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Citations sur Paris, mille vies (107)

La jeunesse est là, aux terrasses des cafés du boulevard Edgar -Quinet. Je la vois. Elle a envie de vivre plus vite, plus fort, de faire résonner l'instant avec fracas, et je ne suis plus tout à fait avec eux. Ils sont si nombreux, tous ces jeunes gens. J'ai longtemps été l'un d'eux et j'aimais, moi aussi, me glisser dans les longues nuits de Paris. (p. 13)
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Puisses-tu ne jamais oublier ceux
qui meurent sur tes pavés
Comme ceux qui s'embrassent sur
tes bancs...
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Paris s'apaise. Mon père est tout près, je le sens. Je retrouve son odeur, le grain de sa voix, tous ces détails que la mort nous vole. Je vais devoir le laisser partir à nouveau mais je l'ai ramené au présent. Il a marché sur mes épaules, déambulé dans les rues de cette ville qu'il nous a offerte, à mon frère et moi. C'est le rêve qu'ils ont eu, avec ma mère: offrir Paris à leurs enfants. Que tout commence ici. Alors cette ville est mienne, oui, parce qu'elle m'a été donnée. Et tout ce qui bruisse en elle, la clameur du passé, le fracas, les révoltes, les foules pressées, le pas hésitant des poètes, les solitudes côte à côte et les grands espoirs des foules, sont miens. Je prends tout. je retrouve Paris. Et je sens mon père sourire avec douceur, heureux de voir que tout continue au-delà de lui. (p. 78)
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La rue saint Jacques et belle comme une femme qui s'attache les cheveux pour que sèche la sueur de la danse.
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Je l’entends là, à l’entresol de cet hôtel serré entre la rue Racine et celle de l’Ecole de Médecine. Il ne perçoit plus le brouhaha du boulevard Saint Michel parce qu’il l’a fait sien. C’est en lui, désormais, que les passants marchent d’un pas pressé. En lui les cris de marchands d’eau, en lui, la mélancolie des prostituées et la solitude des ivrognes. Tout est entré et danse dans son petit corps de jeune homme. Maudite ville qui n’a pas su dire oui. Tu aurais pu être son royaume. Tu as aimé Hugo mais dédaigné ce jeune homme aux lèvres fines. A peine le premier pied posé sur ton pavé, tu as senti que tu n’en voudrais pas. Je le vois, descendant du train, gare du Nord. Il a seize ans et des yeux de voleur. Il a fugué, a chapardé des journées entières de temps libre, s’en est bourré les poches et a filé… Il veut Paris mais n’a pas de ticket. Cela peut paraître dérisoire mais c’est ce qui va le faire tomber. Le monde a toujours eu peur des garçons de seize ans qui voyagent les mains dans les poches dans le fond des wagons, les yeux tournés vers des lumières nouvelles. Le monde n’en veut pas de l’appétit de Rimbaud.
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Paris aime les gares (...) Sept gares comme sept portes à avaler le monde. (...) Paris et ses sept gares, filles de l'acier, du charbon et des foules pressées. (...) Je suis devant la gare de l'Est. J'ai le sentiment de traverser une grande cathédrale du voyage. Partir. Paris le dit par tous ses quais, toutes ses grandes structures de verre. Partir. C'est ce que je vais faire. Mais avant, il faut prendre soin des voix qui tournent, de toutes ces vies oubliées qui ne sont plus que des noms gravés sur le marbre, et ensuite, je fermerai la nuit. (p. 71)
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En ces rues, la colère et la joie se sont toujours embrassées à pleine bouche. La danse et la bagarre ; les nuits douces et les heures sombres. En ces rues, du sang a coulé sur le pavé. J’essaie d’imaginer ce que fut ce jour lorsque le meurtre est entré dans la vie de Villon… (p. 36)
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Je crois que je suis le veilleur de la ville. Je n'ai rien d'autre à faire que déambuler dans ses rues comme un gardien attentif. Paris veut sa bouche. Elle a faim de mots. Trop de vies s'entassent en elle. Il faut les dire. (p. 32)
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Nous avons inventé l'immortalité et elle fait un doux bruit de papier. Les mots se transmettent de siècle en siècle. L'éternité est là: dans chacun des livres que nous ouvrons. Tout est intact. Sur des pages que nous parcourons des yeux, nous retrouvons la voix exacte du passé. Tout ce qui semblait fragile, voué à un oubli certain, la description d'une sensation fugace ou d'un paysage changeant, tout cela est gravé.
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Ici ont vécu tant de vies englouties… Villon vient de tuer. Il court dans la rue Saint-Jacques. Hugo monte lentement et sur le boulevard Saint-Michel, un peu plus bas, éclatent les tirs des combats de la Libération. Paris n’arrive plus à compter tout ce qui a vécu, crié et saigné en elle. Elle est trop pleine et cherche des bouches pour la dire. Il faut retourner les morts, mais il y en a trop…
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