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Critique de TerrainsVagues


B.

Quelles nouvelles depuis je ne sais où ? Toujours un sacré bordel là haut ?

Ah Bernard, j'ai résisté quelques mois avant de me replonger dans la lecture de ce courrier que tu nous donnes en partage. J'étais resté sur mon nuage avec « le Marin à l'Ancre », comme pour prolonger l'instant de bonheur procuré par cette lecture.
Ce « Cher amour » m'a longtemps brûlé les doigts mais je l'ai repoussé à chaque frôlement, à chaque regard, à chaque appel, pour encore plus le désirer. Quelques mois en guise de préliminaires avant la communion des mots comme pour un accord à corps.
Oui Bernard, plus que le bordel ambiant de là haut j'ai aimé ton bord d'elle.
Carnets de voyages aux confins de Madame T. Où que tu sois, à l'autre bout du monde, au théâtre, à l'hôpital, tu restes dans ses faubourgs, entre rêve, fantasme et réalité. Comment n'aurais je pas aimé l'esquisse de cette femme impalpable, fugitive. le tracé de sa silhouette du bout de tes mots, comme on effleure du bout des doigts la peau d'une femme, est une véritable caresse à mon ressenti.
Et puis ce vouvoiement, ce petit coté suranné qui fait toute la différence, qui donne un charme fou à cette relation obsessionnelle, utopique, extravagante, illusoire.
Il y a quelques temps j'ai entendu une interview de ton pote Borhinger qui s'est mit à parler de toi. Tu sais quoi ? Pour lui t'étais « le patron ». Ca ne m'étonne pas, vous avez le même univers, la même poésie, probablement les mêmes carences, les mêmes failles et une manière de coucher tout ça sur le papier qui me laisse toujours… ému.
Ce « Cher amour », je l'ai aimé, passionnément, presque charnellement. Il y a du tactile dans l'atmosphère qui se dégage de tes mots. de la tendresse, de la passion, de l'exigence, de la légèreté, de la délicatesse et puis… la sensation que tu sais que la fin est si proche…

« Je vous ai reconnue, vous la parfaite, je veux dire parfaite inconnue.
Je me suis approché et je vous ai dit : j'ai beaucoup écrit, je n'avais pas votre adresse. Je vous donnerai tout cela si vous le souhaitez. Vous êtes dans ma vie depuis si longtemps. Je vous ai si longuement cherchée. Où étiez vous mon amour ? Je vous ai cherchée dans le monde entier, dans la jungle amazonienne et philippine, les déserts chiliens, les mers rouges et bleues, les montagnes malgaches, les ports de ma jeunesse, les bars, les bordels, les soirées mortelles, les nuits de brèves jouissances, de dégoût, de colère. Je vous ai cherchée dans les aubes sans nuage, les aubes prometteuses, les aubes menteuses, les aubes merdeuses, les aubes de cafard noir, les couchers de soleil définitifs. Je donne tout cela pour un regard de vous. »

Voila, le livre se referme et Madame T. s'envole d'un battement d'elle. Reste cet amour éthéré et le regret que le voyage ait été si court.
Ah Bernard, il me reste encore « Les Dames de Nage » auxquelles je résiste et qui me font de l'oeil quand je passe à portée. Je crois que je vais laisser encore vieillir en bibliothèque de chêne et attendre aussi longtemps qu'il me sera possible avant de l'ouvrir car il n'y aura jamais plus de nouveau cru.

Encore merci…
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