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Critique de Emiliec28


Comme tout doc que je lis, du moins la plupart, je vais formuler ma critique au fur et à mesure de ma lecture pour ne rien perdre de mes impressions et de mes envies d'annotation.

Dès le départ on sent que le propos est intelligent et pertinent, Manon Garcia met les pieds dans le plat en nous confrontant à notre propre définition de ce qu'est le consentement. Consentir oui, mais à qui, à quoi, dans quelle situation, contexte, sous quelle pression, dans quelles conditions ? Parle-t-on moralement ou juridiquement ? Elle donne des exemples pour bien illustrer tout l'intérêt de poser ces questions et je pense que sa façon de présenter les choses peut faire mouche, elle a le talent qu'il faut pour faire bouger les choses.

Elle rappelle que l'image d'Épinal qu'on a du viol et son caractère soi-disant "exceptionnel" est complètement démoli par les chiffres : 91% des cas de viols ou de tentatives de viol le sont par des agresseurs que l'on connait et dans 47% des cas il s'agit ni plus ni moins du conjoint ou de l'ex. (Etude "VIRAGE" de l'INED)

Avec de nombreux exemples de situations, elle développe toutes les nuances que peut revêtir le "consentement" (retrouver la page)

Autre rappel chiffré si nécessaire (et ça l'est toujours) :
* 10% des femmes victimes de viol portent plainte
* 3% des viols débouchent en cour d'assise
* 1% des viols commis sont punis comme tels

Manon Garcia évoque tout d'abord le consentement d'un point de vue juridique mais fait remarquer que même dans le Code Civil, il est utilisé sans être clairement défini car "consentir" a un caractère polysémique :
* Accord de volonté ou manifestation de volonté ?
* Choisir ou céder ?

Le consentement sexuel n'est pas du contractualisme. Voilà le point suivant. En théorie des contrats, le consentement créé une obligation et non une autorisation. En bioéthique, le consentement peut être retiré à tout moment (elle reviendra dessus à la fin en suggérant de construire le consentement sexuel sur cette même dynamique, un consentement qui peut être retiré à tout moment) "droit de retrait unilatéral et discrétionnaire" (Evan Raschel) ce qui s'oppose à l'existence d'une obligation.

En somme, elle distingue le consentement pénal du consentement civil pour illustrer la difficulté à définir une forme de consentement qui pourrait s'appliquer à toutes les situations d'actes sexuels.

Vient ensuite un point philosophique, le consentement face à la moralité. (Intervention de l'État des normes sociales) + Harm principle (J. Mill p.66) + Débat philosophique de Kant

Comparaison entre le sport et le BDSM, très pertinent ! La liberté individuelle doit-elle s'effacer devant le principe de dignité humaine ?
OUI selon le CE du 27/10/95 au sujet du lancer de nain
OUI selon la CEDH en décembre 95 concernant une grande réunion sadomasochiste filmée.
En 2002 revirement de la CEDH, l'autonomie personnelle reprend le dessus sur les valeurs morales. ->Muriel Fabre-Magnan s'y oppose. Quel consentement ? Oui, c'est suffisant ? Peut-on soustraire absolument un individu du cadre social et donc considérer que son attitude n'aura pas d'impact ?

-> Qu'est-ce qu'un consentement valide dans une structure sociale de domination masculine ?
-> L'ambivalence du BDSM
1. Renverser les codes
2. le sont-ils vraiment ? (NON)
Asymétrie des consciences du fait de la domination et de la peur de violence. le "consentement" d'une femme n'a pas la même valeur qu'un homme (limitation psychique) (P. 186-187)

Reprendre les définition suivantes à l'occasion : (p.190)
* injustice testimoniale
* injustice herméneutique
* injustice de contribution
= injustices épistémiques

- Pornographie, voir les travaux de Fiona Vera-gray et Claire McGlynn

-> La perception du mot "viol" & la difficulté à pouvoir l'appliquer à toute la palette de sexe non-consenti (pression sociale, négligence, contraint et menaces)
Elle finit par conclure que le droit a ses limites et que concernant la "zone grise" il ne peut pas faire grand chose. La prison ? Parfois pire que mieux ! Ce qu'il faut c'est un changement social profond.

(à suivre)
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