Les guerres sont faites par des mercenaires étrangers que la victoire rend exigeants. Un jour, ce sont eux qui pourraient inquiéter notre trône !
Alors, le grand-prêtre se tourne vers le coin le plus sombre de la cellule, là où trône la déesse-lionne.
- Sekhmet ! Protectrice de l'ordre divin, écoute ma voix ! ...
Plongé dans une extase mystique, Menenhetet entonne ses invocations.
- ... Ma vie t'appartient ! Je suis prêt à parcourir le chemin. Que Hâpi, le dieu Nil, vienne à moi !
Lentement, tandis que le grand-prêtre reste figé, l'eau du Nil envahit la cellule.
Pour atteindre bientôt le plafond.
Sous la pression énorme, la statue glisse doucement, dégageant un étroit couloir, également inondé.
Le grand-prêtre s'y engage.
Dans la plaine égyptienne qui s'étend au pied de la montagne d'occident, demeure éternelle des Pharaons, se dressent, face à Thèbes, deux colosses de pierre, derniers vestiges du grand temple d'Aménophis III, roi de la dix-huitième dynastie.
Aujourd'hui, leurs voix se sont tues à jamais.
Mais jusqu'à l'époque de l'empereur romain Septime Sévère, leur chant, à l'aube de chaque jour, était célèbre.
Ce misérable fellah a osé porter la main sur la future épouse du Pharaon ! Il a arraché mon manteau brodé d'or. Il ne mérite que la bastonnade ! Que chacun reprenne sa place, nous repartons !
Précédé du premier prophète d’Amon, Ramsèsnakht, tenant à la main l’enseigne à tête de bélier, le cortège s’avance. Tout d’abord, le baldaquin fleuri avec le sarcophage posé sur un traîneau, que tirent deux bœufs, et qu’encadrent deux femmes, jouant les rôles des déesses Isis et Nephtys, filles d’Amon…
Viennent ensuite les pleureuses professionnelles, qui poussent des hurlements, se frappent la tête et la poitrine et se couvrent de poussière. Enfin, une longue suite de porteurs du mobilier funéraire : guéridons, sièges, coffres, un lit, l’appui-tête, le matériel de scribe, des vêtements, des bijoux, de la nourriture… Tout ce dont le défunt aura besoins dans l’au-delà.
"Nul n'a le droit de s'opposer à l'Horus Divin, Pharaon, c'est lui qui possède le maet*. S'il veut la paix, tu dois te soumettre !"
*maet : vérité cosmique