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Critique de jvermeer


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Grand ami de Théophile Gautier, Charles Baudelaire se passionne pour le romantisme. En 1859, il dédit un de ses poèmes « Les petites vieilles » à Victor Hugo qu'il avait connu avec Gautier au moment de la bataille d'Hernani en 1830 et les escarmouches des représentations.
En 1861, admirant profondément le peintre Eugène Delacroix, Baudelaire écrit au sujet de son Héliodore de l'église Saint-Sulpice qu'il vient de terminer : « Un tableau de Delacroix vous pénètre déjà d'une volupté surnaturelle. Il vous semble qu'une atmosphère magique a marché vers vous et vous enveloppe. »
Mais le véritable maître de Baudelaire est Théophile Gautier, son « maître et ami », « poète impeccable, parfait magicien de lettres françaises. En 1857, il lui dédit ses « Fleurs du mal » et lui envoie son recueil accompagné d'une lettre dédicace :
« À mon très cher et très vénéré maître et ami Théophile Gautier
Bien que je te prie de servir de parrain aux Fleurs du mal, ne crois pas que je sois assez perdu, assez indigne du nom de poète pour m'imaginer que ces fleurs maladives méritent ton noble patronage. Je sais que dans les régions éthérées de la véritable Poésie, le Mal n'est pas, non plus que le Bien, et que ce misérable dictionnaire de mélancolie et de crime peut légitimer les réactions de la morale comme le blasphémateur confirme la Religion. Mais j'ai voulu, autant qu'il était en moi, en espérant mieux peut-être rendre un hommage profond à l'auteur d'Albertus, de la Comédie de la Mort et d'Espana, au poète impeccable, au magicien ès langue française, dont je me déclare, avec autant d'orgueil que d'humilité, le plus dévoué, le plus respectueux et le plus jaloux des disciples. »

Figure marquante, gloire de la vie littéraire au 19e siècle, Théophile Gautier est un touche à tout dans le domaine des arts. Il aborde tous les genres : critique d'art, conte, poésie, nouvelle, roman, théâtre, et même le livret du ballet « Gisèle ». Il est un des membres de ce mouvement parnassien qui considère que l'art doit être impersonnel, sans engagement politique et social.
En 1852, son recueil de poèmes « Émaux et Camées », qui se situe à la croisée du romantisme et de la poésie parnassienne, illustre idéalement les principes esthétiques de l'artiste et son exigence de perfection.

Gautier est celui qui manie le mieux la langue française. Ces poèmes sont des petits bijoux joliment ciselés qu'il faut déguster lentement, mot à mot. Leur unique but est une recherche de beauté et d'exigence esthétique. « Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien. » Je donne, ci-dessous, quelques extraits du recueil, courts aperçus de son exceptionnel talent :

Quel plaisir, la vision de cette main de courtisane en plâtre chez un sculpteur « Etude de mains » :
« Dans l'éclat de sa pâleur mate
Elle étalait sur le velours
Son élégance délicate
Et ses doigts fins aux anneaux lourds »

Description d'une « Rose-Thé » aux couleurs subtiles :
« On dirait une rose blanche
Qu'aurait fait rougir de pudeur,
En la lutinant sur la branche,
Un papillon trop plein d'ardeur. »

Quelques hirondelles parlent « Ce que disent les hirondelles » :
« La pluie au bassin fait des bulles ;
Les hirondelles sur le toit
Tiennent des conciliabules :
Voici l'hiver, voici le froid ! »

A Venise « le Carnaval » se prépare :
« Venise pour le bal s'habille.
De paillettes tout étoilé,
Scintille, fourmille et babille
Le carnaval bariolé. »

Le printemps arrive « Premier sourire du printemps » :
« La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert. »

Et des fleurs éclosent « Camélia et pâquerette » :
« Un papillon blanc qui voltige,
Un coup d'oeil au hasard jeté,
Vous fait surprendre sur sa tige
La fleur dans sa simplicité »

Les femmes ne sont jamais bien loin « le poème de la femme » :
« Glissant de l'épaule à la hanche,
La chemise aux plis nonchalants,
Comme une tourterelle blanche
Vint s'abattre sur ses pieds blancs. »

Ces vers sont entrés dans la poésie populaire.
En parcourant les mots de ce grand poète, il m'arrive parfois de penser aux peintres impressionnistes dont les recherches auraient pu être les mêmes : lumière, couleur, chatoiement, rythme, sensibilité.


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