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Critique de Christw


Cette oeuvre théâtrale a été créée entre les deux conflits armés les plus meurtriers de l'histoire. Alors que l'on pansait les plaies d'une guerre qui coûta 18 millions de morts, 1935 voyait s'approcher l'ombre d'un autre désastre qui causerait trois fois plus de pertes. Jean Giraudoux, qui considérait le théâtre comme la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation, n'a cependant jamais voulu faire une pièce sur l'actualité politique de l'époque, malgré certaines allusions claires. Sa portée est plus large, se voulant une réflexion sur la guerre fortement liée la fatalité.

Hector est de retour d'une campagne de guerre, victorieux mais las, tandis que Hélène a été enlevée par Pâris. Une grande partie des Troyens ne veulent pas la rendre, fascinés par le charme de la belle grecque ou avides de guerre. Hector et les pacifistes parviendront-ils à maintenir les portes de la guerre fermées ? le titre de l'oeuvre augure une issue négative puisqu'on sait que cette guerre a eu lieu, ne fût-ce qu'en littérature[1]. le refus de la grandiloquence démythifie les héros troyens, devenus moins solennels. Les anachronismes établissent une connivence, parfois très érudite, avec le spectateur. Cette distanciation, principe même du théâtre giraldien, venue du heurt entre comique et tragique, confère à la pièce de Giraudoux une dimension réflexive efficace.

Alors que la paix semble sauvée par les pourparlers entre Achille et Hector, les événements se précipitent tragiquement. Les efforts des négociations et la volonté de paix apparaissent soudain de peu de poids face au destin. Et que ce soit précisément celui qui veut éviter la guerre qui la provoque retentit comme un paradoxe terriblement ironique. Malgré la bonne volonté des hommes, existe une fatalité qui échappe à leur contrôle. Devant cette désignation de la force du destin, le critique Benjamin Crémieux décela une forme d'abdication chez l'humaniste qu'était Giraudoux. Lequel répliqua : "Je m'attache à dénombrer ces forces obscures et à leur enlever ce qu'elles ont d'obscur, à les montrer en pleine clarté. Je fais mon métier; aux hommes qui m'écoutent, si je les ai convaincus, d'agir contre elles, de les briser."

[...]

Congratulations pour cette édition à la fois scolaire (fiches synthétiques) et fouillée (érudition, contextes), soigneusement présentée comme c'est l'usage des Petits Classiques Larousse. La subtilité de cette comédie dramatique requiert, selon moi, une telle approche pour l'appréhender pleinement. Si l'on excepte quelques bouderies, comme celle à l'encontre de sa subtilité excessive (Gide) ou de son pacifisme (Claudel), la pièce a été bien accueillie (y compris au Japon, en Israël et dans les pays de l'est) et continue à être jouée aujourd'hui sans avoir pris une ride.

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