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Citations sur Le Prophète (585)

Amitié

Un jeune homme intervint : Parlez-nous de l'Amitié.
Il répondit en ces termes :
Ton ami est la réponse à tes besoins
Il est le champ que tu sèmes d'amour et récoltes en rendant grâces.
Il est ta table chargée de mets et ton âtre.
Car tu viens à lui affamé et le recherches pour la paix.

Quant ton ami te découvre son avis, tu ne redoutes pas de lui dire « Non », tu ne retiens pas ton « Oui ».
Et quand il est silencieux, ton cœur ne cesse pas d'écouter le sien ;
Car sans mots, dans l'amitié, toutes paroles, tous désirs, toutes espérances naissent et se partagent, avec une joie spontanée.
Quand tu te sépares de ton ami, tu ne t'affliges pas;
Car ce que tu aimes le plus en lui pourra s'éclaircir en son absence, comme la montagne pour le grimpeur est plus nette depuis la plaine.
Et que l'amitié n'ait d'autre but qu'approfondissement de l'esprit.
Car l'amour qui ambitionne autre chose que la révélation de son mystère n'est pas amour mais un filet jeté, lequel n'attrape que l'inutile.

Qu'à ton ami tu donnes de ton meilleur.
S'il doit connaître le reflux de ta marée, qu'il connaisse aussi son raz.
Que serait ton ami si tu le cherchais pour tuer le temps ?
Cherche-le toujours pour le vivre.
Car il lui appartient de satisfaire ton besoin, pas ton vide.
Et qu'il y ait rire dans la douce amitié, et partage de plaisirs.
Car dans la rosée des détails, le cœur trouve son matin et la fraîcheur.
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Quelques-uns d’entre vous disent, « La joie est plus grande que la tristesse », et d’autres disent, « Non, c’est la tristesse qui est plus grande ». Mais je vous le dis, elles sont inséparables. Elles viennent ensemble, et quand l’une est assise seule avec vous à votre table, n’oubliez pas que l’autre est endormie sur votre lit.
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Votre peur de la mort n'est que le tremblement du berger debout devant le roi qui s'apprête à poser la main sur lui pour l'honorer.
Derrière ces frissons, le berger ne se réjouit-il pas de porter bientôt la marque du roi ?
Et pourtant, n'a-t-il pas davantage conscience de son tremblement que de sa joie ?
Qu'est-ce que mourir, sinon rester nu dans le vent et se fondre dans le soleil ?
Et qu'est-ce que cesser de respirer, sinon libérer son souffle de ses marées incessantes, afin qu'il puisse s'élever, s'épanouir et chercher Dieu sans contraintes ?
Vous devez boire à la rivière du silence avant de pouvoir vraiment chanter.
Il vous faut atteindre le sommet de la montagne avant de commencer à grimper.
Et quand la terre réclamera vos membres, alors seulement vous pourrez vraiment danser.
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Alors un érudit parla : Qu'en est-il de la Parole ?
Il répondit :
Vous parlez quand vous cessez d'être en paix avec vos pensées.
Lorsque vous ne pouvez plus demeurer dans la solitude du cœur, vous vivez par les lèvres, et le son est une diversion et un passe-temps.
Dans un grand nombre de vos propos, la pensée est à moitié estropiée.
Car la pensée est oiseau d'espace qui dans la cage des mots saura peut-être déployer les ailes, mais pas voler.
Il en est parmi vous qui recherchent le bavard par crainte de rester seuls.
Le silence de la solitude leur met sous les yeux leur soi nu auquel ils voudraient échapper.
Il en est qui parlent et sans connaissance ni pré- voyance révèlent une vérité qu'eux- mêmes ne comprennent pas.
Il y a ceux qui ont la vérité au-dedans d'eux, mais ne l'articulent pas.
Dans leur poitrine, résident l'esprit et son silence
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Exergue : "Car pour l'abeille, la fleur est une source de vie"

Souvent, en reniant le plaisir vous ne faites qu'accumuler le désir dans les replis de votre être.

Qui peut savoir si ce qui paraît oublié aujourd'hui n'est pas dans l'attente de vos lendemains ?

Votre corps, lui, connaît son hérédité et son juste besoin et ne voudra pas être déçu.

Et votre corps est la harpe de votre âme,

Et il n'en tient qu'à vous d'en tirer une musique douce ou sons confus

Et maintenant vous vous demandez en votre cœur, "Comment allons-nous distinguer ce qui est bon dans le plaisir de ce qui ne l'est pas ?".

Allez dans vos champs et vos jardins, et vous apprendez que c'est le plaisir de l'abeille de butiner le miel de la fleur.

Mais c'est aussi le plaisir de la fleur de céder son nectar à l'abeille.

Car pour l'abeille, la fleur est une source de vie,

Et pour la fleur, l'abeille est la messagère de l'amour,

Et pour tous deux, l'abeille et la fleur, donner et recevoir le plaisir sont un besoin et une extase.

Peuple d'Orphalese, soyez en vos plaisirs comme les fleur et l'abeille

p71-72 ( Edition Casterman)
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La pierre angulaire du temple n'est pas supérieur à la pierre la plus basse de ses fondations

P43 (Edition Casterman)
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Peuple d'Ophalese, vous pouvez voilier le tambour et vous pouvez délier les cordes de la lyre, mais qui pourra interdire à l'alouette de chanter ?

P46 (Edition Casterman)
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Car l'amour qui cherche autre chose que la révélation de son propre mystère n'est pas de l'amour mais un filet jeté : et seul l'inutile est pris.

P59

Édition Casterman
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Je voudrais que vous vous rappeliez ceci en vous souvenant de moi :
Ce qui semble le plus faible et le plus égaré en vous est le plus fort et le plus déterminé.

P91

Édition Casterman
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Alors un maçon vint et dit, Parlez nous des Maisons.
Et il répondit et dit :

Construisez dans votre imaginaire une retraite dans le désert, avant de bâtir une maison dans l'enceinte de la ville.

Car de même que vous vous en retournez chez vous au crépuscule, ainsi en est-il du voyageur qui est en vous, l'éternel isolé et solitaire.

Votre maison est votre corps déployé.

Elle s'épanouit au soleil et dort dans le silence de la nuit ; et ne reste pas sans rêves. Votre maison ne rêve-t-elle pas, et rêvant, quitte la ville pour la forêt ou le sommet de la colline ?

O, si je pouvais rassembler vos maisons dans ma main et tel un semeur les éparpiller dans la forêt ou dans la prairie.

Que les vallées soient vos rues et les verts sentiers vos allées, que vous puissiez vous chercher à travers les vignes, et revenir avec les senteurs de la terre dans vos vêtements.

Mais le temps pour ces choses n'est pas encore venu.

Dans leur peur, vos aïeux vous ont rassemblés trop près les uns des autres. Et cette peur durera encore un peu. Encore un peu, les murs de vos cités sépareront vos foyers de vos champs.

Et dites-moi, peuple d'Orphalese, qu'avez vous dans ces maisons ? Que gardez-vous derrière ces portes verrouillées ?

Avez-vous la paix, la force tranquille qui révèle votre puissance ?

Avez-vous des souvenirs, ces voûtes scintillantes qui enjambent les sommets de l'esprit ?

Avez-vous la beauté, qui mène le cœur des choses façonnées dans le bois et la pierre vers la montagne sainte ?

Dites-moi, avez-vous ces choses en vos demeures ?

Ou n'avez-vous que le confort, ou la convoitise du confort, cette chose furtive qui se glisse dans la maison comme un invité, puis devient un hôte, et puis un maître ?

Oui, et il devient dompteur qui avec fourche et fouet fait des pantins de vos plus généreux désirs.

Bien que ses mains soient de velours, son cœur est de fer.

Il vous berce jusqu'au sommeil, afin de rester à votre chevet et se moquer de la dignité de la chair.

Il se moque de vos sens qui sont robustes, et les couche dans l'ouate comme des vases fragiles.

En vérité, le désir du confort assassine l'ardeur de l'âme, et suit en ricanant ses funérailles.

Mais vous, enfants des espaces, vous dont le repos est toujours tourmenté, vous ne serez ni capturés ni domptés.

Votre maison ne sera pas une ancre, mais un mât.

Elle ne sera pas une étoffe chatoyante qui couvre une plaie, mais une paupière qui protège l'œil.

Vous ne replierez pas vos ailes afin de pouvoir franchir les portes, ni ne courberez vos têtes de sorte qu'elles ne heurtent le plafond, ni ne craindrez de respirer, de peur que les murs ne se fissurent et tombent.

Vous ne résiderez pas dans des tombes faites par les morts pour les vivants.

Et même regorgeant de magnificence et de splendeur, votre maison ne retiendra pas votre secret, ni n'abritera vos désirs.

Car ce qui est illimité en vous demeure dans le palais du ciel, dont la porte est la brume du matin, et dont les fenêtres sont les chants et les silences de la nuit.

P 32 à 34 (Edition Casterman)
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