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Critique de Gwen21


Au premier abord, ce livre possède tout ce qu'il faut pour me faire fuir : top des ventes, tête de gondole des supermarchés, jaquette promo flashy façon Cosmo, un titre à rallonge qui se la joue parole de Confucius ou pire, introduction d'un bouquin de Musso dans le style "Aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie" (cf. "Sauve-moi"), une police rose bonbon qui si elle pouvait parler et clignoter dirait "Toi, ô Femme, grande Prêtresse pousseuse de caddie, viens m'acheter immédiatement !", enfin une couverture cucul la praline présentant une Madame-Tout-le-Monde dont l'expression nunuche ferait passer Jane Seymour pour une méchante sorcière croqueuse d'enfants. Bref, vraiment rien ne m'aurait aimantée vers ce livre si le destin n'en avait décidé autrement...

Ce livre n'était donc pas fait pour moi mais la personne qui me l'a très gentiment offert l'ignorait car elle ne me connait pas encore assez. Par respect pour elle, je vais tenter de ne pas être trop acide dans l'expression de mon opinion...

Ce livre n'est donc pas fait pour moi, dis-je, parce que j'ai l'incroyable chance/conscience/bonheur/privilège d'être déjà bien dans ma vie. Tout va bien, merci beaucoup, circulez, y a rien à voir. Pour cette bonne raison, ce livre ne m'a pas apporté grand-chose et m'a même paru longuet. J'avoue.

Néanmoins.

Je suis tout à fait consciente que presque partout ailleurs, autour de moi et en dehors de ma bulle de bonheur/paix/sérénité/amour, des millions de gens sont (beaucoup) moins heureux ou à l'aise dans leurs baskets - ce qui explique à mon avis le succès de ce livre, le style de son auteur ne le justifiant nullement -, des gens qui sont par conséquent en quête de confiance en soi/amour/succès/positive attitude/zénit(h)ude/etc., alors qu'ils ont pour la plupart "tout pour être heureux". Qu'ils soient ou non, entièrement ou partiellement, responsables de cet état de fait, je pense que ce petit livre peut leur apporter un peu de baume au coeur ou à l'âme, c'est toujours ça de pris. Je comprends donc parfaitement qu'on puisse ressentir de l'apaisement, de l'enthousiasme, de la tendresse et de l'espoir à la lecture de ce faux roman, de ce vrai feel-good book, bref de ce modeste manuel de conseils qui tiennent essentiellement du bon sens le plus élémentaire ("Mon cher Watson !"). Si ça fait du bien à certain(e)s, tant mieux.


Sur l'approche psychologique, je ne voudrais pas être trop sévère mais les propos de Raphaëlle Giordano me semblent relever d'un mix entre la soirée nanas, la séance chez le psy et un bon épisode de "La petite maison dans la prairie". Comme déjà relevé par plusieurs lecteurs, c'est en effet assez simpliste mais parfois, reconnaissons-le, les mots les plus simples sont les plus efficaces (attention toutefois de ne pas tomber trop bas dans la simplicité, au risque de donner dans la mièvrerie...). N'étant pas diplômée de psychologie moi-même, je ne peux avoir qu'une compréhension profane voire barbare de ce que l'auteur désigne par une "routinite aiguë", je cite : "une affection de l'âme qui touche de plus en plus de gens dans le monde, surtout en Occident. Les symptômes sont presque toujours les mêmes : baisse de motivation, morosité chronique, perte de repères et de sens, difficulté à être heureux malgré une opulence de biens matériels, désenchantement, lassitude...". A interpréter comme une sorte de nouveau "Mal du Siècle" ? ou, d'après moi, plutôt comme le résultat du désengagement et du manque d'implication des gens dans leur environnement proche ou lointain. Etant très investie dans l'associatif solidaire (au bénéfice de défavorisés qui, autant vous le dire, ne se posent pas ce genre de questions mais plutôt celles qui consistent à savoir quoi manger et où dormir), toutes les notions abordées par Raphaëlle Giordano sonnent à mes oreilles sans beaucoup de crédibilité. Camille, son "héroïne", a selon moi juste besoin de se sortir les doigts d'où je pense et de passer à l'acte. En un mot, donner un sens à sa vie, car, oui, ce n'est pas un scoop, nous n'en avons qu'une et elle passe (très/trop) vite. Au fond, c'est un peu triste de constater que dans notre société civilisée et gâtée par le confort, on a besoin d'un mode d'emploi du bonheur, non ? Avons-nous perdu tout instinct et tout discernement ?

Enfin, si je consulte "les Sages" autour de moi, ma grand-mère traduit le problème par "nombrilisme", mon grand-père par "problèmes de riches", mon père diagnostique que "les gens n'ont qu'à se bouger" et ma mère conclut que "c'est logique à force de vivre derrière des écrans". Je vous préviens, Maman a tendance à avoir très souvent raison...

Sinon, je vous recommande deux ouvrages : plus érudit, "Ce qui dépend de nous" d'Epictète et plus léger, "La positive attitude des paresseuses" d'Olivia Toja.


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