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Critique de cmpf


Au 19ème un goût pour l'orient s'est emparé des arts. La peinture surtout a montré des odalisques et autre manifestation des fantasmes de l'occident. Beaucoup d'écrivains ont aussi fait le voyage d'orient et rapporté le récit de leurs pérégrinations. le Roman de la momie s'inscrit dans ce mouvement et a fait rêver les lecteurs contemporains de Théophile Gautier comme il nous fait encore rêver aujourd'hui. Mais il a aussi les défauts de cette époque, et si l'auteur manifeste une admiration certaine pour les Égyptiens, il relaie l'opinion de l'époque sur les africains subsahariens.
Ainsi peut-on lire : « Quelques rares esclaves de la race Nahasi, au teint noir, au masque simiesque, à l'allure bestiale, bravant seuls l'ardeur du jour, portaient chez leurs maîtres l'eau puisée au Nil dans des jarres suspendues à un bâton posé sur l'épaule » ou encore « Après la musique arrivaient les captifs barbares, à tournures étranges, à masque bestial, à peau noire, à chevelure crépue, ressemblant autant au singe qu'à l'homme, et vêtus du costume de leur pays : une jupe au-dessus des hanches et retenue par une bretelle unique, brodée d'ornements de couleurs diverses. »
Ceci dit, pour qui est sensible au style plus qu'à l'histoire c'est un pur bonheur. le vocabulaire est d'une grande richesse, outre les termes propres à l'Égypte tels calarisis qui désigne un vêtement, ou amschir, sorte d'encensoir, vous rencontrez des mots comme hiéracocéphale qui signifie à tête d'épervier. Même en dehors du contexte certains termes sont assez peu usités, j'ai appris pour ma part le sens de conculcateur ; pas sûr pour autant que je puisse le replacer dans une conversation. Les descriptions sont très nombreuses particulièrement dans le premier tiers et d'une grande précision, rejoignant l'art pictural.
Dans un prologue, l'auteur nous raconte la découverte par un Lord anglais accompagné d'un savant allemand et guidé par un « entrepreneur de fouille » grec d'une sépulture inviolée et qui contient contre toute attente, vu sa richesse, le corps d'une très jeune femme, admirablement conservée à tel point qu'on peut encore en admirer la beauté. Dans le sarcophage, un papyrus qui retrace l'histoire de cette jeune femme et la raison de sa présence dans cette vallée des rois. Il faut reconnaitre que ce texte sensé être écrit par un grammate trente-trois siècles auparavant sonne de façon étonnamment moderne. Peu importe. Ce n'est pas un roman historique mais plutôt un songe où tout est possible. Mais que d'amours contrariés dans ce récit, celui de Pharaon pour Tahoser, celui de Tahoser pour Poeri, celui d'Ahmosis pour Tahoser… et celui de Lord Evandale pour Tahoser.
Théophile Gautier a toujours été très attiré par l'Orient, il écrit à Gérard de Nerval : « On n'est pas toujours du pays qui vous a vu naître, et, alors, on cherche à travers tout sa vraie patrie […] moi, je suis Turc, non de Constantinople, mais d'Égypte. Il me semble que j'ai vécu en Orient. ». le roman est dédié à Ernest Feydeau, (père de Georges) dont L Histoire des usages funèbres et des sépultures des peuples anciens l'a beaucoup inspiré.

Lu dans le cadre du challenge XIXè siècle 2015

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