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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la base, je me suis trompé sur le choix du livre audio. Néanmoins, je suis contente de l'avoir écouté plutôt que lu, parce que je ne pense pas que j'aurais pu le lire. Les témoignages des victimes, les faits récurrents et les doutes des forces de l'ordre lors des dépositions m'ont retourné l'estomac et mis dans un état d'incompréhension. Je n'ai pas compris comment systématiquement la parole des victimes, même des gamines de 13-15 ans, a été mis en doute, pas seulement par des hommes, mais également par des femmes.
En effet, avec ce livre, Alice Géraud nous plonge dans une sombre réalité. Pendant trente ans, dans la région industrielle de la Sambre, au Nord de la France, des dizaines de femmes ont été agressées sexuellement ou violées au petit matin. Ces victimes ont porté plainte, parfois à quelques jours d'intervalle, mais elles ne sont pas toujours crues. L'auteure explore les manquements des institutions judiciaires et policières qui n'ont pas réussi à empêcher le violeur en série, Dino Scala, d'attaquer plus d'une cinquantaine de femmes.

A nouveau, entendre les dépositions des victimes et entendre les réactions des forces de l'ordre, j'étais outrée et un sentiment d'abandon m'a continuellement submergé. de fait, le récit met en lumière les histoires et les vécus de ces femmes brisées par les actes d'un homme, souvent lors de matins glaciaux d'hiver. Comment cet homme a-t-il pu agir aussi longtemps sans être repéré ni inquiété dans un territoire aussi restreint ? C'est à cette question que tente de répondre l'auteur dans cet essai poignant.
Ce livre-enquête remarquable dévoile les défaillances du système judiciaire et policier face à un criminel qui a sévi pendant trois décennies. L'histoire du violeur de la Sambre est complexe et sombre, mais mérite d'être racontée. La parole des victimes est au coeur de ce récit, et il nous rappelle l'importance de lutter contre la violence envers les femmes et de soutenir les survivantes.
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La lecture est compliquée, on ne sait pas ce le rend le plus insupportable : l'incapacité quasi volontaire du système à le laisser passer entre les mailles du filet, le récit et la détresse des victimes ou l'accumulation de chaque agression. Sûrement un savant mélange de tout ça.

Lisez-le si vous avez le coeur solide mais surtout dites aux prochaines victimes « Je te crois ».

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Une enquête journalistique qui retrace les manquements mais aussi les manques de moyen de la justice et de la police et qui a permis à un violeur en série de sévir pendant trente ans.
Le début du livre nous retrace de façon claire, nette ce qui est arrivé à ses nombreuses jeunes filles et femmes des années 80 jusque 2010.
J'ai trouvé ça un peu long mais je comprends la volonté de l'autrice de donner la parole à toutes ces victimes qui à l'époque n'ont pas toujours été entendues.
Le livre souligne aussi la minimisation des faits par les policiers (qui n'étaient absolument pas formés pour recevoir ce genre de plainte) et on se dit que cet homme a finalement pu profiter d'un système où la victime est peu prise en compte.
Un livre qui dénonce mais qui à mon sens manque d'un petit quelque chose qui ne m'a pas permis d'entrer complètement en empathie avec toutes les victimes.

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Dès les premières lignes, nous plongeons dans un fait divers glaçant et révoltant. À travers les plaintes et les témoignages des victimes, nous rencontrons Dino Scalla, un homme qui a agressé violemment et sexuellement des dizaines et dizaines de femmes sur un périmètre pourtant restreint et ce, pendant 30 ans sans être inquiété.

Alice Géraud est journaliste et nous livre une enquête, qui au-delà du fait divers met en évidence de nombreux problèmes de société. 
Les victimes ne sont pas écoutées, les plaintes (quand elles sont prises) forment un récit expurgé de sa dimension sexuelle . Ces femmes ne sont pas prises au sérieux, traitées de menteuse (certaines se voient demander si elles ne se sont pas étranglées elles-mêmes...). Les plaintes (quand ce ne sont pas de simples mains courantes) sont classées sans suite. Le nouvel code pénal de 1994, qui remplace celui de 1810, abandonne le qualificatif d'attentat à la pudeur pour ceux d'atteinte sexuelle sur mineur et d'agression sexuelle. Les avancées sont lentes et laissent le champ libre à ce violeur en série. 

La rivalité entre gendarmes et policiers bien présente dans les années 80-90, empêche les recoupements lorsque les dossiers sont transmis, ce qui est loin d'être toujours le cas. La coopération est faible.

Jusqu' à l'arrivée d'une magistrate et d'un lieutenant qui font correctement leur travail, rien n'est fait. Les victimes sont oubliées, laissées avec leur traumatisme. 

La journaliste fait un travail magistral en dénonçant les travers d'un corps policier qui est pourtant censé protéger (pas de généralité mais un constat preuves à l'appui sur ce terrible fait divers). 

La narration se concentre sur le parcours des victimes depuis leur agression et/ou viol. Elle ne donne pas la parole au violeur. Alice Géraud rend ainsi un hommage à ces femmes, qui durant des années ont vécu dans la peur de recroiser cet homme et qui se sont tant bien que mal reconstruites. C'est un livre qui dit "on vous croit", "nous ne remettons pas votre parole en doute". 

Bref, c'est un livre à mettre entre toutes les mains car il va bien au-delà du fait divers.

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Un fait divers décortiqué par une journaliste, un récit qui donne la parole à ces femmes qui ont été violées Je pense que toutes (ou presque) ont été rencontrées par l'auteure.

Le "Violeur de la Sambre" a sévi durant plus de 20 ans sur un petit territoire, le long de la Sambre, sur un parcours de 27 km. , à la frontière belge. Comment a-t-il pu faire ça durant autant d'années sans être inquiété ? Ce récit - qui n'est pas à proprement parlé un roman - est glaçant.

Les témoignages de ces femmes et des jeunes filles (beaucoup d'entres elles étaient de jeunes mineurs) qui n'ont pas toujours été pris en compte, à l'époque, par la police ont une voix via ce livre. La police et la gendarmerie française sont mises à mal dans ce récit : manque de coopération entre elles (voulues ou non), discrédits sur les victimes où l'on met en doute leur témoignage, procès-verbaux bâclés, pertes des PV, mains courantes ou illisibles. Il y a eu plusieurs juges aussi qui ont repris l'affaire, de mémoire, 12 au total. Il a fallu longtemps pour recouper le tout et grâce à certaines personnes qui ont bien fait leur boulot et je pense aussi à "une petite main" - qui a été d'une grande aide - archiviste.

Le violeur a aussi sévi en Belgique et là aussi, même si en Belgique, à cette époque, les communications entre les différents polices étaient améliorées (suite à l'affaire Dutroux), elles étaient difficiles avec les autorités françaises.

Juste a été rendue , les victimes seront (ou plutôt sont) quant à elles marquées à vie.

Ici, ce n'est pas donc pas présenté comme un roman mais comme un essai (?) , une enquête où la voix des femmes s'imposent face à celle de leur bourreau. Vu le nombre glaçant de victimes, il y a une sorte de "répétition" qui était obligatoire quant à la description des témoignages. le mode opératoire du violeur était pratiquement toujours le même.
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Un livre très bien documenté sur le violeur de la Sambre ; c'est prenant et dur car on voit la détresse de ses femmes et du déni d'une partie des forces de police et de la difficulté de traiter les choses ! C'est un peu hélas redondant dans les faits car il agit toujours de la même manière mais vraiment, c'est un bon livre enquête
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Dino Scala, le serial violeur de la Sambre.

Comment, pendant plus de 30 ans, un homme a t'il pu commettre des agressions sexuelles à répétition dans un périmètre si petit sans être arrêté, ni même soupçonné ?

Radioscopie d'une époque où la parole de la femme
violentée était remise en cause, où police et gendarmerie ne travaillaient pas main dans la main et où les analyses génétiques balbutiaient.

Roman intéressant pour comprendre les dysfonctionnements de l'époque ; en revanche le récit des viols à répétition était il nécessaire ?

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La Sambre, une rivière franco-belge et affluent de la Meuse, donne son nom à une région industrielle du nord de la France, laquelle est notamment tristement célèbre pour avoir été le terrain de chasse d'un prédateur sexuel durant trois décennies.

On pourrait résumer l'affaire dite du "Violeur de la Sambre" par un portrait de Dino Scala. Pour Alice Géraud, il semblait plus juste, plus pertinent de dresser celui de ses victimes. La journaliste a donc pris le parti de n'accorder qu'une place très secondaire à l'auteur des agressions, mettant l'accent sur les femmes dont il a brisé la vie, de la fin des années 80 à 2018, date à laquelle cet ouvrier, mari et père de cinq enfants a finalement commis l'erreur qui lui vaut une peine de vingt ans de réclusion.

Le livre est donc composé d'une série de récits, précis et détaillés, qui dressent les contours de l'affaire. Tour à tour, les cas se succèdent et racontent la même histoire : au petit matin, sur les bords de la Sambre, un homme coiffé d'un bonnet, armé d'un couteau et d'un cordelette, surgit par derrière et commet l'irréparable avant de disparaître dans la nature. Encore et encore. Ces femmes et ces filles portent plainte mais l'individu reste introuvable. Il faut dire que dans les années 80, la technique policière n'est pas celle d'aujourd'hui. Rien ne permet donc de recouper ces agressions pourtant similaires. Quant aux fichiers ADN, ils n'ont pas encore fait leur apparition. le temps passe, les agressions se multiplient, la science progresse, les cas finissent par être rapprochés et leur auteur finalement identifié, confondu, jugé, condamné.

Cette "radioscopie d'un fait divers" ne se contente ni de raconter une histoire, ni de cataloguer les victimes. le document, qui peut dans un premier temps paraître factuel et redondant dans sa forme, dit surtout beaucoup de notre société, de la place qu'y occupent les femmes et du regard que la justice pose sur les victimes de violences sexuelles. À la lecture - ou ici à l'écoute - de cette énumération des cas, le lecteur - l'auditeur - comprend finalement l'importance de ce qui semble un matraquage nécessaire, lequel met en lumière les dysfonctionnements d'un système. En effet, la retranscription des dépôts de plainte est éloquente : les forces de police brillent par leur manque de sérieux et le scepticisme de certains enquêteurs est confondant. Quand ils ne mettent pas en doute la parole des plaignantes, ils les culpabilisent ou les ignorent. Isolées et peu informées, ces dernières se pensent seules. Elles sont pourtant plusieurs dizaines à être victimes du même homme. Malheureusement, elles sont également toutes négligées par cette justice lacunaire...

Avant de conclure son essai par un témoignage personnel poignant, même s'il apparaît finalement d'une horrible banalité, Alice Géraud livre quelques réflexions pleines de bon sens sur la peine réservée aux auteurs de crimes sexuels et invite à une remise en question du système. Jugez plutôt : en France, "l'auteur d'un viol encourt une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle. Cette peine peut être alourdie [de cinq ans supplémentaires] lorsque le viol a été commis avec des circonstances aggravantes" - d'où les vingt ans de réclusion de Dino Scala. C'est-à-dire que, tenez-vous bien, une fois qu'il a commis un viol, un criminel peut multiplier à l'infini le nombre de ses victimes sans risquer d'alourdir sa peine. Voilà qui mérite effectivement réflexion...

Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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L'éternel dysfonctionnement entre police et gendarmerie, entre commissariats voisins qui n'échangent rien. Deux mondes parallèles.

Le sujet est si tabou, insignifiant, dans les années 80 90, ignoré, dénigré... normal.
Pour y avoir vécu, sous cet angle, après 30 ans, cette période fait froid dans le dos. Ce sujet dont on ne parlait pas, qui nous terrorisait pourtant, pour lequel nous étions la cible...

La remise en cause systématique de la parole des victimes, parce que très jeunes, trop stéréotypées d'office.

La non communication/transmission/échange est frustrant, flagrant, pénible à lire, cela donne envie de râler sur le livre, de dire tout haut "C'est pas vrai ! Mais regardez ! ECOUTEZ !"
Facile à dire, je sais.
Mais cela remue à l'intérieur.

Et puis le texte relate tout, les faits, les agressions, les faiblesses, les erreurs, les mauvais comportements, factuels, sans pitié, sans détour, avec toujours cette note de consternation, devant l'aberration qui semble enduire tout, cette sorte d'obstination des choses à ne pas vouloir montrer l'ampleur du crime, de l'horreur dans un seul homme, tout comme la souffrance de toutes ses victimes, à vie.

Saisissant, effrayant parce que réel.

Et refermer cette parenthèse glaçante mais très importante, en se disant en son for intérieur qu'en fait, je suis concernée, on est toutes concernées.

Merci pour ce travail et cette liberté rendue à la parole.
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Une enquête édifiante sur un certain mépris de la parole des femmes, par ceux qui enregistrent leur plainte après une agression sexuelle, un viol, mais aussi par le manque de compassion de la justice sur le traumatisme subi.
On sait qu'en 1986, il y a 40 ans, police et gendarmerie étaient peu compétentes pour traiter le cas d'un criminel en série, un phénomène que l'on croyait réservé aux Etats Unis. Il n'y avait ainsi aucune communication d'un commissariat à l'autre, même au sein d'une petite bourgade du nord. Les avancées scientifiques étaient balbutiantes, mais lorsque l'analyse de l'ADN se développe, peu sont formés pour en comprendre l'importance.
Enfin et surtout, déposer plainte juste après un viol est une seconde épreuve où la victime est soupçonnée de mensonges, où les policiers minimisent les actes commis, réécrivent l'histoire en l'euphémisant, ou bien la classent sans suite d'office. Il faut y ajouter l'examen gynécologique humiliant pour des jeunes filles qui étaient parfois vierges, d'un bout de la chaîne à l'autre, on fait peu de cas du traumatisme subi.
C'est le mérite de la journaliste des « Jours », Alice Géraud, qui a compilé les témoignages des victimes et montré le boulet qu'elles doivent trainer toute leur vie, des adolescences brisées, des femmes que l'on peine toujours à écouter, même lors du procès du violeur, en 2022, lorsque des victimes sont malmenées alors qu'elles doivent revivre des drames subis 30 ou 20 ans plus tôt.
Car si 1986 semble de l'histoire ancienne, on sait qu'en 2023 des femmes ont été tuées par leur conjoint après avoir réclamé une protection. Malgré des efforts de formation de ceux qui recueillent les femmes en détresse, malgré des peines plus sévères, il reste cette petite voix malveillante qui susurre : « ne l'a-t-elle pas cherché ? » Plus que la traque d'un sérial violeur, qui aurait dû être arrêté cent fois, c'est cette parole bafouée, ce manque d'écoute qui restent au coeur de cette enquête.
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