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Critique de lalahat


Publiées en 1988, ces chroniques ont été écrites antérieurement encore pour la presse, entre 1966 et 1970. On pourrait penser qu'il s'agit de textes désuets, qui font peu de sens aujourd'hui. Effectivement, l'écriture pourra sembler d'un autre âge. Les sujets abordés demeurent pour certains intemporels, comme le temps, ou le voyage. La philosophie de la vie de Giono y transpire. Elle s'adresse toujours à l'homme du XXI ème siècle, même s'il a pris conscience des pièges de la vie moderne et que la sobriété est revenue à l'ordre du jour. C'est un rappel amusé des bienfaits de la lenteur, par exemple, lorsqu'il est question de voyager. L'auteur, avec un malin plaisir, prend le contrepied des tendances de son époque. Il marche à l'ombre quand les touristes cherchent le soleil.

Il recommande l'hôtel idéal à Detroit, où il faut aller en hiver, aux plus basses températures, pour y goûter les merveilles de sa bibliothèque. Après vérification, le Book Cadillac Hotel existe bien. C'est un bel immeuble des années 20, un gratte-ciel de 106 mètres de haut. Il comprend 455 chambres de grand luxe. Il a accueilli des présidents américains et des célébrités comme les Beatles, Elvis Presley, Frank Sinatra et Sammy Davis Jr. Martin Luther King y a séjourné. Toutefois, je n'ai trouvé aucune mention de bibliothèque de 20000 volumes.

J'ai parcouru avec intérêt les réflexions de l'auteur sur l'architecture et l'urbanisme. Giono fait souvent référence à l'Italie lorsqu'il parle de beauté. Son respect pour la nature que ce soit dans le domaine végétal ou animal est primordial. J'ai aimé particulièrement la chronique L'écorce et l'arbre qui développe le sujet de la place de l'arbre dans la ville. C'est bien le précurseur de l'écologie qui s'exprime là.

La hideuse province réhabilite la qualité de vie qu'on y goûte. La période Covid a vu nombre de parisiens la gagner pour s'y confiner. Déjà, en ces années 60, Giono parle d'un confinement de privilégié dans le silence et les parfums de la nature. Les joies de l'île invite à un tourisme lent sur Majorque. La découverte d'un pays à pieds n'a rien d'extraordinaire aujourd'hui. le concept de "slow life" est devenu tendance. On voit bien que Giono a vu juste. Une prise de conscience s'est opérée. On se range maintenant à ses idées, en partie au moins.

Lorsqu'il parle d'art et de peinture, c'est en défenseur du figuratif. Il faut un certain courage pour qualifier les toiles de Mondrian, un des premiers abstraits, de "toile cirée de cuisine". Au moment même où il écrit ces lignes, Jean-Luc Godard réalise (en 1965) Pierrot le Fou, film hommage à Mondrian et au Pop Art, avec ses couleurs primaires qui crèvent la pellicule.

Jean Giono se fait parfois facétieux. Il faut lire ses chroniques avec une certaine distance. Il y livre cependant sa recette du bonheur. Ce n'est pas dans le passé ( même s'il apparaît évident que Giono y puise sa sagesse ) ou le futur qu'il faut le chercher, mais dans l'instant présent, ici et maintenant.
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