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Critique de Cancie


Au tout début, un pleur de bébé ; un cri vient de la montagne Tadma que l'on ne franchit pas. Ce sont les femmes qui l'entendent d'abord. Puis les pleurs deviennent plus nets et les femmes et les hommes du clan Djimba se rendent à l'entrée du village pour attendre ce qui vient. Un cavalier apparaît.
Sissoko Djimba, chef du village, et ses guerriers regroupés attendent. le cavalier dépose alors au sol le paquet de linge qui pleure encore, puis il rebrousse chemin. « Chez les Djimba, personne ne bouge. »
Malgré le soleil ardent, l'enfant pleure toujours. le soleil décline, les hyènes approchent. Alors qu'elles sont sur le point de s'emparer du bébé, Mamambala, sans demander à Sissoko Djimba, traverse la foule, saisit le paquet, le prend dans ses bras, présente son sein au petit corps affamé qui se révèle être une fille et prononce alors ces mots : « Par le sel de ces larmes dont tu as couvert la terre, je t'appelle Salina. »
Après nous avoir décrit le début de la vie de Salina, Laurent Gaudé nous emmène à l'autre bout de sa vie, quand, « vieillie par une vie entière de poussière, de combats, d'errance et de rage », vivant près d'une oasis, elle entend à son tour un cri. Elle se presse pour aller au devant des cavaliers où doit se trouver son fils, Malaka, fils qu'elle a confié aux caravaniers trente-sept jours plus tôt. Mais, maintenant, monte de la colonne le cri de celui qui annonce la mort. Elle se fige. Et puis, son fils apparaît. Enfin ! Elle sent alors qu'il n'a plus besoin d'autres voyages. le temps est venu, c'est décidé et elle lui dit : « demain nous partirons. » Ils vont prendre la direction du mont Tadma, cette barrière de montagnes.
« le Mont Tadma était pour eux la limite des mondes » et c'est vers lui qu'ils marchent. Salina va petit à petit faiblir mais persévérer jusqu'à ce qu'elle ne soit plus en mesure de marcher. Alors, Malaka va la porter. Il a compris que sa mère va mourir et qu'elle veut trouver une terre où reposer. Ils arrivent à un col. Malaka aperçoit pour la première fois l'autre face du monde. Alors qu'il s'apprête à poser Salina, accrochée à son dos, il ne le fait pas : elle est morte. Il lui faut donc trouver un lieu où l'ensevelir. Il fait la toilette de sa mère morte, construit un brancard et descend dans la vallée où il croise un fleuve et les premiers hommes depuis leur départ.
Un rempart se dresse. Il prend place dans la foule et passe la grande porte. Il déambule et débouche alors sur une place qui donne sur la mer où se tient un vieil homme à qui il prononce le mot « cimetière ». le vieil homme lui indique une île, l'invite à monter dans une barque pour s'y rendre.
Lorsque Malaka lui demande s'il pourra enterrer sa mère là-bas, celui-ci répond : « C'est le cimetière qui décidera » car le cimetière est sacré. La porte épaisse est close et aucun homme ne peut l'ouvrir. « Il faut embarquer les morts et pendant tout le temps que dure la traversée, raconter ce que fut la vie du défunt. le cimetière entend le récit. Et au terme du voyage décide si la porte doit s'ouvrir ou pas. » Et Malaka va alors entamer le récit de ce que fut la vie de Salina, la femme aux trois exils, cette femme recueillie par Mamambala et élevée come sa fille mais qui ne fut jamais acceptée dans le clan des Djimba.
Salina va connaître un destin parsemé d'épreuves. Elle est une véritable héroïne qui ne baissera jamais les bras et se relèvera toujours.
C'est une belle fable, un beau conte que nous livre Laurent Gaudé dans ce beau roman épique et poétique qui se passe dans un temps reculé au milieu du désert avec cette héroïne puissante et sauvage dont la vie sera faite de solitude et de souffrance. Un roman envoûtant qui m'a charmée : un petit bijou !
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