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Critique de Nastasia-B


Avez-vous déjà essayé d'élaguer les branches d'un chêne avec un bistouri ? Où de tailler la haie de votre jardin avec une lame de rasoir ? Ce n'est peut-être pas exactement l'outil approprié, non ? Et si je vous dit maintenant que je souhaite employer la poésie pour parler des horreurs et de la barbarie d'une guerre civile, vous me diriez quoi ?

C'est bien tout le problème ici. La poésie ne me semble pas le moyen approprié d'évoquer ce que Federico García Lorca souhaite dénoncer. On ne fait pas du beau avec de l'horrible. Pourquoi pas dans ce cas-là imaginer des petits sonnets pour dénoncer les camps d'extermination ou les charniers. Sans aucunement dénier le potentiel lyrique de l'auteur, le théâtre, dans lequel il savait également briller me semble un moyen beaucoup plus pertinent pour aborder l'Andalousie de l'entre-deux-guerres et la guerre civile espagnole.

Nous avons donc ici un ensemble de 55 poèmes tous assez courts et ayant une structure comparable à ceux que l'on rencontre dans ses Chansons, mais avec, évidemment, un propos tout autre.

Federico García Lorca y célèbre, ou en tout cas y dépeint l'Espagne du sud, celle qu'il nous livrait aussi dans Noces de Sang. L'Espagne rurale, rude et brûlante. Parfois, ce sont aussi des incursions dans les grandes Villes d'Andalousie que sont Séville, Cordoue, Grenade ou Malagá.

Ici, il est question de l'âpre vie des gens, de la noirceur crépusculaire, d'une célébration triste de l'Andalousie, de ses meurtres incessants et sans nombre, et c'est insupportable, très pénible à lire.

Certes, et avant toute chose, je tiens à préciser que toute poésie pâtit de la traduction et celle-ci ne déroge pas à la règle. Je m'interroge même sérieusement sur la pertinence éditoriale de toute traduction en matière de poésie, tellement liée à la langue dans laquelle elle a été fondue puis coulée dans un moule si particulier et non transposable.

Mais, outre ce débat que je n'ouvrirai pas maintenant, il n'est question dans cet ensemble que de meurtres, que de coups de couteau, que de massacres ou de viols, que de sang, que de règlements de comptes, que de gens bafoués, que de morts injustes et inutiles. C'est déprimant au possible et ça s'accorde si mal avec ma conception de la poésie et du lyrisme !

Désolée, Señor Gacía Lorca, mais cette Andalousie-là, cette poésie-là ne me fait pas du tout rêver, elle ne m'enchante pas, telle que la fine dorure, telle que la broderie de mots qu'elle est censée être, telle que l'invitation à la rêverie, à l'enivrement et à l'extase qu'elle est censée être.

Les coquelicots qui fleurissent sur les chemises blanches, ça va cinq minutes, mais à longueur de poèmes, ça finit par faire beaucoup de boudin et la charcuterie, c'est pas trop mon truc !...

Je ne suis donc pas convaincue (et suis même convaincue du contraire) que l'écrit poétique soit le meilleur médium pour véhiculer et soutenir la lutte politique ou la contestation sociale, telles que les pratique souvent l'auteur. Mais ce n'est, bien évidemment, que mon avis, c'est-à-dire, très peu de chose.
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