Aucun chef d’État n𠆞st respecté comme un chef d’orchestre.
Dans un entretien publié dix ans plus tôt, il expliquait qu’un artiste n𠆚vait de légitimité et de vérité que dans son art, et que ses opinions sur la marche du monde n𠆚vaient aucun intérêt – moins, précisait-il, que celles d’un chauffeur de taxi.
Ce salut de malédiction, que je croyais enfoui pour toujours dans les livres d’histoire, venait nous gifler avec une brutalité indicible.
Ne sous estimez pas la force du silence
J'avais traversé cette période comme un somnambule, comme un innocent, sans comprendre ce qui m'arrivait, tombant dans tous les pièges et ne parant aucune attaque. Maintenant que je demeurais solitaire parmi les décombres, je me demandais non pas ce que me réservait la période suivante, mais seulement s'il y en aurait une. Une très longue dépression : voilà ce dont je pouvais rêver de mieux.
Comme des rochers fendant une mer calme, ou des sommets émergeant des nuages. Mais les écueils ne disent rien du métier de pêcheur, ni les montagnes ne se réduisent à leurs extrémités.
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Rien ne peut égaler l’honnêteté du musicien, L’honnêteté sans fard et sans tache du travail du musicien, seul responsable d’avoir bien apprivoisé son instrument, bien lu la partition, bien écouté ses collègues, bien suivi les consignes. Lui seul – et chacun dans l’ensemble- doit se glorifier modestement de donner vie aux constructions invisibles élaborées par les maîtres du passé.
Les chaînes d’information en continu se régalent. Avant-hier les révélations d’un obscur attaché parlementaire ; hier les explications contournés du ministre du Budget ; ce matin les bons mots assassins d’un jeune loup de l’opposition. Dans notre affaire, il ne se passe rien de nouveau, il ne peut rien se passer d’inédit. Les journalistes me sollicitent moins pour vous rencontrer. Mon cher Sébastien, il faut s’y résoudre : le bouquet que nous proposons à la vente depuis deux semaines commence à se faner, et les amateurs veulent des fleurs fraîches.
Les médias sont comme un monstre insatiable, il faut lui donner à manger de temps en temps, sinon il peut vous dévorer tout cru.
Je le remerciai en prenant la carte qu’il me tendait. Des assistants vinrent à nouveau papillonner autour de nous. Le conseiller du ministre en profita pour se glisser à côté de moi et murmurer :
- Il distribue ses cartes de visite comme s’il était encore député-maire. Bien évidemment, c’est nous qui vous contacterons le moment venu.