Un numéro sur les traces de
Métal Hurlant, pourtant "nostalgie" n'est pas le maître mot de cet album, bien qu'il revienne sur les années de l'ancien
Métal Hurlant. le numéro s'ouvre avec un témoignage du fondateur, dérisoire et amusant, qui vante les mérites éclectiques et novateurs de son journal. Les Humanoïdes associés, éditeurs, qui ont sombré dans l'oubli - et qui pourtant publient ces nouveaux numéros- sont interviewés. La nostalgie se cache principalement dans le coeur des lecteurs qui aurait connu les anciens
Métal Hurlant, et pourtant, la nouvelle ligne éditoriale sait très bien qu'elle s'adresse à des jeunes, c'est-à-dire des gens qui ont grandi avec le téléphone portable et Internet.
Ce numéro et son mélange des époques sont très réussis : on retrouve les première BDs cyberpunks et les premiers dessins de
Moebius et d'
Enki Bilal. C'est d'ailleurs plutôt intéressant de mettre en parallèle, ou en miroir, ces anciennes BDs avec celles publiées dans le premier numéro de ce revival de
Métal Hurlant. Cela permet de conjuguer la science-fiction au passé et au présent, de voir que les craintes et les imaginaires s'éloignent et se rejoignent tout à la fois. C'est une histoire de la science-fiction, la science-fiction qui paraît toujours novatrice, toujours tournée vers le Futur, et dont - pourtant - la plupart des BDs sont plus vieille que moi, et dont les films me rappellent mon grand âge. La science-fiction, déjà archives de demain ?
Certaines planches me font découvrir un univers qui évolue mais ne change pas, un imaginaire qui reste globalement le même, d'autres planches dérangent par leur aspect ultra-visionnaire qui nous rappelle nos crises au contemporaines. L'humour et le malaise composent ces nombreuses BDs et c'est un régal, un divertissement, et pourtant une inépuisable source de remise en question.
Ce que j'apprécie dans
Métal Hurlant, et son revival, c'est ce foisonnement de styles graphiques. Les nouvelles s'enchaînent, histoires courtes, d'une diversité impressionnante, pas seulement dans les univers mais également dans les dessins. C'est là où on voit toute la portée de l'art, toute sa complexité, et tout ce qui peut passer en quelques images. C'est vraiment un très beau magazine qu'ils ont ainsi fait renaître, en l'adaptant, mais en rappelant également leurs profondes de racines.
Numéro vraiment très agréable et divertissant, le directeur de la publication, cofondateur et rédacteur en chef de la première version de
Métal Hurlant, se souvient des anecdotes de toutes les BDs rééditées dans ce volume. Cela offre un petit côté "derrière les coulisses", un clin d'oeil au temps qui passe, des souvenirs amusants, des témoignages derrière le rideau de théâtre. C'est une évidence et à la fois une excellente idée d'avoir réalisé cela en fin de volume : qu'est-ce qu'il était ? Qu'est-ce qu'il est ? Qu'est-ce qu'il reste de cette BD ?