"Sans grande conviction" est le leitmotiv que j'utiliserai pour qualifier toutes les étapes jalonnant le parcours de ce bouquin de son point de vente jusqu'à la fin de sa lecture.
C'est sur une étagère de livres "espace-culture" qu'a eu lieu ma rencontre avec cet ouvrage. Attirée par la couverture et le titre, j'ai parcouru le résumé "sans grande conviction" malgré l'obtention du Prix du Quai des Orfèvres 2021. Venant de passer un séjour face au
Cap Canaille et ayant parcouru une multitude de fois la route des crêtes et autres sites majestueux offerts par cette immense falaise, j'avais envie de retrouver ce site, même par le truchement de la sempiternelle guerre flics/truands.
Au début de la lecture, j'ai été déstabilisée par la multitude des personnages des deux camps, flics comme voyous. Ainsi que la foultitude d'acronymes utilisés. Si certains sont relativement connus des amateurs du genre, BRI, BRB, Fnaeg, CJ ... d'autres débarquent avec heureusement, des notes de l'auteur (?), RULP, PTS, CID, MEEX, CAP et autres TAJ, SIV, DIPS ... etc. Je pense que le but est de coller au plus près à la réalité mais, finalement, je me suis sentie totalement dépassée et noyée par cette accumulation d'appellations, pas toujours au service de la clarté du récit dans lequel j'ai essayé d'avancer "sans conviction".
Les chapitres courts, bien que pas toujours justifiés, donnent du rythme et le langage très fleuri insuffle un réel sentiment de véracité. de même, les différentes affaires affluant sur les bureaux des policiers en fonction et la multiplicité des lieux incriminés, Marseille, Paris avec les "gars" du 36, Melun ... démontrent la difficulté réelle d'une enquête policière dans le milieu du grand banditisme.
J'ai suivi les tribulations des personnages des deux bords "sans grande conviction". L'approche plus intime des policiers pour les rendre plus attachants et humains m'a parue très superficielle. Aucun d'entre eux n'est arrivé à me toucher, me sensibiliser à leur blessure, leurs failles et leur façon d'être donc je me suis sentie étrangère à leurs états d'âme et cela m'a beaucoup dérangée. Les quelques flash-backs concernant un élément haut en couleur, mais sonnant faux et creux, n'ont pas réussi à me faire adhérer à l'histoire qui n'a pas été déplaisante pour autant, seulement un peu ennuyeuse par moments. J'ai eu beaucoup de difficulté à m'adapter à la capitaine Lucie, agaçante comme une nuée de moustiques, et ce sentiment ne s'est pas arrangé avec son début d'amourette! Il existe certainement des personnages similaires dans la vraie vie mais il est beaucoup plus facile de les éviter que dans un livre où ils ont un rôle à jouer.
Le seul moment où j'ai vraiment été happée par le récit est celui de la filature des voyous sous surveillance. Là, la tension était vraiment palpable et avec "beaucoup de conviction" mais quelques pages, même brillantes, vers la fin du livre sont un bien maigre "butin" pour me satisfaire.
Je n'ai jamais été sensible aux banderoles accrocheuses mentionnant les prix décernés aux ouvrages.
Cap Canaille m'a permis de vérifier cette réserve. Maintenant, ce n'est pas parce que ce récit ne m'a pas embarquée dans les méandres de l'enquête qu'il ne mérite pas son prix. Je soupçonne le jury d'être composé d'une majorité de policiers et de juristes se retrouvant agréablement dans les coulisses de leur métier. Je pense également que les lecteurs dont la profession approche de près ou de loin ce milieu seront ravis de lire cette enquête ... ou pas. Pour ma part, je vais passer à autre chose sans garder de souvenir de ce livre.