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Critique de Pachy


Pachy
11 septembre 2015
Ce genre de bouquin ne se lit pas, il s'avale. Lorsqu'on l'ouvre à la page 9 et qu'on le referme à la 237, on ne s'est accordé que quelques pauses forcées. C'est souvent le cas avec les romans de Laurent Gaudé.
Je viens de le relire, poussé par l'actualité du moment. A recommander à ceux, désireux de ressentir ce qui se passe dans la tête des migrants, actuellement venus émigrés de Syrie et les épreuves qu'ils subissent pour rejoindre cette Europe Eldorado. Les risques sont immenses et les souffrances inimaginables.
Le commandant Piracci ratisse la mer au large des côtes siciliennes. Des sauvetages de barcasses de migrants, souvent abandonnés aux courants par des passeurs véreux. Ils les sauve de quoi ? Des eaux. Mais à l'arrivée, c'est l'arrestation, la rétention et le renvoi là d'où ils viennent et l'espoir d'un nouvel essai s'ils peuvent réunir les conditions, d'abord monétaires pour payer les passeurs. Tant d'efforts, de souffrances pour rien.

Gaudé nous fait vivre de l'intérieur plusieurs aspects de la migration. les arrivées sur les côtes siciliennes à travers cette femme qui a vu son bébé jeté par-dessus bord par qu'il n'a pas survécu à la faim et la soif et n'aura plus qu'une idée en tête pendant deux années : tuer celui qui est à l'échelon suprême de cette mafia du passage.
Aussi, à travers Soleiman, qui l'on suivra, traversant les frontières, s'arrachant la peau sur les barbelés, sous les balles des bras armés. Vivre ce qu'il devra enduré : les rackets permanents, les vols, les humiliations, le désespoir. Aussi les bonnes rencontres.
Et enfin, ce métier de commandant de frégate qui voit au quotidien cette misère humaine. La supplication dans les yeux des migrants « s'il vous plaît, ne me renvoyez pas là-bas, c'est invivable ». Ce capitaine qui finira par décider de porter sa croix et espier pour tous ces malheureux pour qui il n'a rien pu faire.

Après la lecture d'Eldorado, notre vision de l'émigration s'en trouve bouleversée. Serions-nous capable, si c'était nous qui devions fuir, de subir autant de souffrances pour rejoindre un eldaorado ? Nous qui sommes installés dans un confort de vie ? Frappés, mordus par des chiens enragés, blessés par les balles d'hommes de pouvoir. Serions-nous assez forts ?

Lisez ce livre, c'est le bon moment.
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