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Où l'on retrouve Alberto Lenzi.
Toujours juge d'un petit parquet calabrais à la pointe de la Botte, face à la côte sicilienne, Lenzi continue à vivre sa vie de patachon rythmée par les parties de poker et de jambes en l'air. Mais une affaire le met sur la sellette. Mandaté pour mener un coup de filet dans le port où sont attendus deux-cents kilos de cocaïne que doit récupérer un clan de la ‘Ndrangheta, il voit à la fois les truands et le colis se volatiliser à son nez et à sa barbe. Quand quelques jours plus tard un employé corrompu est retrouvé pendu comme du gibier dans la propriété d'une autre ‘Ndrina, il semble qu'une guerre se profile. Une guerre que Lenzi laisserait bien se dérouler, histoire que quelqu'un fasse le ménage à sa place, mais sur laquelle il se sent obligé d'enquêter, non seulement parce que sa hiérarchie le presse, mais aussi et surtout parce qu'il entend effacer l'humiliation subie au port. Et quand son informateur de circonstances et pas vraiment de confiance, le chef de bâton Don Mico Rota demande à lui parler, Lenzi se retrouve une nouvelle fois sur le fil, ne sachant pas dans quelle mesure le vieux ‘ndranghetiste le manipule.
En l'espace de deux romans, Mimmo Gangemi a réussi à mettre en place une galerie de personnages que l'on se plaît à retrouver : Lenzi, noceur, fainéant mais opiniâtre, macho mais aussi véritable coeur d'artichaut, Mico Rota, manipulateur au possible et qui aime à s'arranger avec le code d'honneur, Marina et Chiara, femmes fortes dans une administration et une société qui voudraient ne voir en elles que des objets sexuels, et toujours ce club des officiers dans lequel les notables de la ville se retrouvent pour disserter sur la vie criminelle locale et les implications de chacun, non sans rappeler parfois les clients du OJ Bar & Grill de Donald Westlake.
À travers eux et les histoires qu'il met en place Gangemi parle de la Calabre, de la ‘Ndrangheta mais aussi, plus largement, de l'Italie d'aujourd'hui, de la barrière entre le Nord et le Sud, de la misère des travailleurs clandestins, du poids de coutumes ancestrales et de la corruption. Et si cela fonctionne bien, c'est qu'il le fait sans manichéisme et avec un sens consommé de l'humour qui lui permet d'allier l'étude précise de cette société et une distanciation de bon aloi. Avec toujours des intrigues classiques et sans grandes surprises qui ne servent finalement qu'à lui permettre de mettre en branle les jeux de manipulation et de séduction qui animent ses personnages, Mimmo Gangemi offre encore une fois un roman qui en dit beaucoup sur un monde – l'Aspromonte – qui n'est pas aussi clos que l'on voudrait le penser mais bien intégré à la mondialisation, tout en gardant cette légèreté et cet humour qui en font une lecture toujours instructive et agréable.
Et l'on saluera au passage la traduction de Christophe Mileschi et son idée de rendre compréhensible le dialetto de Calabre en utilisant l'artifice de l'occitan dans sa variante provençale qui permet de faire saisir le sens au lecteur sans avoir à accumuler les notes de bas de page.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Deuxième enquête d'Alberto Lenzi en Calabre, substitut du procureur de son état.

« Odieux, répugnant, antipathique, débauché et vicieux, ça oui, mais bête, non. »

Un magistrat parfois porté par l'idée que la seule façon de faire prévaloir la justice, c'était que les ‘ndranghettistes se fassent la peau entre eux.

Deux histoires en une, en plus des déboires amoureuses du petit juge : d'un côté la misère des travailleurs clandestins, de l'autre le poids des coutumes ancestrales et de la corruption, et aussi le trafic de drogue quand même.

Il est probablement vrai que le sud de la botte est infesté par une certaine corruption, tout comme les médias sont soumis à un certain Berlusconi un peu plus au nord, mais tout est dans la mesure et tant qu'on respecte l'honneur et la ligne blanche à ne pas dépasser, qu'importe !

« Mieux vaut nourrir les asticots que perdre la face. »

Le pacte, si pacte il y a réellement, sera avec Don Mico Rotta, grand manipulateur devant l'éternel, dont le discours est parsemé de paraboles parfois tirées par les cheveux. La vérité est difficile à décrypter car ce pacte ne doit pas être une ‘infamie', à savoir une dénonciation.

La prose de Mimmo Gangemi est chatoyante, rurale, vraie et tissée d'humour. Qui d'autre qu'un local pouvait présenter la ‘Ndrangheta en connaissance de cause.

Promis, l'année prochaine je pars en vacances en Calabre.

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[...] L'affaire était morte et enterrée.

Après la déferlante scandinave, le temps serait-il venu de la vague italienne ?
À en croire nos lectures depuis quelques mois, c'est peut-être le cas.
Antonio Manzini, Marco Vichi, de Cataldo, de Giovanni, Gianrico Carofiglio, ... depuis deux ans les coups de coeur s'empilent sur l'étagère des polars venus de la botte méridionale.
Cette fois, c'est encore plus au sud, en Calabre où règne la 'Ndrangheta, la mafia locale, que nous emmène Mimmo Gangemi avec son deuxième polar : le pacte du petit juge.
La prose de Gangemi est riche et ronflante, gorgée d'huile d'olives, goûteuse et charnue.
Autant dire qu'on est à l'antipode méridional de la prose sèche et efficace auxquels bon nombre d'auteurs anglo-saxons nous ont habitués. Pas question ici bas de tourner les pages à vive allure.
En Calabre, on prend son temps pour écrire.
Tout comme pour conclure une affaire, croupir en prison, enterrer un dossier ou ruminer une vengeance.
Un juge est assassiné au bas de chez lui. Les risques du métier en cette région ?
Peut-être, mais deux de ses amis ne l'entendent pas ainsi. Son collègue Alberto Lenzi va reprendre l'enquête.
Bref, le juge Lenzi est l'homme idéal à qui confier une affaire dont on souhaite qu'elle reste enterrée (et c'est le cas de le dire) et qu'elle ne voit jamais le jour.
D'où l'amère déception de ses supérieurs après quelques chapitres ...

[...] Comment aurait-il pu imaginer qu'il se mettrait à déployer de soudaines compétences au lieu de rester égal à lui-même ? Il avait découvert le dépôt de scories radioactives, arrêté des coupables, et trouvé Dieu sait quoi d'autre encore.

Une affaire de déchets. Toxiques.
L'affaire et les déchets sont toxiques.

[...] Et du plomb, il fallait s'attendre à ce qu'il y'en ait.

L'intrigue est simple, voire même un peu convenue, mais la prose de Gangemi est ronflante et savoureuse et ses personnages sont particulièrement épais (paradoxalement, c'est le juge Lenzi auquel on a le plus de mal à s'intéresser). On est passé à deux doigts du coup de coeur.
Pour celles et ceux qui, depuis Fukushima, aiment les histoires radioactives.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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J'ai beaucoup aimé le premier livre traduit de cet auteur : la revanche du petit juge. Je revenais d'un voyage en Calabre et je trouvais que l'auteur avait su parfaitement rendre ambiance et paysage de cette région. J'ai trouvé "le pacte" un peu moins bon que le premier, sans doute parce qu'il fonctionne un peu avec les mêmes recettes. Pourtant, le thème abordé, le trafic de drogue avec en toile de fond l'exploitation des clandestins dans les plantations est très différent de celui du premier. Je ne serai pas trop critique non plus car j'ai apprécié le livre du début à la fin...
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Calabre. Plaine de Gioia Tauro. le récit s'ouvre sur une scène d'émeute. Trois ouvriers agricoles noirs sont tabassés. Plus tard, deux cent kilos de coke se volatilisent alors que le petit juge surveillait l'affaire. Il passe pour un bouffon auprès du procureur, son pire ennemi, et de ses collègues alors que l'on retrouve Spanti, un employé de la Douane, dans un sale état. Son premier réflexe, qu'il a déjà eu précédemment, est de se tourner vers don Mico Rota, l'un des vieux caïds de la région, qui purge sa peine en détention à domicile.

Force est de reconnaître que lorsque l'on a fait un bout de chemin - « La Revanche du petit juge » (lien) - avec un auteur et que celui-ci fut d'une compagnie très agréable on a plaisir à lui serrer la poigne en le rencontrant à nouveau. Ainsi, alors que ses pas guident nos pas, on laisse le charme agir et c'est avec entrain et appétit que l'on suit le nouvel épisode de son petit juge. Ce dernier a toujours des problèmes de coeur. Non pas des extrasystoles qui font que les battements s'affolent, non plus de l'athérosclérose qui peut rendre morose car l'alimentation est souvent en cause. Non, sa crise de coeur (ou maladie d'amour) est autre, Marina a quitté son appartement. Alberto Lenzi est (et restera peut-être) un éternel amoureux des femmes qu'il s'acharne à faire fuir. La vanité et l'orgueil – dont il s'affuble - ne font pas bon ménage avec le partage hormis lorsqu'il s'agit de satisfaire sa libido. Monsieur ne conçoit qu'avec un certain malaise d'officialiser sa relation, monsieur est un butineur. Perturbé il l'est et ce n'est pas un atout pour diriger efficacement une enquête puis une autre s'y ajoutant.
La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/03/des-familles-en-guerre.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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J'ai aimé quelques passages savoureux. Quel personnage ce Don Mico Rota! avec ses paraboles pour expliquer les situations, les phrases sibyllines pour révéler sans vraiment le dire, le fin mot de l'histoire, un vrai régal. Et quelle perspicacité ce petit juge Alberto Lenzi pour démêler cet imbroglio. Mais du fait de cette complexité permanente, on échappe pas aux nombreuses longueurs dans ce récit. On a quand même un panorama très bien décrit de ce qu'est la 'ndranghetta et son fonctionnement.
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Pour ceux qui connaissent déjà Mimmo Gangemi, le petit juge est de retour. Ce magistrat, en mauvais termes, pour ne pas dire haï par son procureur est toujours en prise avec la mafia calabraise, "la N'drangheta", bien plus hermétique et plus rouée que la Camorra napolitaine ou la Cosa Nostra sicilienne.
Un responsable des douanes est découvert pendu par les pieds, atrocement mutilé. Deux cent kilos de cocaïne disparaissent d'un conteneur sur le port. Trois cadavres de noirs sont retrouvés enterrés, pas très loin de la première scène de crime où d'ailleurs on a retrouvé aussi leurs traces. Alberto Lenzi, ce petit juge, qui est aussi un coureur de jupons invétéré, ainsi qu'un joueur de poker patenté va enquêter. Et il va tomber sur tout ce que ces mafieux issus de la terre comporte de plus vil, de plus machiavélique, de plus intelligent dans la manipulation en la personne de Don Mico Rota, un vieillard « assigné à résidence » par maladie, diablement futé et particulièrement vicieux lors de ses interrogatoires.
Le pacte du petit juge raconte tout ce qu'il peut y avoir de complexe dans la recherche de la vérité lorsque tous les partis en cause se mentent, complotent, accusent, menacent, tueraient père, mère ou enfants pour arriver à leurs fins. Ce n'est même plus parfois une question d'argent qu'une question d'orgueil, de suprématie familiale.
Mimmo Gangemi a une écriture difficile à laquelle on peut reprocher de trop denses narrations et de conversations philosophiques notamment autour du cercle de jeu et donc des chapitres trops longs. Mais elle est parsemée de paraboles astucieuses et d'un humour, souvent régional et rural sur le caractère même des habitants de cette Calabre écrasée par le soleil, qui raviront le lecteur
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Mimmo Gangemi vu en Italie comme le Sciaccia Calabrais aime sa terre natale, il y vit toujours, non loin de cet Aspromonte qui l'a vu naître là où est née ma mère. Ce n'est pas rien de continuer à aimer comme le fait Gangemmi cette terre oubliée et de misère, de continuer à aimer ces gens qui y vivent, y survivent plutôt, au prix "d'accomodements" que d'aucuns confortablement installés en France, à l'abri d'un état fort et tout puissant jugent innacceptables aux yeux de la morale. Tout le monde est anti maffià en Calabre, même les n'draghettistes, jusqu'à une limite, bien sur, une ligne qui vous met hors jeu. Les livres de Gangemmi vous "disent" cet accomodement avec le diable, puisque dieu a oublié ces gens, accomodement qui les nourrit et les fait vivre, ils ne disent pas tout. Heureusement, la Calabre du 21ème siècle ne se résume plus à çà.
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L'auteur Mimmo Gangemi, dont c'est le premier roman policier, utilise une belle langue très imagée et vivante, remplie d'humour dégourdi avec un peu de noirceur quand même.
Nous sommes en Calabre,à l'extrême sud de l'Italie où la très puissante mafia Ndrangheta contrôle les affaires de la région et bien au-delà. Gangemmi dresse des portraits bien trempés de ses personnages. On est dans l'ambiance, dans cette traduction on entend le patois local, on est plongé dans des paysages d'oliviers entourés de mer et de montagne et on sent l'odeur d'une bonne cuisine méditerranéenne.
Le « Petit Juge » Alberto Menzi mène l'enquête, Giorgio Maremmi son grand ami , substitut du procureur est assassiné après avoir été menacé par Francesco Manto dit « Ciccio » un assassin. Ce petit juge est très gourmand et amateur de belles femmes, mais il est quand même un enquêteur très appliqué aidé de son informateur, Mico Rota (membre de la Ndrangheta) depuis sa cellule de prison.
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