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Critique de sylviedoc


Voilà bientôt un mois que j'ai quitté Marianne, l'héroïne héroïnomane de ce roman de presque 1000 pages (édition poche), et que mon cerveau refuse obstinément de répondre "présent" à chaque fois que j'envisage d'en écrire une critique. Au contraire, il m'envoie le message : "tu crois vraiment que tu vas apporter quelque chose d'original après 502 billets dont certains vraiment très talentueux ?", et je suis bien obligée d'admettre qu'il a raison. J'en ai lu un bon paquet avant de m'attaquer au pavé, histoire de tester mon envie, résultat positif puisque me voici. Et encore relu d'autres après, ce que je fais rarement, parce que je n'arrive tout simplement pas à exprimer mon ressenti.
Autant les billets très positifs de @belette2911, @Ziliz ou @Siabelle, pour ne citer qu'eux, m'ont totalement emportée et je me suis dit "ah oui, c'est vraiment ça, elles expriment totalement ce que j'ai senti dans mes tripes !" ; autant ensuite ceux plus mitigés de @Crossroads, @CasusBelli ou encore @karmax211, bien plus réservés pourtant, m'ont fait réfléchir davantage et penser : "oui, c'est vrai, ils ont raison, trop c'est trop". Les attentifs auront noté que les plus enthousiastes émanent de femmes, et les réservés d'hommes. Mais gardez-vous de généraliser, j'ai lu certaines critiques de femmes qui ont carrément détesté, mais aussi d'hommes qui portent aux nues.

Voilà qui ne fait guère avancer le schmilblick, c'est quand qu'elle nous dit quoi, penserez-vous ? et bien d'abord, pas de résumé, d'une c'est impossible pour moi de réduire cette histoire à quelques lignes, et de deux, bien d'autres s'y sont risqués, c'est donc inutile. Mais je vais m'attarder quelque peu sur le personnage de Marianne, cette jeune meurtrière d'une vingtaine d'année condamnée à la perpète pour avoir fait passer de vie à trépas un vieil homme (un "accident de parcours") et un flic qui la tenait en joue ("légitime défense"), et paralysé en prime la policière binôme du précédent. Une jeune femme toute en nuances, cette Marianne, et je ne suis même pas ironique en écrivant cela ! Car oui, elle est ultra-violente sitôt qu'on la "cherche", d'ailleurs elle fera d'autres victimes une fois embastillée, mais si on creuse un peu dans son histoire, et si on a la chance d'entrer dans ses bonnes grâces, on fait la connaissance d'une Marianne capable d'empathie, de tendresse et surtout d'amour inconditionnel. Une part de pas de chance, une part de manque affectif dans son enfance, une part de mauvais karma, et un jour tout part en vrille. Et comme la demoiselle maîtrise les arts martiaux, et qu'elle est très susceptible, elle fait forcément des dégâts dans son sillage. Elle va s'attirer beaucoup d'ennemis (ce qui doit être courant dans ce genre de prison où les détenus ne sont en général pas des enfants de choeur), et comme la violence attise la violence, je ne vous fais pas un dessin, les coups vont pleuvoir de tous côtés. Trop pour moi, j'ai eu un sentiment d'écoeurement au bout du Xième tabassage en règle, et comme d'autres avant moi, je me suis demandé si on était dans un de ces jeux vidéo où même quand on est mort on revit encore et encore. C'est là que s'est située ma limite de tolérance, dans cette répétition inutile de tortures, de viols, de blessures qui pourtant ne semblent affecter Marianne que très peu de temps jusqu'à ce qu'elle en provoque de nouvelles. Mais on ne peut pas pour autant la réduire à un personnage sado-maso, elle a bien d'autres facettes plus attachantes. Déjà sa fascination pour les trains, qu'elle entend passer du fond de sa cellule, et qui l'aident à supporter ces journées interminables en lui rappelant des souvenirs, en la faisant voyager par procuration. Ces trains auront une importance capitale dans le roman, jusqu'à la fin. Elle sera capable aussi de défendre bec et ongle Emma, sa co-détenue surnommée "le fantôme", contre les attaques des autres prisonnières, non sans l'avoir d'abord elle-même bien amochée d'ailleurs. Elle a une curieuse soif de justice, mais a du mal à l'exprimer autrement qu'en frappant ceux qui ne pensent pas comme elle. Elle aime aussi, son premier compagnon Thomas, tué lors de son arrestation, puis ensuite Daniel, un maton très ambivalent lui aussi. Leur relation m'a évoqué un peu le syndrome de Stockholm, quand une victime tombe amoureuse de son bourreau. Elle reproduira encore ce schéma dans la deuxième partie avec Franck, un commissaire de police qui la tient également à sa merci.
Bon, j'avais dit pas de résumé, je vais donc m'arrêter sans en dire plus.
Pour ceux qui connaissent et apprécient Karine Giebel, nul doute que ce roman écrit il y a déjà plus de dix ans reste l'un de ses plus forts, qu'on l'ait adoré ou pas. Mais il aurait certainement gagné en efficacité avec quelques 200 pages en moins, notamment celles qui s'attardent complaisamment sur les scènes ultra-violentes, trop nombreuses. La partie romance ne m'a pas dérangée, elle apporte (quand même) un peu de respiration dans le glauque et humanise les personnages principaux (enfin un peu). Beaucoup de critiques mettent l'accent sur les invraisemblances du scénario, c'est vrai qu'elles sont nombreuses, mais le roman n'a pas l'ambition de raconter une histoire vraie, donc pour moi cela ne pose pas trop de problème, si l'on excepte la capacité de régénération de Marianne, digne d'une super-héroïne.
Si j'avais découvert "Meurtres pour rédemption" il y a mettons 3 ans, je lui aurais attribué une étoile de plus. Mais voilà, entretemps j'ai découvert que Karine Giebel était capable de bien meilleur, notamment avec "Glen Affric", et forcément la comparaison fait baisser ma note. Je me garderai donc bien de le déconseiller, sauf si vous êtes sensible et que les débordements de violence sont rédhibitoires pour vous. Pour tous les autres, un seul conseil : ne lisez pas "Glen Affric" avant !
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