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Critique de Tachan


David Gemmell, c'est l'une des claques de mon adolescence avec son cycle du Lion de Macédoine qui m'avait fait découvrir la fantasy historique avec perte et fracas. J'ai donc mis longtemps à retourner vers lui de crainte de ne pas revivre la même sublime expérience que cette oeuvre qui fait partie de mes meilleures lectures de tous les temps.

Après avoir exploré la vie d'Alexandre le Grand et de son père Philippe de Macédoine, c'est à la guerre de Troie ou plutôt à la ville de Troie que l'auteur s'est intéressé dans les années qui ont précédé sa mort au début des années 2000. Et cette fois, il ne s'attache pas à de grandes figures mais plutôt à des figures méconnues. Il ne s'attache pas à des grands moments connus de ce mythe mais aux petites escarmouches qui le précède. Cela rend la lecture passionnante.

Même si c'est une lecture dense et parfois exigeante, j'ai beaucoup aimé plonger dans le tableau de cette Antiquité revisitée par l'auteur. On y découvre un univers où mythe et réalité se côtoient et mélangent au point de fonder une nouvelle réalité. Il n'y a pas de magie mais plutôt des prophéties. Il y a beaucoup de politique et d'histoires de coeur tragiques. Il y a des drames à n'en plus finir et des âmes courageuses pour les traverser. C'est sombre, fort, puissant et rempli de nuances.

Nous traversons ce temps en nous mettant dans les pas et les voiles de personnages comme Helicon, Enée de son vrai nom, que nous connaîtrons plus tard pour d'autres exploits. Pour l'instant, c'est un peu un prince volontairement en exil qui vogue sur les mers et va se retrouver pris dans des jeux de pouvoirs et de guerre. A ses côtés, nous allons également croiser la belle et farouche Andromaque au destin bien précaire mais qui ne se laissera pas faire. Elle côtoiera Cassandre et ses prédictions, Priam et sa folie de pouvoir ou encore Argurios le guerrier légendaire de l'époque. Tous vous tisser une toile mythique mais différente du mythe qu'on connaît.

Ce qui m'a plu dans cette histoire, c'est que nous sommes à Troie sans être à Troie. Nous ne sommes pas dans la guerre qu'on connaît mais plutôt dans les nombreux événements qui se produisent avant et qui mêlent nombres de fils politiques et sentimentaux complexes qui vont potentiellement y mener, même si on a l'impression que cela n'a rien à voir. L'auteur ne nous parle que fort peu de dieux et autres divinités. Il nous parle plutôt de Thraces, Hittites, Égyptiens, Mycéniens, ce sont des histoires de peuples parfaitement humains et d'ambitions parfaitement humaines qui se jouent, se nouent et se dénouent.

Le fait de toucher aussi à des personnages méconnus des mythes troiens m'a plu également car l'auteur ne cherche pas la facilité. Il écrit ainsi sa propre histoire en s'insérant dans les vides et propose une vision plus nuancées et réalistes des relations en jeu. Son portrait des femmes est en cela souvent à contre courant pour l'époque, il est assez moderne et rappelle ce qui a été fait depuis par Madeline Miller et Pat Baker, et je l'en remercie. Il nous montre des femmes fortes, intelligentes, qui savent utiliser les armes à leur disposition pour lutter à leur façon contre le destin qui leur est imposé. Ce ne sont pas des petites choses fragiles à défendre mais de vraies compagnes avec qui se battre et lutter.

Maintenant, si je compare au Lion de Macédoine, je suis un peu déçue. Je n'ai pas ressenti l'émotion des destinées de Philippe et Alexandre ici avec Helicon et Andromaque. Je suis longtemps restée sur ma faim en matière d'aventure épique. J'ai trouvé de nombreuses longueurs, certes sûrement nécessaire à la construction de l'univers et de l'ambiance, mais qui m'ont plombé le rythme. Ce n'est que dans les derniers chapitres alors que la menace est inévitable et qu'il faut bien que tous ces fils aboutissent à quelque chose que le rythme s'accélère, que la tension monte et qu'on vit une petite explosion narrative, enfin ! Et là, nous avons un grand moment, LE grand moment que tout le monde attendait et que l'histoire et la destinée méritait. Là, j'ai retrouvé le David Gemmell que j'aime.

Alors si vous vous lancer dans Troie, ne vous attendez pas à une écriture dans la même veine que le Lion de Macédoine. C'est un Gemmell plus posé et mature qu'on découvre ici, qui prend le temps de tisser une toile politico-sentimentale complexe aux multiples nuances souvent grises comme l'âme humaine avec des personnages qui ne brillent pas mais transpercent le coeur à l'image d'Andromaque.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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