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EAN : 9782924898772
160 pages
La Peuplade (20/08/2020)
3.78/5   282 notes
Résumé :
L'organisme de Diane tente de s'adapter doucement. Elle dort moins, devient plus forte et développe une endurance impressionnante. L'employée modèle qu'elle était peut encore plus se surpasser au travail. Or des effets insoupçonnés de l'intervention qu'elle vient de subir l'affolent. L'espace dans sa tête se resserre, elle sent du métal à la place de ses os. Tout est plus vif - sa vision, son odorat, sa respiration. Comble de la panique, ses cheveux et ses poils dev... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 282 notes
Pour un premier roman de l'auteure québécoise Mireille Gagné, je trouve « le lièvre d'Amérique » particulièrement réussi.
J'avais d'abord repéré la magnifique couverture avec ce lièvre qui accroche le regard. Et les avis de nombreux lecteurs ont fini de me convaincre.
*
« le lièvre d'Amérique » est une fable animalière qui m'a surprise par sa modernité, son étrangeté et son originalité. Elle nous invite à nous interroger sur les dérives de la vie moderne, la souffrance au travail qui incite à toujours plus de performances, mais occasionne par la même, anxiété, stress, fatigue et dépression.

« Elle s'assoit devant son ordinateur et ouvre ses courriels. Déjà cent-vingt-huit non lus ; deux-cent-vingt-quatre notifications. Et ça la frappe en plein visage. L'humain pourra-t-il survivre à ça encore longtemps ? »
*
Ce roman est court, rythmé, mais surtout très surprenant par sa construction que je trouve vraiment brillante, très curieuse par son aspect fragmentaire et le changement de style littéraire. Ce procédé littéraire est une grande réussite et m'a tenu en haleine jusqu'au bout.

Le lecteur suit Diane à trois moments clés de sa vie. Chaque temporalité s'adapte à merveille à chaque période de sa vie, offrant un mode de narration différent, des émotions différentes.
Le récit est entrecoupé de petits textes documentaires sur le lièvre d'Amérique, permettant de faire sens avec l'histoire de la jeune femme.

« le lièvre d'Amérique (Lepus americanus) est un petit mammifère … largement répandu au Canada et au Québec… À l'opposé de son cousin le lapin, le lièvre préfère fuir plutôt que de se cacher pour échapper aux prédateurs. »

Si le début du roman demande un petit temps d'adaptation à cause de l'écriture et de l'intention de l'auteure de nous laisser dans le flou, l'envie de comprendre le lien entre Diane et le lièvre d'Amérique est la plus forte.
*
Diane, quelques jours avant l'opération chirurgicale
Diane est perdue, proche du burn out.
Un texte sans ponctuation, une succession ininterrompue d'actions montrant Diane au bord de la rupture, courant après le temps et son désir de perfection.
L'aliénation par le travail.

« Elle se réveille toujours à la même heure se douche s'habille se prépare déjeune s'en va travailler sept jours sur sept emprunte le même chemin ne parle à personne sauf si c'est pour exécuter une tâche sept jours sur sept ne possède aucune relation en dehors du travail fille unique ça fait au moins quinze ans qu'elle n'a pas vu ses parents ni ne leur a parlé bosse dur toute la journée sept jours sur sept exécute toujours davantage de tâches que les autres ne montre aucun signe de fatigue ni de défaite … »

Jour 0
Diane se réveille chez elle après voir subi une opération chirurgicale.
Laquelle ?
L'auteure reste très vague pour le plus grand plaisir du lecteur qui intrigué, va reconstituer petit à petit le cheminement de la jeune femme qui la conduise à désirer cette opération et à subir les conséquences sur sa vie future.

Les jours suivant l'opération
Les effets secondaires apparaissent rapidement.
Le lecteur suit jour après jour ses transformations physiques, mais aussi les changements de personnalité et de comportements.
La vie de Diane bascule peu à peu alors que ses rêves la ramènent, adolescente, sur son île natale et à son premier amour, Eugène, un jeune adolescent fasciné par les animaux en voie de disparition.
Je me suis demandée si Mireille Gagné n'avait pas choisi le prénom d'Eugène en rapport avec le courant de pensée eugénique.

« J'aurais pu te dire qu'il n'y a réellement rien d'anormal sur cette île. Sauf peut-être la solitude qui s'abat quand l'hiver ne veut plus partir. D'abord toute petite, puis du jour au lendemain, intolérable. Et le temps qui se morfond. Les insulaires doivent se terrer chez eux. le sentiment d'oppression aussi qui grandit avec l'étale de la marée. L'attente qui devient insupportable. Des fois, on a l'impression d'être prisonnier, que le plein de l'eau ne veut plus nous quitter. »
*

*
Pour conclure, en dressant le portrait de Diane, « le lièvre d'Amérique » est une percutante critique de nos modes de vie. Ce roman réussit de manière subtile et efficace à nous interroger sur notre place dans la société, sur notre rapport au travail et nos difficultés à concilier métier, vie personnelle et vie familiale.

Oscillant entre conte fantastique et fable animalière, ce premier roman est une belle réussite littéraire qui puise dans l'imaginaire des légendes pour comprendre le monde d'aujourd'hui. Je vois dans ce texte une quête d'un retour à la nature et à nos racines.

Peut-être vous reconnaîtrez-vous dans Diane ?
*
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"Le lièvre d'Amérique" est un roman très court mais tout à fait suffisant pour nous embarquer et nous faire réfléchir sur la dépendance au travail, sur son absurdité et les conséquences désastreuses sur l'être humain. Combien de burn out, de dépressions liées au travail ?
Ce n'est cependant pas un essai, loin de là. Ce roman s'apparente plus à une fable.
4 temps alternent :
- 1 sur le lièvre d'Amérique et sa "carte d'identité", ses caractéristiques,
- 1 sur Diana à 15 ans lorsqu'elle est nature et proche de la nature,
- 1 durant laquelle elle est adulte et travaille toujours plus pour être la meilleure, pour être performante, elle en devient un robot
- 1 après l'opération qui lui fait retrouver sa part animal.
Le style est particulier et intéressant. À certain moment la ponctuation disparaît mais cela a bien sûr du sens, le "je" qui caractérise l'identité disparaît également comme un robot qui n'a plus sa part d'humanité, tout se bouscule, les mots s'enchaînent.
C'est un livre qui fait réfléchir . Laissons la part d'animalité qui sommeille en nous se développer et rapprochons-nous de la nature... cessons de vouloir toujours plus et d'alimenter ce système capitaliste.
Un retour à la nature semble indispensable, urgent.
Il y a un petit lexique à la fin sur le vocabulaire maritime il aurait été utile qu'il y en ait également un sur certains termes québécois car il a fallu que j'aille les chercher sur internet. Mais ceci n'entache en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce petit roman.
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Ce court roman, mi fantastique mi conte, est un petit bijou.
Le lièvre d'Amérique est un petit mammifère largement répandu au Canada et au Québec. Dès le premier chapitre, le ton est donné, on va retrouver ce lièvre et ses moeurs tout du long. La route de l'animal va croiser celle de Diane, jeune femme victime d'un burn-out dans une société où la performance au travail est question de survie.
Diane a confié son corps à la science pour qu'il devienne plus performant. C'est là qu'on atteint une dimension fantastique plutôt effrayante. Elle veut se surpasser toujours plus mais le prix à payer pour cette transformation n'est -il pas exorbitant ?
Diane revit son adolescence à l'Isle aux Grues, en compagnie d'Eugène le risque tout qui sait tout sur les animaux en voie d'extinction. Leur amourette s'arrêtera là et Diane quitte son île natale pour un travail exigeant dans une grande ville où elle découvre la solitude.

Entre souvenirs de Diane, amours perdues et monde du travail, l'histoire se déroule en quelques bonds…de lièvre.
D'une écriture ample et forte, ce roman nous embarque dans une histoire folle avec des narrations bien distinctes dans chaque partie de l'histoire bien compartimentée.
Un premier roman à découvrir.

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" Diane grandit au Québec, sur une île de l'archipel de L'Isle-aux-Grues. Elle y vit une enfance libre et sauvage, entre le fleuve, la forêt et la mer, jusqu'à ce qu'elle la quitte brutalement pour aller s'installer dans une grande ville. (...) Quinze ans plus tard, « sur le point de craquer de fond en comble d'éparpiller ses morceaux dans les draps », Diane se tourne vers la modification génétique. Devenir plus forte, vive et rapide, dormir moins tout en multipliant ses performances, c'est la réponse qu'elle a trouvé, du fond de son anxiété chronique et de ses tentatives de contrôle désespérées, aux injonctions productivistes.
Mais on ne mélange pas si facilement son ADN avec celle du lièvre d'Amérique. L'opération a des effets secondaires et son comportement commence à changer dans un sens inattendu.(...)
Ce n'est qu'arrivée pratiquement au bout de son manuscrit que la Québécoise Mireille Gagné a pris connaissance du mythe fondateur algonquien de Nanabozho, « envoyé sous la forme d'un lièvre par Manitou pour enseigner la sagesse aux êtres humains », dans lequel elle a retrouvé nombre de symboles clef de son texte. Elle a inscrit alors le lièvre d'Amérique dans un récit plus large, parce que, dit-elle, « le livre était déjà écrit et qu'il était le legs de quelque chose de plus grand que moi que je devais transmettre. »
Bien lui en a pris. Ce premier roman est une injonction à s'affranchir de la servitude, à tout lâcher pour partir courir les bois, se laisser tomber sur des sols de feuilles mortes ou se frotter les joues contre les écorces des arbres et la mousse humide. Transmission réussie."
Article de Kits Hilaire (extrait) pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/le-l..
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Diane se réveille d'une opération qui n'a jamais été encore exercée sur un être humain. Elle sent alors des déreglements énormes et ses sens se voient surmutiplies , son endurance physique et professionnelle. Mais quelle est donc cette mystérieuse intervention qu'elle a subi?

Qu'est ce qui vous donne envie d'ouvrir un livre 📙 dont vous ne connaissez pas l'auteur ? Pour le lièvre d'Amérique, j'ai été attirée par la couverture, par l'étrangeté de l'histoire (une employée qui subit une intervention pour être encore plus productive au travail), par la maison d'édition, la Peuplade, indépendante mais à la programmation très étonnante .

Je ne suis pas une adepte de fables (je suis même passée à côté de plusieurs livres unanimement salués et présentés comme contes) mais je me suis laissée totalement embarquer sans résistance dans la vie de Diane : dans son présent, après l'intervention; dans son adolescence (qui éclaire ce qu'elle est devenue); dans son passé proche avant l'opération.

J'ai été frappée par les longues phrases de Mireille Gagné, romancière québécoise dont c'est le premier roman.

Des phrases sans point ni ponctuation, qui traduisent si bien que Diane ne veut pas s'accorder une miette de temps pour elle, comme si elle était en apnée permanente, obsédée par le culte de la performance, et en quête d'une forcément illusoire perfection absolu de sa vie

"Pour calmer son anxiété de performance et économiser des secondes Diane compte perpétuellement le nombre de pas séparant son appartement de son travail de marches entre chacun des étages de secondes entre son bureau et celui de la femme qu'elle déteste le temps que ça lui prend pour remplir une bouteille d'eau d'attendre chez le médecin que le photocopieur finisse sa phase de réchauffage elle compte les aliments absorbés par chaque aliment et dépensées sur le vélo stationnaire les murs qui l'entourent les lumières dans son appartement son bureau les craques sur les trottoirs les lettres dans chaque mot qu'elle écrit ...."

Un livre court et puissant sur les dérives du tranhumanisme qui fait forcément penser aux Truismes de Marie Darrieusecq, avec une toile de fond plus contemporaine, car l'auteure réussit aussi une critique subtile mais efficace du tout- libéralisme.

Un récit empreint de poésie où les sensations liées au corps sont omniprésentes, comme si cet éveil sensuel lié à la nature, nous l'avions étouffé, dans notre course au toujours plus.

A lire si vous cherchez un roman atypique et surprenant !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
Actualitte
10 février 2021
Un roman étonnant et très fort, La Métamorphose de Kafka à l'ère des openspaces, mâtinée de grandes marées et de sous-bois.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
12 octobre 2020
La talentueuse et très imaginative Mireille Gagné a puisé dans ses souvenirs d'enfance pour écrire son nouveau roman, Le lièvre d'Amérique.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Ses larges pattes ( celles du lièvre d'Amérique) recouvertes d'une fourrure abondante lui assurent de se mouvoir aisément sur la neige, comme s'il chaussait une paire de raquettes.
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Elle s'assoit devant son ordinateur et ouvre ses courriels. Déjà cent-vingt-huit non lus; deux-cent-vingt-quatre notifications. Et ça la frappe en plein visage. L'humain pourra-t-il survivre à ça encore longtemps ?
Commenter  J’apprécie          80
Elle se réveille toujours à la même heure se douche s’habille se prépare déjeune s’en va travailler sept jours sur sept emprunte le même chemin ne parle à personne sauf si c’est pour exécuter une tâche sept jours sur sept ne possède aucune relation en dehors du travail (…) elle aspire à une vie exempte de toute imperfection elle rêve d’un jour où le temps serait intarissable mais le corps reste indomptable toujours.
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Le porte-bonheur
Bien qu'il n'ait aucune valeur commerciale pour sa fourrure et très peu pour sa viande, le lièvre d'Amérique est très apprécié par les chasseurs de petit gibier. Au fusil, avec un chien ou par colletage, le lièvre est relativement facile à chasser. Certains le mangent ou conservent sa fourrure ; d'autres préfèrent garder les pattes comme porte-bonheurs ou talismans pour éloigner les mauvais esprits. Les pattes arrière sont souvent préférées aux pattes avant en raison de leur grande taille qui serait la marque d'une plus grande puissance. Afin de conserver une patte de lièvre, il faut d'abord la couper net avec un couteau de boucherie ou une scie à os, la faire ensuite tremper dans l'eau savonneuse, la rincer abondamment, couvrir la patte d'alcool dans un bocal et la laisser reposer pendant quarante-huit heures, la retirer et la laver soigneusement avec un mélange de borax et d'eau, la rincer de nouveau et la placer sur une serviette pour laisser l'eau s'évaporer. Une fois sèche, la patte pourra être entièrement préservée et procurera de la chance à celui qui veut y croire.
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Je. Moi. À ton nom, j’ai figé. J’ai senti mon corps revenir dans le paysage. J’ai aperçu ses fentes. Ses battures fissurées. Depuis combien d’années étais-je ainsi ? Livrée aux grands vents. Vulnérable. Incapable de me ressaisir. De me recoller. Depuis combien de temps n’avais-je pas repensé à toi ? Toi. Ton regard. Moi. Ma défilade. Les battures. Le foin de mer. Ta liberté.
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Vidéo de Mireille Gagné
Le Salon dans tes oreilles - S1E17 - Cabaret de poésie féministe
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Avec:
Nora Atalla, autrice Laurence Gagné, autrice Alex Thibodeau, autrice Salomé Assor, autrice Mireille Gagné, autrice Marie St-Hilaire-Tremblay, autrice Rosalie Lessard, autrice Catherine Cormier-Larose, animateurice Gaële , Musicien
Livres:
Nora Atalla, Morts, debout!, Écrits des forges Alex Thibodeau, Infantia, le lézard amoureux Laurence Gagné, Les jardins de linge sale, le lézard amoureux Salomé Assor, Un, Éditions Poètes de brousse Marie St-Hilaire-Tremblay, Noctiluque, Éditions Les herbes rouges Mireille Gagné, le ciel en blocs, éditions l'Hexagone Rosalie Lessard, Les îles Phoenix, éditions du Noroît
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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