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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Sambre, radioscopie d'un fait divers », de la journaliste indépendante Alice Géraud, a reçu en mars dernier le prix du livre 2023 des Assises du Journalisme,

Une enquête à tous points passionnante qui retrace la trajectoire de Dino Scala, « le violeur de la Sambre » accusé d'avoir commis une cinquantaine de viols et agressions sexuelles entre 1988 et 2018 ( 56 victimes présumées, mais les victimes réelles sont bien plus nombreuses).

Ex journaliste à Libération et co fondatrice de l'excellent site d'information Les jours, Alice Géraud*, relate l'enquête tentaculaire mais incroyablement mal ficelée qui a abouti, le 26 février 2018, à l'arrestation de Dino Scala, très féroce prédateur sexuel qui aura, sous des dehors de Monsieur Tout le Monde, sévi, sans être inquiété pendant très longtemps.

L'enquête réalisée par Alice Géraud, précise et rigoureuse, révèle surtout les vices, pour ne pas dire les manquements incroyables de la justice et de la société ainsi que la façon dont les vicitimes ont perçu ces incuries judiciaires . La grande force du livre d'Alice Géraud, c'est de donner enfin parole et existence aux victimes de Dino Scala : tour à tour ces femmes, de profils et d'âges différents, sont présentées, et les agressions et les viols qu'elles ont subis sont décrits avec précision, en suivant l'ordre chronologique des faits.

Car celles ci ne sont pas toujours crues, leurs paroles ne cessent d'être confrontées aux doutes, et globalement, les plaintes ne semblent pas vraiment être prises au sérieux.

« Ne subsistent de ces agressions sexuelles trois décennies plus tard que quelques procès-verbaux retrouvés dans les archives séparées de la police et de la gendarmerie. La justice n'en a conservé aucune trace »

Alice Géraud stigmatise de brillante façon le sort réservé aux victimes de violences sexuelles en France et n'hésite pas à insister sur le stress post-traumatique qu'elles subissent encore aujourd'hui.

Un des livres de non fiction les plus épatants de ces dernières années et assurément une lecture difficile mais nécessaire.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les viols et les agressions sexuelles ont perduré pendant 30 ans autour de la Sambre, dans le Nord de la France et en Belgique. Un mode opératoire rodé, à l'aube, quand les ombres se glissent par derrière, de la violence et des menaces. Des cordelettes, une voix grave, une odeur d'usine. La peur. L'homme récidive d'une commune à l'autre ; elles sont majeures ou mineures, ces femmes qu'il étrangle sans tuer, qu'il contraint, qu'il brise. Il faut dire qu'il est impuni dans ce monde où l'on ne croit pas les femmes, où l'on minimise leurs vécus, où l'on doute même de la véracité de leurs plaintes. Que faisaient-elles là ? Et puis, pourquoi ne se sont-elles pas défendues ? On épluche leur existence, on s'interroge sur la légitimité de leurs dépositions. L'agression devient un attentat à la pudeur, le viol une banale violence de quartier. Les années filent sans que l'homme soit inquiété, sans que la police ou la gendarmerie ne s'affole. Il y a pourtant des hommes et des femmes sensibles aux faits, des agents qui tenteront d'agir : des coups d'épée dans l'eau, des paperasses qui s'entassent, le silence. le coupable finira néanmoins par être pris, ses victimes seront enfin reconnues.

Saisissante immersion dans un dossier aux multiples défaillances, cette enquête fouillée et passionnante révèle les manquements d'un système qui a permis à un homme d'agresser et de violer de nombreuses femmes pendant 30 ans. Alice Géraud s'intéresse aux victimes et aux lourdes conséquences sur leur vie brisée. Elle leur donne enfin la parole.

Une lecture glaçante.
Lien : https://aufildeslivresbloget..
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La Sambre est une rivière, à la frontière franco-belge, passant par Maubeuge, le long de laquelle des viols et agressions sexuelles ont été commis par un même homme durant trente ans. Alice Géraud débute son enquête approfondie sur ce fait divers en 2018, peu après son arrestation.

L'autrice met en avant les victimes qui, au-delà de l'atteinte physique, ont subi la mise en doute de leur parole, la perte de leur procédure, l'absence de prévention, le manque de thérapie pour une reconstruction.

Les dysfonctionnements du système liés à une absence d'informatisation, de moyens, de formation, de suivi, sont pointés, dans une période où l'appréhension des atteintes et agressions sexuelles évoluaient, notamment avec l'adoption du nouveau code pénal en 1994.

L'auteur des faits sera finalement condamné en juin 2022 à la peine maximale pour les faits reprochés, à savoir vingt ans d'emprisonnement, avec une peine de sûreté correspondant aux deux tiers de la peine.

Cette radioscopie très documentée reprend chaque cas, les détails du mode opératoire, l'ensemble des moments où un traitement différent aurait pu tout faire basculer, mais son intérêt est surtout de montrer le chemin parcouru et restant à parcourir en posant de nombreuses questions sur le traitement de ces infractions sexuelles.

Aujourd'hui encore est-il normal que la peine puisse être inférieure au temps d'infraction, que la préméditation ne soit pas prise en compte dans la peine encourue, qu'une fois qu'un viol est commis la peine encourue reste la même qu'il y ait deux victimes ou cinquante ?
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En ce moment les récits de faits divers ont le vent en poupe, de nombreux récits tourne autour de cela et une nouvelle collection est même apparu récemment.

Certains faits divers sont plus ou moins connus, ici pour moi j'avais déjà entendu ce nom du violeur de la Sambre mais sans connaitre vraiment l'histoire, on plonge ici complétement dans le passé avec le manque de coordination flagrant des enquêteurs, le fait que les femmes plus ou moins jeunes soit plus ou moins crus.

J'ai vraiment eu un noeud à la gorge durant cette lecture car malgré la multiplicité ici des cas, beaucoup de plaintes n'ont pas été enregistrées et ou suivies correctement, de même la parole des victimes est également très souvent mis en doute.

Le livre montre bien également les difficultés des victimes à continuer à vivre après ce traumatisme sans que le coupable soit arrêter avant de nombreuses année, malgré le fait que les enquêteurs connaissent de nombreux détails sur l'agresseur ( marque de la voiture, bonnet récupérer par une victime, trace de pas entre autres).

J'ai aimé dans ce récit justement cette axe pris par l'auteur qui s'intéresse plus en profondeur en victime et non pas au coupable comme dans beaucoup de récit de ce type.

C'est tout de même effarant et sidérant de voir que cet homme ai pu resté en liberté si longtemps alors que les faits ont même commencé dans sa propre famille.

On lit ce récit comme en apnée en se demandant quand et au bout de combien de victimes cela va t-il s'arrêter.

Mention spéciale également pour les toutes dernières pages évoquant la maire d'une commune et le passé de l'auteur également qui sont très émouvants.
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Un fait divers décortiqué par une journaliste, un récit qui donne la parole à ces femmes qui ont été violées Je pense que toutes (ou presque) ont été rencontrées par l'auteure.

Le "Violeur de la Sambre" a sévi durant plus de 20 ans sur un petit territoire, le long de la Sambre, sur un parcours de 27 km. , à la frontière belge. Comment a-t-il pu faire ça durant autant d'années sans être inquiété ? Ce récit - qui n'est pas à proprement parlé un roman - est glaçant.

Les témoignages de ces femmes et des jeunes filles (beaucoup d'entres elles étaient de jeunes mineurs) qui n'ont pas toujours été pris en compte, à l'époque, par la police ont une voix via ce livre. La police et la gendarmerie française sont mises à mal dans ce récit : manque de coopération entre elles (voulues ou non), discrédits sur les victimes où l'on met en doute leur témoignage, procès-verbaux bâclés, pertes des PV, mains courantes ou illisibles. Il y a eu plusieurs juges aussi qui ont repris l'affaire, de mémoire, 12 au total. Il a fallu longtemps pour recouper le tout et grâce à certaines personnes qui ont bien fait leur boulot et je pense aussi à "une petite main" - qui a été d'une grande aide - archiviste.

Le violeur a aussi sévi en Belgique et là aussi, même si en Belgique, à cette époque, les communications entre les différents polices étaient améliorées (suite à l'affaire Dutroux), elles étaient difficiles avec les autorités françaises.

Juste a été rendue , les victimes seront (ou plutôt sont) quant à elles marquées à vie.

Ici, ce n'est pas donc pas présenté comme un roman mais comme un essai (?) , une enquête où la voix des femmes s'imposent face à celle de leur bourreau. Vu le nombre glaçant de victimes, il y a une sorte de "répétition" qui était obligatoire quant à la description des témoignages. le mode opératoire du violeur était pratiquement toujours le même.
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Dino Scala, le serial violeur de la Sambre.

Comment, pendant plus de 30 ans, un homme a t'il pu commettre des agressions sexuelles à répétition dans un périmètre si petit sans être arrêté, ni même soupçonné ?

Radioscopie d'une époque où la parole de la femme
violentée était remise en cause, où police et gendarmerie ne travaillaient pas main dans la main et où les analyses génétiques balbutiaient.

Roman intéressant pour comprendre les dysfonctionnements de l'époque ; en revanche le récit des viols à répétition était il nécessaire ?

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Comment, pendant trente ans, un homme a-t-il pu violer et agresser sexuellement plus de cinquante femmes et adolescentes dans un périmètre aussi modeste que ce petit bout de territoire du nord de la France jouxtant la frontière belge qu'est le Val de Sambre ?
Avec ce documentaire, fruit de quatre années d'enquête, Alice Géraud apporte une réponse. Elle est glaçante.
L'indifférence et le manque de formation des policiers et des gendarmes plus concernés par les vols, les cambriolages et les deals de drogue que par les souffrances des victimes du « sexe faible », les carences d'une justice débordée et le peu d'intérêt des médias et des élus pour ces crimes qui se déroulent dans leur région sont les principales explications de ce fiasco qui en dit long sur les priorités d'une société dysfonctionnelle et indifférente.
Tout en recensant minutieusement les défaillances des institutions censées protéger les citoyens, la journaliste dirige le projecteur sur les cibles du pervers et leurs souffrances qui perdurent plusieurs années après l'attaque.
Cette enquête est une manière de rendre leur dignité à ces femmes de peu, souvent mineures, parfois accusées de mythomanie, souvent rabaissées, toujours incomprises.
À part de quelques Justes qui ont permis de faire avancer leur cause : Christine Andrieux, la documentaliste du BDAC de Lille, le policier Franck Martins et la maire de Louvroil Annick Mattighello.
Merci pour leur courage et leur empathie.

Lien : https://papivore.net/littera..
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Une enquête journalistique qui retrace les manquements mais aussi les manques de moyen de la justice et de la police et qui a permis à un violeur en série de sévir pendant trente ans.
Le début du livre nous retrace de façon claire, nette ce qui est arrivé à ses nombreuses jeunes filles et femmes des années 80 jusque 2010.
J'ai trouvé ça un peu long mais je comprends la volonté de l'autrice de donner la parole à toutes ces victimes qui à l'époque n'ont pas toujours été entendues.
Le livre souligne aussi la minimisation des faits par les policiers (qui n'étaient absolument pas formés pour recevoir ce genre de plainte) et on se dit que cet homme a finalement pu profiter d'un système où la victime est peu prise en compte.
Un livre qui dénonce mais qui à mon sens manque d'un petit quelque chose qui ne m'a pas permis d'entrer complètement en empathie avec toutes les victimes.

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Un livre très bien documenté sur le violeur de la Sambre ; c'est prenant et dur car on voit la détresse de ses femmes et du déni d'une partie des forces de police et de la difficulté de traiter les choses ! C'est un peu hélas redondant dans les faits car il agit toujours de la même manière mais vraiment, c'est un bon livre enquête
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La Sambre, une rivière franco-belge et affluent de la Meuse, donne son nom à une région industrielle du nord de la France, laquelle est notamment tristement célèbre pour avoir été le terrain de chasse d'un prédateur sexuel durant trois décennies.

On pourrait résumer l'affaire dite du "Violeur de la Sambre" par un portrait de Dino Scala. Pour Alice Géraud, il semblait plus juste, plus pertinent de dresser celui de ses victimes. La journaliste a donc pris le parti de n'accorder qu'une place très secondaire à l'auteur des agressions, mettant l'accent sur les femmes dont il a brisé la vie, de la fin des années 80 à 2018, date à laquelle cet ouvrier, mari et père de cinq enfants a finalement commis l'erreur qui lui vaut une peine de vingt ans de réclusion.

Le livre est donc composé d'une série de récits, précis et détaillés, qui dressent les contours de l'affaire. Tour à tour, les cas se succèdent et racontent la même histoire : au petit matin, sur les bords de la Sambre, un homme coiffé d'un bonnet, armé d'un couteau et d'un cordelette, surgit par derrière et commet l'irréparable avant de disparaître dans la nature. Encore et encore. Ces femmes et ces filles portent plainte mais l'individu reste introuvable. Il faut dire que dans les années 80, la technique policière n'est pas celle d'aujourd'hui. Rien ne permet donc de recouper ces agressions pourtant similaires. Quant aux fichiers ADN, ils n'ont pas encore fait leur apparition. le temps passe, les agressions se multiplient, la science progresse, les cas finissent par être rapprochés et leur auteur finalement identifié, confondu, jugé, condamné.

Cette "radioscopie d'un fait divers" ne se contente ni de raconter une histoire, ni de cataloguer les victimes. le document, qui peut dans un premier temps paraître factuel et redondant dans sa forme, dit surtout beaucoup de notre société, de la place qu'y occupent les femmes et du regard que la justice pose sur les victimes de violences sexuelles. À la lecture - ou ici à l'écoute - de cette énumération des cas, le lecteur - l'auditeur - comprend finalement l'importance de ce qui semble un matraquage nécessaire, lequel met en lumière les dysfonctionnements d'un système. En effet, la retranscription des dépôts de plainte est éloquente : les forces de police brillent par leur manque de sérieux et le scepticisme de certains enquêteurs est confondant. Quand ils ne mettent pas en doute la parole des plaignantes, ils les culpabilisent ou les ignorent. Isolées et peu informées, ces dernières se pensent seules. Elles sont pourtant plusieurs dizaines à être victimes du même homme. Malheureusement, elles sont également toutes négligées par cette justice lacunaire...

Avant de conclure son essai par un témoignage personnel poignant, même s'il apparaît finalement d'une horrible banalité, Alice Géraud livre quelques réflexions pleines de bon sens sur la peine réservée aux auteurs de crimes sexuels et invite à une remise en question du système. Jugez plutôt : en France, "l'auteur d'un viol encourt une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle. Cette peine peut être alourdie [de cinq ans supplémentaires] lorsque le viol a été commis avec des circonstances aggravantes" - d'où les vingt ans de réclusion de Dino Scala. C'est-à-dire que, tenez-vous bien, une fois qu'il a commis un viol, un criminel peut multiplier à l'infini le nombre de ses victimes sans risquer d'alourdir sa peine. Voilà qui mérite effectivement réflexion...

Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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