« J’ai appris il y a longtemps que les gens croient les putains d’histoires qu’ils ont envie de croire, qu’elles soient vraies ou non. J’ai réalisé que la seule façon de les faire changer d’avis, c’est de leur montrer la différence et - même comme ça - il n’y a que 50% de chances que ça fasse une putain de différence. »
C’était une de mes habitudes, repousser les gens qui m’étaient proches - ou du moins c’était ce que m’avaient dit mon père, mes frères et putain, toutes les copines que j’avais eues. Ce n’était pas une chose que j’avais jamais analysée, ou à laquelle j’avais passé trop de temps à penser - ce genre de remise en question n’avait jamais été mon truc. Mais cela ne signifiait pas que je ne me sentais pas mal d’avoir blessé Alex parce que je ne savais pas quand garder ma putain de bouche fermée. J’étais juste reconnaissant qu’il semble toujours être de mon côté, même si je ne lui facilitais pas la tâche.
La seule chose à laquelle je peux penser, c'est que brûler vivante est probablement la dernière façon de mourir que je choisirais. J'ai été bénévole dans une unité de soins intensifs pour grands brûlés, et j'ai vu de mes propres yeux les blessures avec lesquelles les gens s'en sortaient. Leur douleur intense avant qu'ils ne finissent la plupart du temps par succomber à leurs blessures. C'est une des pires morts possibles, et je ne la souhaiterais pas à mon pire ennemi. Et pourtant, ça va être la mienne. Ceux qui prétendent que l'Univers n'a pas le sens de l'humour ne savent pas ce qu'ils disent.
Refus d’obéir à un ordre direct. C’est une raison suffisante pour être viré de la caserne et perdre la seule chance que j’avais de ne pas faire de prison. Mais s’il y a réellement quelqu’un coincé dans ce bâtiment, il est hors de question que je l’abandonne, et il est clair que le Capitaine ne va pas me faire confiance et envoyer des hommes pour le sauver. Si je n’y vais pas, quelqu’un va sûrement mourir, et si j’y vais, je risque de me retrouver derrière les barreaux. Même pas besoin de réfléchir.
Qui qu'il soit, il est bien réel, ce qui signifie que je ne vais pas mourir seule. J'essaie de lui dire qu'il n'a pas le temps de me libérer de mes garrots. Le feu est si violent que je peux l'entendre rugir tout autour de nous. J'essaie de lui dire de partir, de s'enfuir de ce putain d'immeuble et de sauver sa propre vie avant que tout le bâtiment ne s'effondre sur nous. Mais la fumée a abîmé ma voix, et les mots ne veulent pas sortir.