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Critique de ivredelivres


Je me suis embarquée sur l'Ibis, une goélette qui arrivée en Inde après bien des difficultés va repartir vers l'île Maurice, chargée de coolies main-d'oeuvre peu coûteuse, pour remplacer les esclaves que ce bateau négrier transportait jusqu'à l'abolition de l'esclavage par les anglais.
Nous sommes en 1838, en Inde les anglais ont imposé la culture du pavot aux paysans, l'opium récolté et traité dans des factories assure la richesse de l'Angleterre.
Cette goélette va devenir l'espoir, le cap pour une multitude de personnages, l'occasion pour eux d'aller au bout de leurs rêves, de faire le choix d'une vie différente, de changer, de devenir autre.
Pour Deeti qui va tenter de fuir l'Inde et le sort que l'on réserve aux veuves. le pavot a fait mourir son mari, les a asservi et ruiné, elle va se tourner vers l'unique personne qui lui a un jour témoigné de la compassion : Kalua « de taille inhabituelle et d'une carrure impressionnante »
Pour Jodu qui rêve de pouvoir s'embarquer, de retrouver Paulette sa presque soeur qui a grandi avec lui, partagé ses jeux. Il a tout appris « A force d'écouter les voix qui résonnaient sur le pont des grands navires » il rêve de grimper dans les vergues d'un de ces navires.
Pour Neel, le jeune rajah si fier qu'il ne veut pas voir les dettes qui s'accumulent, qui a la naïveté de penser que les anglais le respecte, qui découvre que l'on peut du jour au lendemain passer d'un palais des mille et une nuit à une geôle sordide
Pour Paulette l'Ibis c'est la possibilité de fuir un mariage imposé, orpheline passionnée par l'oeuvre de son père botaniste, grande lectrice de Rousseau et Voltaire, elle se plie mal au destin qu'on lui réserve, aux contraintes religieuses. Mais « une goélette n'est pas un endroit pour une femme » elle va devoir faire preuve de détermination.
Pour Zachary enfin « de taille moyenne, robuste, un teint de vieil ivoire » marin d'occasion, capitaine en second d'un navire qui a fait la difficile traversée depuis Baltimore. Sans Serang Ali et sa compagnie de lascars embarquée au Cap, ils ne seraient pas arrivé jusqu'au golfe du Bengale.
Fils d'esclave l'Ibis est pour lui l'occasion de changer, de changer de tout : d'origine, de métier, de destination.
Passionnant, coloré, épicé, porteur des senteurs de l'Inde, ce roman vous emporte de la première à la dernière page. C'est un tableau vivant, chaleureux, violent. Porté par un souffle romanesque qui ne se dément pas tout au long du récit, ce roman m'a rappelé mon impatience à la lecture des romans de Dumas.
L'aventure est au rendez-vous, les personnages qui vous invitent à passer d'une barque sur le Gange, à une soirée brillante au palais du Rajah,d'un bûcher funéraire à une prison sordide, des champs de pavots à la cale d'un négrier.
Tout y est : le valeureux héros, la jeune femme en danger, des lascars dangereux et sympathiques, des hommes sans foi ni loi, bref l'aventure avec un grand A.
Amitav Ghosh dresse le tableau d'une Inde disparue où le blanc fait la loi et où chacun a un destin tout tracé. En conteur exceptionnel il vous tient à sa merci et vous vous laissez éblouir par sa magie.
Pourtant attention, romanesque ne veut pas dire mièvre, le récit, les personnages ne sont pas tendres, on est loin des contes pour enfants.
Cet Océan de pavots et le premier tome d'une trilogie et je vous garantie que je serai au rendez-vous de l'Ibis.
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