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Citations sur Coco Chanel (39)

On n’a pas oublié que Gabrielle ne se montrait guère satisfaite des accords qui la liaient à la Société des parfums. Pierre Wertheimer étant revenu en France, elle reprend ses tentatives pour modifier son contrat dans un sens plus favorable à ses intérêts. On n’insistera pas ici sur les multiples péripéties qui ont jalonné cette interminable guérilla. Retenons seulement qu’elle se termine en mai 1947. À partir de cette date, Gabrielle va toucher 2 % brut sur tous les parfums Chanel vendus dans le monde. Elle devient ainsi l’une des femmes les plus fortunées de la planète.
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Le duc est volage, infidèle et comme, pour un homme de son espèce, les tentations sont multiples, il est incapable d’y résister. À chacune des escales de l’un de ses yachts, il invite à dîner à son bord, outre un certain nombre de personnalités, quelques jolies femmes. Il ne peut s’empêcher d’en retenir une pour la suite de la croisière, quitte à la débarquer un peu plus tard dans quelque port, comblée d’attentions… et de bijoux. Lors d’un des périples du Flying Cloud, il ne peut s’empêcher d’agir de la sorte, alors que Gabrielle est à bord. L’affront est de taille… Lorsque Bendor a raccompagné son éphémère conquête sur la terre ferme, avant de rejoindre son navire, il prend la précaution de se procurer, pour apaiser Coco, une émeraude de grand prix : c’est bien mal la connaître, on ne la traite pas, elle, comme une de ces « poules de luxe » qui s’accrochent aux milliardaires et qui consentiraient à accepter les pires humiliations pour les raisons les plus sordides. Alors, dès qu’elle a reçu le bijou des mains de l’infidèle, l’extrayant de son écrin, elle regarde le duc droit dans les yeux et, sans lui adresser un seul mot, le laisse tomber dans les eaux souillées du port. Après quoi, tournant les talons, d’un pas sec, elle regagne sa cabine. Cela se passe à Monaco…
Rude épreuve pour Westminster : il a l’habitude que tout plie devant lui.
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Lorsque Gabrielle s’adresse aux Wertheimer, ils ont déjà lancé, en 1923, un premier parfum appelé Mon parfum. En 1924, donc, se constitue une Société des parfums Chanel, associant Gabrielle à Pierre Wertheimer, Ernest Beaux devenant le directeur technique. À la suite Gabrielle bénéficiera durant toute son existence de revenus dont on dira par litote qu’ils la mettront pour toujours à l’abri du besoin* [*À sa mort, Gabrielle, selon le magazine Times (25 janvier 1971) laissa quinze millions de dollars de l’époque, soit environ 260 millions de francs de nos jours].
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Lorsque tout est prêt, Gabrielle ne place pas aussitôt le N°5 derrière les vitrines de la rue Cambon. Très ingénieusement, elle glisse dans les mains de chacune de ses amies du monde très chic dans lequel elle évolue, un des précieux flacons, comme si elle lui confiait son plus cher trésor :
— Je ne te le vends pas… Je te le donne… lui murmure-t-elle doucement.
Très vite se constitue, le bouche à oreille aidant, une espèce de club secret des fanatiques du N°5. Et lorsque les flacons seront mis en vente (uniquement au 31, rue Cambon), le succès est immédiat… Le parfumeur François Coty doit s’en mordre les doigts. Il aurait, dit-on, refusé d’adopter cette fragrance que Beaux lui avait d’abord proposé : « Trop cher ! » aurait-il répondu, en haussant les épaules…
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À en croire Misia Sert, c’est elle qui aurait donné à Coco l’idée de créer un parfum à son nom. Gabrielle aurait d’abord, à son instigation, lancé sur le marché une eau merveilleuse dont le secret, disait-on, jalousement gardé par les Médicis, aurait permis à la reine Catherine de conserver jusqu’à la vieillesse un teint de jeune fille. Ce liquide miraculeux permettait aussi aux messieurs d’éviter le redoutable « feu du rasoir », si difficile à éteindre, comme chacun sait. Devant le succès remarquable obtenu par cette Eau Chanel, Misia, selon ses dires, aurait conseillé à Coco :
— Pourquoi ne ferais-tu pas, franchement, des parfums Chanel ?
Une chose est certaine, en tout cas, Gabrielle, lors de son escapade dans le Midi avec le grand-duc, rend visite à Ernest Beaux, né à Moscou d’un père français, qui travaille à Grasse comme chimiste en parfums. Or, cet homme a passé la plus grande partie de sa jeunesse à Saint-Pétersbourg et son père a été employé à la cour des tsars. Il est donc infiniment probable que cette rencontre a été ménagée par Dimitri – auquel Gabrielle devrait, en partie, le triomphe de son premier parfum, le Chanel N°5…
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Durant sa liaison avec le grand-duc, Gabrielle connaît une période particulièrement heureuse : elle prend deux mois de vacances. D’abord descendue avec lui à l’hôtel du Palais à Biarritz, elle préfère la solitude à deux. Elle loue alors à l’entrée du bassin d’Arcachon, au Moulleau, une grande villa blanche nommée AmaTikia, dont les flots viennent lécher la terrasse. Elle y fait venir son maître d’hôtel Joseph Leclerc, accompagné de Marie, sa femme et le fidèle Piotr. Tous les matins, une de ces pinasses à moteur si caractéristiques du Bassin vient chercher les amants pour les déposer sur une plage déserte, bordée de pins. Ils se baignent, ils se dorent au soleil, ils font des pique-niques, ils se promènent dans la forêt odorante, foulant de leurs espadrilles le sol élastique que forment les aiguilles… Vers les trois heures, le pêcheur qui les avait amenés vient les reprendre… Parfois, ils excursionnent dans les environs, visitent quelques vignobles du Médoc, se hasardent jusqu’à Bordeaux… Ils ne reçoivent que quelques rares intimes dont Jean Cocteau qui est un habitué du Piquey, à quelques kilomètres de là, sur le Bassin. Le reste du temps, ils se livrent au plaisir d’être à deux, et… de ne rien faire. C’est d’ailleurs la première et dernière fois de sa vie qu’il en sera ainsi pour Coco. Mais elle n’en sait rien encore. En fait chaque fois que, par la suite, elle disposera de quelque loisir et quittera Paris, elle sera toujours entourée d’une foule d’amis et de relations.
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Igor invite Gabrielle à venir le voir à Barcelone où il dirige l’orchestre. Elle accepte sans méfiance. Mais quelque temps après, changeant d’idée, elle décide de se rendre, non plus en Espagne mais à Monte-Carlo : elle s’est dit qu’il serait beaucoup plus agréable pour elle d’y passer quelques jours avec un homme qui lui plaît, le beau Dimitri de Russie. Elle l’invite en toute simplicité :
— Je vais à Monte-Carlo pour essayer une nouvelle voiture… Voulez-vous m’accompagner ?
Le grand-duc hésite… ses moyens financiers, explique-t-il, sont limités.
— Nous partagerons les frais, le rassure-t-elle. Et d’ailleurs, nous ne serons pas obligés de descendre dans le plus grand hôtel… Quant à l’essence, c’est le garagiste qui la paiera. Il en a les moyens, croyez-moi !
Finalement, Dimitri accepte… Mais Misia veille au grain. Foncièrement perverse, assoiffée de catastrophes, elle envoie un télégramme à Igor qui, n’ayant jamais renoncé à conquérir Gabrielle, l’attend fébrilement à Barcelone. Elle libelle ainsi sa dépêche : « Coco est une midinette qui préfère les grands-ducs aux artistes. »
En fait, Coco pensait effectivement se rendre aussi en Espagne, après son escapade à Monte-Carlo. Mais le télégramme de Misia met Igor dans une telle rage que Diaghilev, affolé, télégraphie sur l’heure à Gabrielle cette mise en garde : « Ne viens pas, il te tuerait ! » Naturellement Misia, devant les violents reproches que lui adresse Coco, nie farouchement être l’auteur de cette odieuse dénonciation. Mais sa victime n’en croit pas un mot. Elle sait de quoi est capable son amie… Les voilà brouillées pour plusieurs mois…
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Un jour, Gabrielle s’aperçoit qu’Igor paraît extrêmement préoccupé. Il finit par lui révéler l’objet de ses inquiétudes :
— Le directeur de la salle Gaveau aimerait que je donne un concert, mais l’affaire ne se fera pas. Je n’ai pas de garanties financières suffisantes…
— Si ce n’est que cela, réplique Gabrielle en riant, je m’en charge.
Cependant, comme elle a horreur des querelles et connaît la susceptibilité de son amie, elle prend ses précautions…
— Et maintenant, Igor, il faut que vous informiez Misia.
Stravinski n’a pas l’air enchanté, il hésite…
— Allez-y ! lui enjoint Coco de ce ton sans réplique que ses familiers connaissent bien.
Dès le lendemain, Misia l’accable de reproches :
— Je suis suffoquée de chagrin quand je pense que Stravinski a accepté de l’argent de toi !
Misia, qui a le génie de l’embrouille, s’active pour dramatiser : elle s’imagine que Stravinski va divorcer pour épouser Coco. Sert, qui ne veut pas être en reste quand il s’agit d’exagérer, s’en prend à Igor qu’il insulte :
— Môssieur, M. Capel m’a confié mademachelle. Un homme comme vous, Môssieur, ça s’appelle un maquereau !
L’ineffable Misia redouble d’efforts pour compliquer encore la situation : prenant un ton tragique, elle dit à Coco :
— Stravinski est dans la chambre à côté, il veut savoir si tu l’épouseras ou non. Il se tord les mains.
Gabrielle aura beaucoup de mal à mettre un terme à ces scènes délirantes et à obtenir que Stravinski s’assagisse et ne lui demande que son amitié.
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Gabrielle, après avoir sous divers prétextes refusé les invitations de Misia, accepte enfin de la revoir. Peut-être a-t-elle tort, comme son amie le lui répète, de se cloîtrer à Garches où elle est en train de sombrer dans la « neurasthénie », comme on appelle alors la dépression. Mais il faut qu’elle se méfie de Misia : on l’a souvent mise en garde contre la Polonaise : elle est attirée par le malheur, lui dit-on, comme l’abeille par certains parfums. « Elle est généreuse, dira plus tard Coco, à condition qu’on souffre, elle est prête à tout donner, à tout donner, ajoute-t-elle, pour qu’on souffre encore. » Telle est la complexité perverse de cette femme hors du commun dont Gabrielle fera néanmoins qu’elle peut en attendre, en bien ou en mal.
Invitée chez Misia chez laquelle elle se rend plus par raison que par plaisir, elle assiste à maintes réceptions. Au début, elle s’y borne, sans ouvrir la bouche, à écouter tout ce qui se dit… D’ailleurs, on la laisse parfaitement tranquille et on ne lui pose pas de question. Elle n’en demande pas plus. Devant elle, les amis de la maîtresse de maison ne parlent que du prochain retour dans la capitale de Stravinski, installé en Suisse depuis 1914. Le compositeur de L’Oiseau de feu, de Petrouchka, du Sacre du printemps, ballets confiés à Diaghilev, va retravailler avec lui à une nouvelle œuvre intitulée Pulcinella, dont décors et costumes seront dessinés par Picasso. Ainsi Gabrielle, grâce à Misia, entre-t-elle de plain-pied dans le monde de l’art : ces créateurs dont elle entend parler, et bien d’autres qui leur succéderont, vont devenir ses amis.
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Il y a maintenant des femmes d’affaires qui prennent la direction d’une entreprise pendant l’absence de leur mari mobilisé, des sportives, des golfeuses, des automobilistes qui participent aux courses… et, tout simplement, des personnes qui empruntent le métro ou l’autobus. À l’inverse, les femmes exhibées naguère aux pesages de Longchamp ou de Chantilly, surchargées de bijoux, de fourrures et de chapeaux extravagants apparaissent comme des survivantes d’un autre âge. « J’ai rendu au corps des femmes sa liberté, dira Gabrielle. Ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage. » Ainsi, lorsque Chanel détruit une mode qu’elle haïssait et crée une silhouette de femme toute neuve, on entre dans un autre siècle…
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