De nature, je ne suis pas trop du genre à me plaindre ; mais c'était le premier chagrin d'amour de ma vie. Un vrai, je veux dire. Un de ceux qui font vraiment mal. Du coup, tout le reste passait à l'arrière-plan. Même le fait de survivre. En vérité, je caressais presque la pensée de mourir. Finalement, je ne serais pas la première à périr d'un cœur brisé, je me trouvais en très bonne compagnie : la Petite Sirène, Juliette, Pocahontas, la Dame aux camélias, Mrs Butterfly... et maintenant, moi, Gwendolyn Shepherd. Le bon côté, c'était que je pouvais m'épargner le numéro (dramatique) du poignard, car dans l'état misérable où je me trouvais, j'étais déjà atteinte de phtisie depuis longtemps et on en mourait de façon beaucoup plus pittoresque. Pâle et belle comme Blanche-Neige, je serais allongée sur mon lit, les cheveux étalés sur l'oreiller. Agenouillé auprès de moi, Gideon regretterait amèrement ce qu'il avait fait, à l'instant où je prononcerais mes dernières paroles...
La fin ne justifie pas toujours les moyens.
Pour toutes les filles de ce monde qui ont le coeur en pâte d'amandes ( et je vaux dire vraiment "toutes" les filles). Que l'on est 14 ou 41 ans, on ressent toujours la même chose...
Ceux qui sont aimés ne peuvent mourir car l'amour signifie immortalité.
Bien que le passé soit déjà passé dans le présent, il faut veiller soigneusement à ne pas mettre en danger les choses présentes par les choses passées en les rendant présentes.
- C'est parce que j'embrasse bizarrement, ou quoi?
- Hein ?
Gideon leva les yeux de la carte et me regarda, ahuri.
- Je suis une vraie catastrophe question baiser, c'est ça ? dis- je en m'efforçant de réprimer la nuance hystérique de ma voix. Jusqu'alors, je n'avais.. je veux dire, pour savoir faire ça, il faut du temps et de l'expérience. On ne peut pas tout apprendre dans les films, tu sais ? Et je trouve plutôt vexant que tu me repousses.
Gideon abaissa la carte et la lumière de sa lampe de poche erra par terre.
- Gwenny, écoute...
- Oui, je sais, nous sommes pressés, l'interrompis-je. Mais il faut que j'évacue ça tout de suite. Il ne suffit pas de me repousser ou... d'appeler un taxi. Je supporte parfaitement la critique. En tout cas, quand elle est bien formulée.
- Parfois, tu es vraiment...
Gideon secoua la tête, puis il inspira profondément et dit d'une voix grave :
- Quand tu m'embrasses, Gwendolyn Shepherd, c'est comme si je perdais le contact avec le sol. Je ne saos pas comment tu fais ni où tu as appris ça. Si c'était par un film, alors il faudra le voir ensemble.
Il s'arrêta un moment puis poursuivit :
- En fait, je veux dire que quand tu m'embrasses, je ne veux rien d'autre que te sentir et te tenir dans mes bras. Merde, je suis si terriblement amoureux que c'est comme si on avait renversé un bidon d'essence quelque part en moi et qu'on y avait mis le feu ! Mais, poupr l'instant, nous ne pouvons pas... Nous devons garder la tête froide. Au moins, l'un de nous deux.
— Oui, vas-y, écrase-la ! dit Xemerius qui m'avait suivie dans la maison en voletant. Ta mum n'aura qu'à refaire un enfant si celle-là est fichue.
—Peut-être qu'avec un peu de chance le krav maga n'est qu'une cochonnerie inoffensive, dit Xemerius. Comme le Kamasutra !
— Restons amis !
Cette phrase était vraiment pire que tout.
— Je suis sûre qu'une fée meurt à chaque fois qu'on prononce ces mots quelque part.
Les cœurs ne peuvent pas se briser parce qu’ils sont en pâte d’amandes.