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EAN : 9782862274560
206 pages
Editions Alternatives (09/06/2005)
3/5   1 notes
Résumé :


Non, Topor n'est décidément pas seulement un grand dessinateur des étrangetés et des angoisses humaines, c'est aussi un écrivain précis dans la déstabilisation de nos repères, un nouvelliste, un peintre, un sculpteur, un dramaturge, un pamphlétaire, un acteur, un décorateur, un photographe, un parolier, un graveur, un scénariste...

Souvent plus reconnu en Allemagne ou en Belgique qu'en France, il était temps d'affirmer ses talents mu... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Topor aurait été content. Ce dictionnaire biographique n'est pas n'importe quelle tentative de vulgarisation à l'usage de l'indifférent car il est avant tout le résultat d'une vive amitié entre Roland Topor et Laurent Gervereau. Allant dans le sens d'une évolution que n'aurait pas renié l'artiste multiforme, ce modeste (presque) tout Topor avait d'abord porté le titre plus solennel de Dictionnaire Topor, conçu et revu sous son égide. Si les lecteurs italiens ont pu immédiatement profiter de cette première mouture, il aura fallu attendre la mort de Roland Topor pour que paraisse sa version française, très rapidement épuisée. A nouveau contenu, nouveau titre : aujourd'hui paraît la version revue et augmentée de ce premier Dictionnaire Topor. Pas de quoi faire remuer Roland dans sa tombe : les ajouts ciblent surtout la collaboration de l'ami Gervereau dans cette entreprise et quelques derniers dessins que notre plaisir ne rechigne pas. Pour le reste du contenu, les extraits de textes, les informations biographiques et les dessins sont toujours répertoriées sous la forme classique du dictionnaire.


Le langage est quand même bien fait : le B de l'entrée « Biographie » arrive presque en tête du classement alphabétique, ce qui nous permettra de connaître le parcours de Roland Topor plus précisément avant de découvrir son oeuvre multiforme. L'artiste, au nom relativement peu connu eut égard à la quantité de réalisations qui furent siennes, a travaillé à la fois en tant que dessinateur et écrivain, mais il a aussi collaboré pour la réalisation de films, d'affiches publicitaires, de collages, d'installations et de chansons. La légende suit implicitement leur présentation et il n'est besoin d'aucun commentaire pour comprendre que Roland Topor ne suivait aucune démarche préalablement réfléchie. La recherche d'une expression multiforme se conjugue à l'originalité d'un humour amer qui mêle allègrement érotique et morbide. Roland Topor ne semble toutefois pas avoir pour ambition de se constituer l'image d'un artiste rongé par des pathologies névrotiques. On parcourt son oeuvre et on comprend que l'utilisation d'images fortes n'est pas une fin en soi mais correspond à la manière publicitaire de capter l'attention d'un spectateur pour lui véhiculer un message quasi-subliminal. Dans le cas de Topor, aucun message définitif ne nous est assené. On reste souvent désarçonné devant un texte ou une image qui nous trompe sur sa signification. Les réalisations de Topor deviennent bientôt des miroirs réfléchissants mais aussi déformants : un détail particulier devient saillant sous l'observation avisée du maître illusionniste.


(presque) tout Topor porte bien son nom. Ses pages contiennent un peu de l'artiste et un peu de l'homme, juste ce qu'il faut en connaître pour que la synergie des deux facettes nous ouvre sur la compréhension d'un univers qui suit son siècle. le refus de la société de consommation se couple à l'intérêt accru pour une forme d'art qui n'avait jamais réussi à trouver ses spectateurs jusqu'alors. On pense à l'émergence de l'art naïf et primitif lorsque Roland Topor souligne l'intérêt des [/justify]dessins d'enfants, par exemple (« Pourtant beaucoup de ces dessins possèdent de grandes qualités sur le plan esthétique, émotionnel, symbolique… »). le mélange d'un humour primesautier à des saillies verbales parfois violentes rappelle l'art d'un Boris Vian qui s'amusa lui aussi, en musique et en mots libérés de leurs anciens carcans. Si ce dernier souffrait de troubles cardiaques provoqués par une angine infectieuse, Roland Topor souffre d'un asthme métaphorique, se rapprochant par la même occasion d'un Emil Cioran dont il cite l'influence directe : « Cioran dit quelque part : « La réalité me donne de l'asthme ». Je souffre de la même maladie ». Plus loin, une explication des causes de cette maladie : « le sérieux n'est que la crasse accumulée dans les têtes vides ». Roland Topor nous donne la possibilité de rebooter nos cervelles encrassées. On se sent plus frais après avoir cheminé quelques pages en sa compagnie.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand on parle d’art, dans les secondes qui suivent, on parle d’argent… Un dessin d’enfant par exemple ne représente rien sur le marché. Pourtant beaucoup de ces dessins possèdent de grandes qualités sur le plan esthétique, émotionnel, symbolique…

-Extrait d’un entretien avec Eddy Devolder-
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Cioran dit quelque part : « La réalité me donne de l’asthme ». Je souffre de la même maladie.
C’est la conséquence d’une réalité caricaturale qui finit en impasse. Ce sont les codes peu permissifs qui entraînent ce type de réaction pour échapper à un comportement prévu d’avance, à la pétrification.
Vous vous sentez brutalisé, traumatisé et soudain, la nature irrépressible se manifeste là où la fuite est possible.
Moi, je prends la fuite par la bouche il y a sans doute d’autres issues de secours. Mais la bouche est la plus proche…

-Extrait de Court termes avec Eddy Devolder-
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Elle me chie cette nana
Assise au bout du bar
Si elle s’approche de moi
Je lui colle un coquard
C’est vraiment la pétasse
Qui se case pour la nuit
Son parfum dégueulasse
Me détruit le whisky
Je ne suis pas misogyne
Mais il faut avouer
Qu’il y a des frangines
Qui vous rendraient pédé

-Les barges de Bar-le-Duc (chanson)-
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En rognant mes côtelettes
Je construis je bâtis dans ma tête
Un monde différent
De c’qu’il est à présent
Un monde où les rognons
Les tendrons me cachent plus l’horizon
Un monde où les bouchers
Auraient l’droit d’s’exprimer

-La chanson du boucher-
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Peut nous chaut : le sérieux n’est que la crasse accumulée dans les têtes vides.
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Vidéo de Laurent Gervereau
Le documentaire "L'info est-elle comestible?" Interview du réalisateur Laurent Gervereau.
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