[...] Les Indiens miwoks de Californie les voyaient comme une sorte de purgatoire terrestre où on envoyait les damnés pour y souffrir éternellement.
[...] Les îles Farallon n’étaient pas comme je me les étais imaginées.
Mais tu es morte. Cela a tout changé. Ta mort m'a fait ricocher sur la planète comme une caillou sur un étang. Une nomade. Une âme perdue.
Se souvenir c'est réécrire. Photographier, c'est substituer. Les seuls souvenirs fiables, j'imagine, sont ceux qui ont été oubliés. Ils sont les chambres noires de l'esprit. Fermées, intactes, non corrompues.
Se souvenir c'est réécrire. Photographier, c'est substituer. Les seuls souvenirs fiables, j'imagine, sont ceux qui ont été oubliés.Ils sont les chambres noires de l'esprit. Fermées, intactes, non corrompues.
Les biologistes étaient sur les îles pour observer et répertorier. Rien de plus. L'absence d'intervention était au cœur de leurs convictions. Ils n'auraient jamais aucun impact sur la vie – ou la mort – d'un de leurs sujets d'études. Je m'étais fait sérieusement sermonner là-dessus par Galen quelques jours auparavant. Un animal blessé est un événement à consigner pour le futur. La chaîne alimentaire est primordiale. L'empathie et l'affection sont hors de sujet.
J’ai regardé autour de moi à la recherche de mon assistant inconnu. Mais la silhouette derrière la vitre de la grue avait disparu elle aussi. Qui que soit la personne envoyée pour faire fonctionner la grue, elle n’avait pas cru bon de se présenter, de m’aider à porter les bagages et de m’accueillir sur les îles.
Ta mort m’a appris ce qui arrive après l’amour. Ça ne m’intéresse pas de vivre à nouveau une aussi grande perte. Alors je suis partie, toujours plus loin. Je suis arrivée ici.