chapitre XIV
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Il se trouvait un peu gêné, sans trop savoir pourquoi, d’entendre parler d’Armande devant la jeune inconnue qui, assise sur son pouf, était prodigieusement occupée à maintenir une tasse bleue en équilibre sur soucoupe rose. Tous les services aujourd’hui étaient dépareillés, affirmait Mme Barsac, oubliant qu’il en avait toujours été ainsi chez elle, et que c’était plutôt pour elle une heureuse conséquence de la guerre que le monde fût mis à l’unisson de son élégant désordre.

(Chapitre III)
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En aucun temps la vie ne constitue une justification. Ce qui est extraordinaire, en tout temps, […] ce n’est pas de mourir, c’est d’être en vie.

(Chapitre I)
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Ce qu'il n'arrivait pas du tout à comprendre, c'était qu'on puisse placer un homme en pleine santé devant sa mort, l'abandonner seul avec cette unique attente, puis l'amener un matin, avec ou sans cérémonie, dans un lieu choisi, toujours sordide, pour lui trouer le corps minutieusement.

Chapitre XII
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Il savait tout ce qui l'avait fui, mais rien n’émerveille comme ce qui demeure.

Chapitre XXV
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Il y avait des gens qui vivaient ainsi, qui […] passaient leur vie derrière ces guichets, et qui même avaient dû attendre pour y admis, avaient dû donner des garanties, écrire des lettres, solliciter, faire des études, - et cela était sans doute nécessaire à la marche du monde. Quand on était content d’eux, on leur donnait cette place derrière un grillage ; ils vivaient et mourraient là, ponctuels, guerre ou pas guerre ; quand ils mourraient on les remplaçait par d’autres, bien contents de l’aubaine, car eux aussi avaient attendu très longtemps leur tour…

Chapitre V
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La ville*, après un été orageux, était revenue à une espèce de calme. Elle avait assisté à leur départ avec enthousiasme, un enthousiasme prudent, qui n’avait fait de victimes que parmi les enfants et les ivrognes. L’automne nous avait installés non dans la paix mais dans une attente ardente. Tandis que toute une part de nous-mêmes retombait à sa passivité, notre imagination restait brûlante, et chaque jour nous faisait descendre un degré de plus dans l’horreur. Nous étions des hommes, et nous découvrions qu’être des hommes, c’était répondre au même nom que nos bourreaux. L’honneur des hommes, notre honneur, était entaché.

*Paris en 1944.
(Incipit)
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– Tu m’excuseras, dit Arnoult, mais même si tu me prouvais en ce moment que l’homme est seul… Oui, néant pour néant, je préfère le néant complet… Si je ne puis compter sur une pensée juste, aimante, connaissant la raison intime de mes faits et gestes, en somme sur la mémoire de Dieu, eh bien, je préfère ne compter sur rien, j’abandonne à l’instant toute prétention, je ne veux pas être autre chose qu’une poussière à la surface d’une poussière, – cette poussière d’astres que du moins j’aurai passionnément aimée. Si ces hommes devant nous n’ont pu compter au moment de mourir sur la mémoire de Dieu, ces noms et ces dates sur leurs tombes sont de trop, ils nous mentent, ils troublent inutilement notre néant. Et ces tombes elles-mêmes sont de trop ! Si le monde continue à être ce qu’il est, Hersent, nous n’aurons plus besoin de cimetières, plus besoin d’aligner des tombes. Nous referons des charniers. (…)
– Solitude pour solitude, reprit-il devant le silence d’Hersent, celle de l’humanité entière prise dans le cours de son histoire ne vaut pas mieux que celle d’un homme pris en particulier. Accepterais-tu de passer ta vie dans une prison ? De passer ta vie sans témoin ?... Sans l’espoir d’un témoin, d’un regard sur toi, tu meurs ; et tous les gestes, les pensées de ce prisonnier qu’est chacun de nous ne vont qu’à invoquer, à susciter un témoin hors des murs entre lesquels nous vivons, et quelquefois hors de notre époque. Sans quoi on ne s’apercevrait même plus qu’on est en prison, hein, et il n’y aurait pas de différence entre la vie et la mort. Le bourreau qui viendrait nous appeler au petit matin, qu’est-ce qu’il changerait à notre sort ? Rien. Absolument rien. Une fourmi écrasée, voilà ce que ce serait. Quelque chose de si accablant, de si inexistant qu’il n’y aurait même pas de quoi crier. Si l’humanité sait qu’elle vit sans témoin, elle est à elle-même sa prison. Nous sommes tous prisonniers, Hersent, dans ta perspective. Si Dieu n’existe pas, comprends donc, il faut le faire exister.

(Gallimard, L’Imaginaire, p. 176-178)
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Nous avons tous été coupables dans cette aventure.
Nous avons tous laissé s'accomplir le mal.
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