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Critique de Bazart


Diane se réveille d'une opération qui n'a jamais été encore exercée sur un être humain. Elle sent alors des déreglements énormes et ses sens se voient surmutiplies , son endurance physique et professionnelle. Mais quelle est donc cette mystérieuse intervention qu'elle a subi?

Qu'est ce qui vous donne envie d'ouvrir un livre 📙 dont vous ne connaissez pas l'auteur ? Pour le lièvre d'Amérique, j'ai été attirée par la couverture, par l'étrangeté de l'histoire (une employée qui subit une intervention pour être encore plus productive au travail), par la maison d'édition, la Peuplade, indépendante mais à la programmation très étonnante .

Je ne suis pas une adepte de fables (je suis même passée à côté de plusieurs livres unanimement salués et présentés comme contes) mais je me suis laissée totalement embarquer sans résistance dans la vie de Diane : dans son présent, après l'intervention; dans son adolescence (qui éclaire ce qu'elle est devenue); dans son passé proche avant l'opération.

J'ai été frappée par les longues phrases de Mireille Gagné, romancière québécoise dont c'est le premier roman.

Des phrases sans point ni ponctuation, qui traduisent si bien que Diane ne veut pas s'accorder une miette de temps pour elle, comme si elle était en apnée permanente, obsédée par le culte de la performance, et en quête d'une forcément illusoire perfection absolu de sa vie

"Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu'elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d'eau d'attendre chez le médecin que le photocopieur finisse sa phase de réchauffage elle compte les aliments absorbés par chaque aliment et dépensées sur le vélo stationnaire les murs qui l'entourent les lumières dans son appartement son bureau les craques sur les trottoirs les lettres dans chaque mot qu'elle écrit ...."

Un livre court et puissant sur les dérives du tranhumanisme qui fait forcément penser aux Truismes de Marie Darrieusecq, avec une toile de fond plus contemporaine, car l'auteure réussit aussi une critique subtile mais efficace du tout- libéralisme.

Un récit empreint de poésie où les sensations liées au corps sont omniprésentes, comme si cet éveil sensuel lié à la nature, nous l'avions étouffé, dans notre course au toujours plus.

A lire si vous cherchez un roman atypique et surprenant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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