Une histoire est restée inscrite dans les pierres des monuments ; le passé ne peut pas être entièrement aboli sans assécher de façon inhumaine tout avenir.
Surtout pas d'appareils photographiques, caméras et ainsi de suite: les beaux paysages ne se captent pas dans des boites, ils s'installent dans les sentiments.
Il est évident que nous changeons d'époque. Il faut faire notre bilan. Nous avons un héritage, laissé par la nature et par nos ancêtres. Des paysages ont été des états d'âme et peuvent encore l'être pour nous-mêmes et ceux qui viendront après nous ; une histoire est restée inscrite dans les pierres des monuments ; le passé ne peut pas être entièrement aboli sans assécher de façon inhumaine tout avenir. Les choses se transforment sous nos yeux avec une extraordinaire vitesse. Et on ne peut pas toujours prétendre que cette transformation soit un progrès. Nos « belles » créations se comptent sur les doigts d'une main, nos « destructions » sont innombrables.
Les parfums permettent d’affronter – et souvent de les vaincre – les mystères les plus terribles.
Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c'est soi-même. Il faut s'arranger pour que ce soit un compagnon agréable.
Les sentiers battus n'offrent guère de richesses ; les autres en sont pleins.
J'ai vu qu'à certains endroits on avait substitué aux platanes un peu vulgaires le peuplier si fin, si élancé, et dont le feuillage fait le bruit des eaux courantes. Mais il y a encore des quantités de compagnons qui peuvent nous aider à vivre : le bouleau dont l'écorce est semblable à une peau de cheval ; le saule, qui, par la bizarrerie de son architecture, mettrait dans les alignements une fantaisie dont nous avons bien besoin ; à noter encore que cet arbre a, au printemps, des rameaux rouges ; l'érable qui a sur le platane l'avantage de ne pas produire de fruits à poussière irritante et qui, au surplus, a, dans son comportement habituel plus de noblesse, plus d'aristocratie de forme et de couleur.
On prétend que nous allons vers une civilisation libérale. Nous allons vers une civilisation de la conserve, c'est le contraire. On ne compte plus […] les machines électroniques dans lesquelles nous conservons de la mémoire, les disques où nous conservons des voix, de la musique, des sons ; les robots, les fusées où nous conservons des gestes, des actes. […] Science en conserve, philosophie en conserve, musique en conserve, conscience en conserve, joies en conserve et bientôt amour, haine, jalousie, héroïsme en conserve. De tous côtés la haute mer sans rivage. La nourriture vient de la cale. Les viandes qu'on mange sont mortes depuis longtemps, les légumes ont verdi dans d'autres siècles. Nous avons ajouté du sel à tout, pour que tout soit imputrescible, et c'est nous qui allons pourrir, car rien ne peut rompre l’équilibre.
Très peu de gens vivent dans le présent. Ils habitent le passé, le futur, ou les deux. Les coups, ils les reçoivent deux fois; Les joies, ils les émoussent à l'avance. ils vivent dans la crainte de malheurs que cette prévoyance démesure, dans l'attente de bonheurs que la distance épuise.
La journée commençait à peine, j’avais déjà vécu longtemps.