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Mis en péril par la concurrence américaine et japonaise, l'horloger Lip dépose le bilan en avril 1973. Les ouvriers réagissent, s'opposant au démantèlement de l'entreprise et aux licenciements. Ils manifestent, occupent les locaux, continuent à produire et à vendre des montres. La lutte dure presque un an, bras de fer entre salariés et actionnaires soutenus par le gouvernement. Ce conflit a été abondamment relayé par les médias et a suscité des mouvements de solidarité au niveau national et même au-delà des frontières.

Les auteurs inscrivent subtilement quelques trajectoires individuelles dans l'histoire de cette mobilisation sociale emblématique, notamment celle d'une femme qui s'émancipe de la domination de son mari. On entend des salariés prendre conscience de l'importance de la solidarité et de leur propre valeur, eux qui se dépréciaient en tant que "simples OS". On voit certains quitter le navire (il faut bien continuer à gagner sa croûte), d'autres rejeter toutes les propositions qui viennent d'en haut (question de principe).

BD à la fois simple et intéressante, avec la voix du chanteur François Béranger (1937-2003) en bande-son - réellement venu soutenir le mouvement à Besançon :
"La morale du travail,
La productivité,
L'Etat et les patrons,
Leurs mensonges et leurs lois...
Tu n'es que la victime
D'un complot bien monté,
Celui de l'exclusion
Parfaitement planifiée...
Pour faire marcher le monde,
Hier on t'exploitait,
Aujourd'hui on te jette,
Ça s'appelle le progrès..."
(p. 96 - Parole aux exclus)
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Cette BD revient sur l'affaire LIP qui avait fait grand bruit dans les années 1970. A travers la vie de Solange, personnage de fiction ouvrière chez LIP, nous suivons le quotidien des ouvriers en grève, leurs actions, leurs coups d'éclat, leurs déboires, le soutien - ou non- des citoyens et des politiques.
C'est très intéressant à suivre et à découvrir. C'est beau de voir cette solidarité qui se met en place entre les êtres et la façon dont une idée, une volonté de donner le meilleur à tous de façon égalitaire peut motiver. Cette BD-documentaire montre aussi de façon très nette la façon, toutefois, dont le mouvement s'essouffle et atteint ces limites.
Pour le reste, je dois souligner quelques éléments qui m'ont beaucoup moins plu et à commencer par le système même de personnage de fiction que l'on suit au sein d'une histoire réelle. Je comprends, évidemment, cette démarche mais comme les auteurs veulent une personnalité attachante, il multiplient les scènes consacrées à la jeune-femme, Solange, et qui ne sont vraiment pas très intéressantes. Certes, elle est touchante par moment mais elle n'a pas du tout éveillé mon intérêt. D'autant que c'est souvent elle qui donne les bonnes idées (prendre les montres en otage, les cacher etc) alors que cet évènement historique ne peut, bien évidemment, pas être de son fait.
Second point décevant, et pas des moindres pour moi : la qualité du dessin. Je l'ai trouvé inégal, mal proportionné et peu attrayant...
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Après Les Vieux Fourneaux que Michel avait dévoré avec un plaisir communicatif, la Bande dessinée continue, chez Dargaud du moins de nous parler social et lutte des classes.

En effet, une BD - enfin plutot un roman graphique -- Lip, des héros ordinaires, publié courant du mois de mars se charge de nous rafraichir la mémoire sur une affaire qui a tenu en haleine toute la France en 1973, et qui nous a vraiment emballé, Michel et moi. La bonne idée des auteurs c'est de raconter ces 329 jours de lutte à travers le prisme d'une ouvrière, Solange, d'abord réticente puis partie prenante... Un roman graphique de 176 pages – dont un cahier supplémentaire inédit – idéal pour se rafraichir la mémoire pour les générations de l'époque, ou pour les nouvelles pour découvrir la lutte des ouvriers dont le leitmotiv était : "On fabrique, on vend, on se paie !"

Et le récit est admirablement tissé par Laurent Galandon, le dessinateur Damien Vidal est au diapason en adoptant un trait simple et une mise en noir et blanc des plus sobres qui rendent parfaitement crédible l'histoire de Solange et de cette lutte si emblématique.

Et comme Damien Vidal est lyonnais -et carrément du même quartier que moi- on a pu le rencontrer autour d'un café ce samedi et on lui a posé toutes les questions qui nous brulaient les levres :
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre magnifique sur les ravages du capitalisme et le mépris pour le travail et les travailleurs.

Les Lip, j'avais déjà entendu ce mot mais sans vraiment savoir de quoi il s'agissait précisément, cet ouvrage a comblé cette lacune et m'a donné envie d'aller plus loin encore dans mes recherches.

Les Lip semblent d'ailleurs être d'actualité, depuis ma lecture j'ai croisé sur les murs de Paris une affiche rappelant le 50è anniversaire de la lutte des Lip. Sans doute un écho aux derniers événements sociaux.

Les Lip, c'est l'histoire banale mais que l'on découvrait visiblement un peu à l'époque d'une logique financière bien différente de celle du commun des mortels.
Une grande entreprise internationale achète une petite usine de Besançon qui fabrique des produits renommés et dont la pérennité n'est absolument pas menacée.
Petit à petit le nouveau propriétaire, pour qui seul le nom de l'entreprise compte démantèle l'outil de production.
Et forcément, au bout d'un moment se pose la question de la survie du site de Besançon.
Les travailleurs vont alors se mobiliser et jour après jour démontrer leur détermination. Ils vont montrer grâce à leur persévérance et à leur créativité qu'un autre modèle est possible.

Au-delà de la lutte pour la survie d'une entreprise, on voit dans ce magnifique livre que c'est toute une ville, un département voire une région qui sont menacés et impactés par une telle fermeture.

C'est toute une époque qui est dépeinte ici, une époque où les femmes ne peuvent pas vraiment décider de leur sort (dans l'expérience Lip si) ; ou il y a une hiérarchie sociale stricte (pas chez les Lip), etc. Lip va créer une brèche dans tout cela.

Les Lip vont proposer de revenir à des valeurs très simples et efficaces, les valeurs du travail et de la lucidité économique, fabriquer des produits de qualité à des prix corrects dans le but de payer les travailleurs de façon convenable et ainsi créer un cercle vertueux et efficace.

Mais l'idée de ces coopératives ouvrières ne plait pas au patronat et ne plait pas non plus au gouvernement. Imaginez que cela fasse tache d'huile. Alors ils vont s'évertuer à détruire le projet réaliste et rentable pour prouver que cela n'est pas possible. 5 ans après mai 68 et alors que le Larzac s'enflamme il ne serait pas bon de créer des précédents et de laisser croire qu'un autre monde est possible.

En refermant ce livre, on se dit que Lip, ce fut un magnifique champ d'expérience qui aurait pu permettre une révolution industrielle positive mais que comme souvent dans les révolutions, on revient au point de départ lorsqu'elle s'achèvent.

Les Lip c'est un rêve, les Lip c'est une utopie peut-être mais surtout les Lip ce sont des hommes et des femmes qui ont essayé et un temps réussi à faire vivre un rêve, celui de travailler la tête haute. Ce livre rend vraiment hommage à ces hommes et à ces femmes.

Le contenu est fort et passionnant, le dessin le met superbement en valeur. En plus on peut trouver ce livre dans les nouveaux formats bd à moins de 10€.

Je suis très content d'avoir découvert cet ouvrage dans la librairie lyonnaise spécialisée « Expérience ».
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J'aime tout dans cette bande dessinée : le fond et la forme.
Le format (pas trop grand) et les dessins (en noir et blanc et épurés) rendent la lecture vraiment agréable sur un sujet de fond qui me rappelle mon enfance car je me souviens de l'impact au niveau national d'un conflit social pour la sauvegarde de l'entreprise LIP en 1973.
Laurent Galandon et Damien Vidal ont bien réussi ce "LIP des héros ordinaires" préfacé par Jean-Luc Mélanchon qui confirme que la lutte pour l'emploi est toujours d'actualité au sein de l'entreprise.
Il est vrai qu'à l'époque, les travailleurs ont innovés par l'autogestion et la solidarité entre syndiqués et non syndiqués et qu'en cela cette lutte pour la défense de l'emploi reste encore un modèle.
Et puis, j'étais fan de François Béranger qui est venu soutenir le mouvement en chantant alors ça ne s'oublie pas.
Ce que je trouve très bien aussi, c'est que l'histoire est raconté par une femme qui s'est engagée par conviction et qui témoigne aussi de la difficulté d'émancipation des femmes, surtout quand elles sont seules et mères (et ce n'est pas si loin). Son expérience en tant que LIP va l'aider à rencontrer les bonnes personnes et choisir sa vie.
Il ne me reste plus qu'à compléter cette lecture avec le documentaire de Christian Rouaud "Les LIP, l'imagination au pouvoir".
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Je n'étais pas nées à l'époque de ce combat des LIP pour sauver leur usines. Mais étant originaire de Franche Comté, j'en avais forcément entendu parlé. Et venant d'un milieu ouvrier évidemment, j'avais eu des informations Pro-LIP.
Aussi j'ai été très étonnée de lire la Postface de Claude Neuschwander (PDG de LIP de 1974 à 1976) où il explique qu'il y a eu une énorme campagne de dénigrement de cette action et que la réhabilitation n'est que très récente.... Dans mon esprit il n'y avait jamais eu aucun doute, quant à l'origine des déstabilisations de l'entreprise dans les années qui ont suivi le récits exposés dans cette BD.
Donc si je reviens à cette lecture, j'ai appris énormément de choses, je connaissais les grandes lignes et là j'ai découvert les détails (ou au moins une partie). Et ce n'était pas qu'une lutte d'ouvriers, c'était aussi une émancipation des femmes (il y avait plus de femmes que d'hommes chez LIP).
Et c'est aussi une leçon de solidarité, et je me demande si aujourd'hui ce genre d'action serait possible.
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Je n'avais jamais entendu parler de ce conflit social bien avant Florange d'où une certaine utilité pour rafraîchir la mémoire collective. On se rend compte que la classe ouvrière a beaucoup souffert de la transformation du tissu économique de notre pays. Nous sommes passés par une désindustrialisation au profit des services du tertiaire. Cependant, comme le dit Jean-Luc Mélanchon dans sa préface, la logique reste la même et cette disparition de classe ouvrière ne serait qu'une illusion dans un monde où le marché des actionnaires domine la planète. La lutte des classes continue selon certains.

J'ai toujours eu le plus grand respect pour des gens qui se battent pour conserver leur droit à l'emploi et avoir ainsi une vie décente. Il est clair que dans le cas présent, le démantèlement de l'entreprise ne s'imposait pas comme le soulignera d'ailleurs Claude Neuschwander (PDG de LIP) dans la postface. le point de vue sera celui d'une femme ordinaire qui va s'émanciper.

Cette bd semble clairement destinée à un public de gens votant à gauche car les valeurs représentées ne sont pas celles de la droite sauf erreur de ma part. le gouvernement de Pompidou sera d'ailleurs fortement critiqué. Bref, c'est clairement orienté avec un seul son de cloche. C'est un choix des auteurs certes respectable.

Une chose est certaine. Je ne verrai plus jamais les montres LIP de la même façon. Bon, personnellement, je m'accroche à Festina depuis des années. C'est une affaire de goût.
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Lip, des héros ordinaires raconte les mois de bataille avec les dirigeants et les pouvoirs publics, la solidarité entre les ouvriers, les tours de ronde pour continuer à faire tourner l'usine, les montres cachées et revendues pour compenser les pertes de salaire, les allocations bloquées par le gouvernement, les administrateurs nommés pour liquider une entreprise qui tourne... le tout par le prisme de Solange, jeune femme mariée dans la France des années 70, soumise à son mari. Au fur et à mesure du conflit, Solange passera d'observatrice à actrice, participera activement au conflit, se mobilisera, entourée de l'amitié de ses collègues.

L'histoire de Galandon et Vidal aurait pu être un roman, elle a bien été un film. Ici, elle est une BD, avec les avantages visuels que ce support comporte, nous replongeant dans l'époque avec la mode, les voitures ou encore la ville telle qu'elle devait être à l'époque (pas si différente d'aujourd'hui d'ailleurs...). Préfacé par Mélanchon (avec la dose de militantisme extrême que cela implique), postfacé par Neuschwander qui fut P.D.G. de Lip de janvier 1974 à février 1976 (avec une dose de réalisme, de vérités et d'émotions adaptée), Lip, des héros ordinaires raconte plus que le combat d'une usine. Il raconte une époque, un état d'esprit, une logique qui vient se confronter aux réalités du marché, réalités qui ne feront qu'empirer au fil des décennies.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Besançon, avril 1973. L'inquiétude grandit à l'usine Lip, fabricant de montres. le PDG démissionne, le dépôt de bilan guette. Les employés, en majorité des femmes, s'interrogent: que faut-il faire: grève ? réduire les cadences ?

329 jours de lutte commencent. Solange, ouvrière spécialisée, s'implique pour la première fois dans la vie de son entreprise. au grand dam de son mari. Sa conscience politique naissante va changer sa vie.

Cette réédition en poche (9€50 !) nous permet de redécouvrir le récit passionnant de ces évènements historiques pour la vie syndicale française. Laurent Galandon nous fait vivre ces instants par le biais de Solange, personnage emblématique de cette lutte mais aussi de la place de la femme à cette époque.

Auto-gestion, ventes sauvages de leurs produits, retentissement national, tout est raconté ici par le prisme du dessin en noir et blanc fin et humain de Damien Vidal. Impossible de ne pas s'attacher à Solange, symbole de l'évolution de la vie des femmes.

Cet album militant rend un hommage puissant à celles et ceux qui se sont battus pour défendre leurs droits. Il est aussi une trace essentielle pour transmettre une page d'histoire de la lutte ouvrière.
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Les bandes dessinées-documentaires - appelons-les comme cela - ont le vent en poupe depuis une petite dizaine d'années, et certaines sont remarquables. Cette histoire de LIP - sous-titrée "des héros ordinaires" - par Galendon et Vidal l'est : claire, fluide, précise et incontestablement très documentée, elle se lit d'une traite, à la fois pour le "suspense" qu'elle suscite (les ouvriers rebelles tiendront-ils longtemps le choc ? ) et surtout peut-être par l'écho qu'on peut lui trouver, en 2022. Sur le cynisme du patronat, par exemple. A moins que cela ne soit celui des actionnaires ? Si cela ne vous rappelle pas quelque chose... Excellent album à ranger dans votre bibliothèque rouge (et noire).
Lien : http://bedepolar.blogspot.co..
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