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EAN : 9782757845516
480 pages
Points (11/09/2014)
4.05/5   167 notes
Résumé :
Randolph, fils d’un riche négociant en bois de Pittsburgh est expédié par son père en Louisiane pour y récupérer son aîné Byron, qui fait office de constable dans une exploitation forestière perdue au milieu des marais.

Les ouvriers sont rongés par les fièvres et l’alcool, et Byron, moralement dévasté par son expérience de la Première Guerre en Europe.

Un misérable saloon tenu par des Siciliens (la Mafia étend son bras tout-puissant j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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1923, dans l'un des bayous de la Louisiane se dresse la scierie des Aldridge. Byron Aldridge y fait régner l'ordre en tant que constable. Revenu de la première guerre mondiale du continent européen, salement traumatisé, il a déserté les projets ambitieux de son père en ne donnant plus aucune nouvelle à celui-ci resté en Pennsylvanie. Son frère Randolph est dépêché pour reprendre la direction de la scierie et le ramener dans le giron familiale. Mais c'est sans compter les luttes de pouvoir avec la mafia locale sicilienne qui tient le seul endroit de plaisir local, le saloon, à la fois casino et lupanar…
Remarquable aventure humaine que nous raconte Tim Gautreaux en plein coeur de sa Louisiane natale. Les personnages sont attachants et on est vite emporté par cette guerre de pouvoir entre les forces du mal et du bien qui se joue aussi bien au sein de l'exploitation forestière que dans la tête cabossée des deux frères.
« le dernier arbre » est un véritable page-turner. C'est une petite pépite !
Préface de Caryl Férey.
Traduction de Jean-Paul Gratias.
Editions du Seuil, Points Signature, 472 pages.
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Huis clos forestier d'une intensité remarquable.

Prenez un lieu paradisiaque, porteur d'une douceur de vivre inégalée.
Pouf, pouf ce se-ra la scie-rie en Lou-i-siane !
Comme contexte hautement testostéroné et régulièrement imbibé, c'est cinq étoiles au guide de l'enfer sur terre.
En lieu et place du constable, placez-y un gars marqué par la Grande Guerre. Byron Aldridge fait le boulot en ressassant ses traumatismes guerriers, aidé en cela par la boutanche pas loin d'être devenue sa meilleure alliée.
Randolph, lui, missionné par son père, n'a d'autre but que de rééquilibrer les comptes de l'exploitation tout en tentant de renouer des liens par trop distendus avec son frangin.
Si le boulot est âpre, le saloon apparait libérateur.
Source d'innombrables conflits, il pourrait bien devenir le pivot central d'une guerre ouverte entre les Buzetti, heureux propriétaires un brin mafieux de ce bouge infâme, Jésus Marie Joseph, et les frères Aldridge.

Le Dernier Arbre, d'une puissance peu commune, fait montre d'une intrigue originale et d'un découpage au cordeau.
S'appuyant sur une industrialisation galopante faisant fi de toute considération idéologique autre que celle du profit, ce récit belliqueux s'enracine inexorablement en vous, porteur d'un contentement de lecture que l'on pressent rapidement allant crescendo.

De fait, difficile de ne pas s'attacher à tous ces personnages romanesques et à l'atmosphère suffocante qui ne manquera de vous affoler le palpitant.

Ambiance western, sauce Amérique sudiste des années 20, ce Dernier Arbre n'en finit pas de jouer avec nos nerfs, usant du curseur émotionnel comme d'un yo-yo, pour finalement lâcher les quatre Cavaliers de l'Apocalypse, précurseurs célestes d'un monde en voie de disparition.

Petite part d'humanité dans ce monde de brutes, ce phonographe incongru et ses airs d'opéra suspendant un court moment le temps et sa course folle...

4,5/5
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Ils vont couper la forêt jusqu’au dernier arbre, puis partir recommencer ailleurs. Ils, ce sont Les frères Aldridge, deux fils d’un riche négociant en bois de Pittsburg qui a envoyé, dans les années 20, l’ainé ramener le cadet, un traumatisé de la Grande guerre devenu le constable d’une exploitation forestière dans un coin paumé et hostile de la Louisiane.

Sur l'exploitation et autour d’un saloon tenu par la mafia locale, des ouvriers rongés par l’alcoolisme et la maladie sont gérés différemment par les deux frères. Là où l’un utilise la méthode forte, l’autre privilégie le dialogue pour apaiser les tensions de ce monde en vase clos, des hommes pauvres et qui le restent quand la communauté est dissoute à la coupe du dernier arbre.

La puissance d’évocation de la nature n’est pas la seule qualité de ce roman. Tim Gautreaux y décrit aussi remarquablement, en évitant l'écueil de la caricature, les rapports d'hommes pris dans les excès des débuts de l’industrialisation nés d'un libéralisme économique sans limites.
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Difficile de poser les pieds au sec, sur ce sol bourbeux et noirâtre, dans cette exploitation forestière de Louisiane perdue au fin fond des marais. Dans l'objectif d'un futur achat, Jules vient y faire une expertise pour son patron, gros négociant en bois de Pennsylvanie. C'est là qu'il y découvre Byron Aldridge, constable de ce trou perdu et fils aîné de son employeur qui le cherche depuis quatre ans. Nous sommes en 1923. En revenant, hagard, de France et des combats de la Grande Guerre, Byron a déserté l'entreprise paternelle. Son frère cadet, Rudolphe, quitte alors Pittsburgh pour prendre la direction de cette nouvelle exploitation et tenter de ramener son frère dans le cercle familial.
S'enfoncer vers le Sud, c'est progresser vers la désolation, l'absence de routes goudronnées, la chaleur moite et poisseuse, les zones marécageuses et leur myriade de moustiques qui vous criblent assurément la nuque bien pire qu'une séance d'acupuncture.

Arrivé sur place, à Nimbus, Rudolphe se retrouve dans les rues boueuses, face à des baraquements miteux noyés sous les pluies quasi quotidiennes, un triste alignement de cahutes destinées aux travailleurs de couleur, un vaste saloon et des jets de vapeur crachés par la scierie. Ici, l'hostilité est aussi bien présente dans la nature que chez ceux qui l'exploitent. le lieu est le paradis, entre autres, des mocassins d'eau, longs serpents venimeux. Les bagarres d'hommes avinés ne peuvent être réprimées qu'à coup de fusil ou, au mieux, matraquées par le canon du marshal assené sur le plus déchaîné de tous. Il n'y a pas que la sève des cyprès chauves, dont le bois imputrescible doit être exploité in extenso, qui coule sur ces terres marécageuses. Outre la sueur répandue par les ouvriers souffrant de la chaleur humide accablante, le sang vient très régulièrement tacher aussi le sol en bois du saloon. Dans cet établissement, détenu par des Siciliens peu scrupuleux, la triche et l'alcool remplissent les poches des mafieux et, afin d'endiguer la violence, une fermeture demandée par le constable le dimanche va être très, très mal perçue…
La violence bouillonne, les éclairs de rasoirs scintillent le samedi soir et la loi a beaucoup de mal à se frayer un passage dans ces marais nauséabonds.

Par son déroulé hautement cinématographique qui emporte le lecteur vers ce coin terriblement dépaysant de Louisiane, ce roman fascine par sa combinaison de haine, de dégoût, d'injustice, de violence où surnagent pourtant de magnifiques approches d'amour fraternel, conjugal et filial, de reconnaissance, d'entraide.
Byron est une victime du patriotisme exigé par la figure paternelle et face à l'insistance de son frère qui désire rétablir son état mental, aidé par des verres emplis de liquide ambré, il finit par raconter les amas de cadavres, les tirs, les groupes pulvérisés. Pour tenter de continuer à vivre malgré ces atrocités, sa pile de disques de chansons sentimentales qu'il passe sur son phonographe détonne dans ce milieu hostile. L'amour pour ce frère aîné qui l'a aidé à grandir, les coups de pelle qui viennent remplacer les coups de feu de Byron pour faire plaisir à son jeune frère révèlent la force et la beauté de leurs liens fraternels.
Rudolphe, parfaitement formaté par son père en ce qui concerne le profit d'une entreprise, laisse parfois taire la voix du porte-monnaie lorsqu'il s'agit de vies humaines. Au-delà du patron, il est intéressant de constater ses décisions et ses efforts pour amener un semblant d'équilibre et de justice dans cette scierie.
Bien que voilés de discrétion, Tim Gautreaux donnent également aux femmes des rôles majeurs qui viennent contrebalancer les excès humains tout en pointant le piège que peut revêtir ce Sud avec ce manque de considération de la femme de couleur. Il vous faut aussi faire la connaissance du petit Walter…

Un Noir blessé ne vaut pas le déplacement d'un médecin, un cyprès chauve ne doit pas rester debout après le passage de l'homme.

Outre l'émergence de l'exploitation dévastatrice de l'homme sur la nature, la continuité de l'exploitation de l'homme par l'homme cupide, c'est l'insignifiance des vies humaines qui frappent dans ce livre. La corrélation avec la guerre est intelligemment et justement établie ici.
L'intrigue est efficacement menée mais c'est loin d'être l'essentiel de ce très bon roman qui me laisse une profonde impression, filant et s'étendant à la surface d'un bayou inhospitalier.
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Le dernier arbre : le titre porte en lui la fièvre d'un monde lancé dans une course effrénée dans l'industrialisation, avec des scieries qui s'installent dans les forêts les plus inhospitalières, noyées dans des marécages nauséabonds mais riches de cyprès chauves. Découper, scier jusqu'au dernier arbre avant d'investir de nouveaux territoires, conquérir de nouveaux espaces où prolifère l'or vert, malgré les conditions de vie, malgré les obstacles…

Nous somme en Louisiane, à Nimbus, et la Louisiane des années vingt décrite par Tim Gautreaux est un monde perdu dans les marais, peuplé de moustiques, inondé de chaleur moite qui condamne aisément le sentiment d'humanité chez les hommes au profit du sentiment de survie. Véritable bourbier, ce bout de territoire retient captif dans ses eaux boueuses les hommes venus travailler car lorsque les marécages ne les rendent pas malades ou ne les tuent pas avec ses serpents ou ses alligators, ils doivent éviter les coups et les balles des Winchester vite dégainés sous l'effet de l'alcool seul réconfort dans cette vie de labeur.
Dans ce monde rustre et enclavé, abandonné à la loi du plus fort, il y a pourtant des personnages de bonne volonté : Byron le constable de la scierie et le nouveau patron Randolphe Aldridge.
Loin de se contenter de raconter une histoire de territoire ou de pionniers partis à la conquête de l'or vert, l'auteur raconte aussi une histoire d'hommes, une histoire de valeurs et peut être une histoire de rédemption…


« le dernier arbre » s'inscrit parfaitement dans la lignée des romans américains sombres qui s'intéressent à la population du Sud : il en a fait un récit qui met les hommes à l'épreuve avec un sentiment de promesse et de désillusion mêlées. Entre impuissance et rage sourde, sentiment d'injustice et sursaut d'orgueil, le style de Tim Gautreaux parvient à faire émerger une beauté silencieuse qui embrase lentement le récit avec une sorte de mystique de l'existence. Et pourtant, il y n'a rien d'évanescent, le lecteur est confronté à la brutalité des choses, la violence des hommes, le murmure du progrès, sans oublier cette petite voix interne entêtante qui résonne au creux de l'oreille du lecteur contemporain et qui s'élève face à la main dévastatrice de l'homme envers la Nature.
C'est un roman dense qui charrie des images belles et fortes. Coup de coeur.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
26 novembre 2013
Parti d’un microcosme situé nulle part, Tim Gautreaux signe un roman ample, âpre et généreux, qui embrasse les thèmes du racisme, de la guerre, de la fraternité. Une patiente remontée vers la lumière.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
30 octobre 2013
Un « Wild South Show » qui prêche la non-violence et l’anti-militarisme ? Vous n’avez pas fini d’être surpris par « Le dernier arbre », sans conteste l’un des meilleurs romans de l’automne.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
03 octobre 2013
D'une violence infinie et d'une humanité intense, Le Dernier Arbre de l'inconnu Tim Gautreaux est un magnifique roman sur l'Amérique sudiste des années 1920, les séquelles de la guerre en Europe, l'Amérique ivre de progrès au mépris de toute morale sociale.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Le principal défaut du curé, c'était d'écouter de façon délibérée les conversations qui ne lui étaient pas destinées ; il trouvait que les ragots constituaient les sons les plus intéressants que produisait l'âme humaine, non pas pour les vérités qu'ils pouvaient contenir, mais pour ce qu'ils révélaient du caractère de ceux qui les propageaient.
Commenter  J’apprécie          160
Par-dessus le toit métallique abrupt d’une maison de trappeur, le patron de la scierie regardait une forêt de cyprès d’une hauteur considérable, n’appartenant pas à sa parcelle, et il passait le temps à calculer le volume de bois-d’œuvre qu’il pourrait en tirer.
Byron suivit son regard.
« Tu veux abattre tous les arbres de la Terre ?
-Il y en a pour une fortune, devant nous.
-Une forêt, c’est utile à autre chose qu’à fabriquer des volets et des bardeaux »
Son frère le considéra d’un air ébahi.
« À quoi, par exemple ?
-Eh bien, c’est beau à regarder, ne serait-ce que ça. »
Randolph se tourna de nouveau vers les arbres et fronça les sourcils.
« À regarder pour quoi faire? »
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Anthony Buzetti appréciait le fait que son bureau n'eut pas de fenêtres. C'était à travers l'une d'elles que l'on avait abattu son frère ainé d'un coup de feu, et sa mère s'était jetée d'une autre fenêtre en apprenant la nouvelle.
Commenter  J’apprécie          160
J'ai tué beaucoup d'hommes ce jour- là Rando. J'ai appris à loger une balle de .30-06 juste au-dessous de la visière d'un casque, et cet après-midi là, c'était comme si je faisais exploser des potirons dans un champ, mais chaque potiron était un Dieter ou un Fritz qui avait dans la tête des pensées semblables aux miennes.
Commenter  J’apprécie          90
Merville perdit connaissance et commença à rêver des cavaliers qui avaient mis le feu à la grange de son père, parce qu'il ne voulait pas leur dire où il avait enterré ses pièces de monnaie. Il regarda les déserteurs pendre son frère par un pied à un chêne, annonçant qu'ils le décrocheraient quand le père aurait changé d'avis. Le petit Étienne ne pleurait pas; il était si maigre que la corde entaillait à peine sa cheville, et il se balançait patiemment, comme un poulet qui ne comprend pas ce qui va lui arriver. Son père leur dit qu'il n'avait jamais enterré de pièces et l'un des déserteurs sortit de sa vareuse tachée de boue un vieux pistolet à un coup. Le père de Merville tomba à genoux et leur dit que s'ils voulaient le punir, c'était son mulet qu'ils devaient abattre à sa place. Et les déserteurs, ayant assassiné tant d'hommes qu'ils considéraient la mort d'un bon mulet comme une tragédie bien plus grande encore, firent ce qu'il leur demandait.
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Videos de Tim Gautreaux (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tim Gautreaux
Avec Joss, libraire à Vannes (56), découvrez désormais une semaine sur deux un nouvel ouvrage. Romans, polars, beaux livres, littérature jeunesse : tout y passera !
Cette semaine, Joss vous parle de sa visite au Festival America de Vincennes, où elle a pu rencontrer la fine fleur des auteurs nord-américains, parmi lesquels :
- Tim Gautreaux, pour Nos Disparus (Seuil, 2014) - Paul Harding, pour Enon (Le Cherche Midi, 2014) - Joseph Boyden, pour Dans le Grand Cercle du Monde (Albin Michel, 2014) - Ayana Mathis, pour Les Douze Tribus d'Hattie (Gallmeister, 2014)
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