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Critique de fanfanouche24


« Je crois que je suis le veilleur de la ville. Je n'ai rien d'autre à faire que déambuler dans ses rues comme un gardien attentif. Paris veut sa bouche. Elle a faim de mots. Trop de vies s'entassent en elle. Il faut les dire. (p. 32)”

Un petit trésor… acquis ce samedi 7 novembre à une de mes librairies…pour égayer ce deuxième weekend de re-confinement. Une très poétique déambulation de l'écrivain à travers la Ville-Lumière… Passé et présent s'entremêlent : de Villon au présent de notre auteur ….en traversant ses souvenirs, son passé , sa jeunesse…parisienne.

Déambulation à travers les siècles : La Commune, Artaud, Montaigne, le père de l'auteur, ayant travaillé à l' hôpital Saint-Anne, etc… Il est beaucoup question de la Mort , des absents, des « absents » appartenant à l'existence du narrateur et les « absents » reliés à l'Histoire de Paris…ainsi qu'à l'histoire littéraire…!

« Je ne sais pas où je vais. J'ai le sentiment que cela n'a pas d'importance , que l'essentiel est de marcher et laisser Paris m'envahir. (...)
J'ai cru que le retournement des morts ne concernait que mon père mais c'est toute une ville qui m'appelle. Il faut marcher. Aller d'un point à autre et me laisser envahir par les ombres qui réclament d'être pensées et dites. Leur évocation est leur seule consolation. (p. 25)”

Un texte bref rempli de fulgurances et de poésie , qui fut un très beau moment de « complicité » avec un écrivain apprécié et une ville où je suis née, où j'ai passé la majeure partie de ma vie, dans les quartiers les plus antinomiques, du 19e populaire aux Champs –Elysées, où j'ai travaillé qq années comme libraire d'ancien…Une ville-kaléidoscope, qui ne peut que fasciner tant elle regorge d'histoire et de merveilles…Chacun a « son » Paris, son Paris intime, et son Paris « culturel, historique »…

Laurent Gaudé nous offre « son » Paris « inoubliable » pétri d'émotions intimes et d'hommages à des artistes liés d'une manière ou d'une autre à la capitale… je n'en dirai guère plus car le charme de ce texte est dans sa poésie, dans une sorte de « rêve éveillé » que nous fait partager Laurent Gaudé…qui n' appartient qu'à lui !


Et Paris, c'est le Paris de son père, tant aimé... j'achève cette chronique sur cet extrait bouleversant... qui couronne le sens profond de cette promenade dans un Paris des plus intimes : " Paris s'apaise. Mon père est tout près, je le sens. Je retrouve son odeur, le grain de sa voix, tous ces détails que la mort nous vole. Je vais devoir le laisser partir à nouveau mais je l'ai ramené au présent. Il a marché sur mes épaules, déambulé dans les rues de cette ville qu'il nous a offerte, à mon frère et moi. C'est le rêve qu'ils ont eu, avec ma mère: offrir Paris à leurs enfants. Que tout commence ici. Alors cette ville est mienne, oui, parce qu'elle m'a été donnée. Et tout ce qui bruisse en elle, la clameur du passé, le fracas, les révoltes, les foules pressées, le pas hésitant des poètes, les solitudes côte à côte et les grands espoirs des foules, sont miens. Je prends tout. je retrouve Paris. Et je sens mon père sourire avec douceur, heureux de voir que tout continue au-delà de lui. (p. 78)
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