Servir pour servir à quelque chose .
Les aliens […] ne se ressemblent pas entre eux. Il y en a de toutes sortes. Au niveau taille, ça va du chat à l’éléphant (voire plus gros) ; et question QI, de la racaille de bidonville à l’intello de télé (voire plus gros).
Les visions globales, c’est pas trop notre truc. Ça viendra peut-être un jour, dans quelques décennies ou dans quelques siècles. Le temps pour nos cultures de s’y faire. Mais ce temps-là est encore loin à mon avis, s’il vient jamais : peut-être que nous sommes tout simplement trop cons.
La mauvaise réputation, c’est comme une maladie incurable, on peut plus s’en débarrasser une fois qu’on l’a attrapée.
Et pourtant, pourquoi ne pas partir ? La nature ne nous parle plus, elle meurt en silence parce qu'elle sait que les Nénètses ne veillent plus sur elle. Le contact a été rompu trop longtemps. Il reste des clans, bien sûr. Mais la toundra, les cailloux, les ruisseaux et les lichens, les renards bleus et les perdrix, tout appartient aux Russes maintenant. Plus aux nomades. Mais c'est avec cette toundra, ces cailloux et ces rivières que mon peuple a toujours vécu. Peut-être que tu crois à de la lâcheté, l'ami, à la faiblesse d'un peuple exténué. Si c'est le cas tu te trompes lourdement. Nous sommes Nénètses ! Nous avons survécu et nous survivrons. Mais ici.
Les grandes religions, en revanche, ont subi un véritable traumatisme. Le choc de l’innocence perdue. La terre du Seigneur, soudain ouverte à une infinité de mondes ! Et l’homme, la créature élue, réduit à une espèce plutôt banale, résultat inévitable de l’organisation de la matière et des mouvances de la vie.
Je lève les yeux, et dans le ciel se distinguent les dernières étoiles pâlissantes. Je me demande alors si, depuis l'arrivée des aliens, il reste un seul humain sur Terre pour s'émerveiller de l'infinie diversité de l'univers.
J’ai fini par m’habituer à son humour à froid. Une fois, il m’a prédit que je partirais par une Bouche pour trouver mon salut. Il a ajouté d’un air pénétré : « Souviens-toi que pour entrer dans un nouveau monde, il faudra que tu te laves entièrement. » Quand je lui ai demandé s’il s’agissait d’un précepte saint, il m’a répondu : « Non, c’est un truc que j’ai lu dans un manga qui s’appelait 108 façons de tuer un alien. Ça m’avait bien plu. »
Les aliens qui parlent notre langue ou dont on arrive à déchiffrer la leur, décrivent des mondes où se dressent des vestiges de civilisations disparues : des obélisques en bronze corrodé, des cités de cristal impériales désertes, des planètes nécropoles... Peut-être que ça finira comme ça pour la Terre.
Le cerveau a tendance à chercher de l’humain dans toute chose, et en particulier dans toute créature vivante.