L'espoir sous nos semelles

« Je lui parle à demi-mots de la vidéo de Romane et des commentaires qui ont fleuri sur mon profil. Il n’est pas surpris par la stupidité des gens, leur méchanceté. Il a dû avoir les mêmes mais ne saurait dire, il ne les lit jamais.
- Tu parles, c’est toujours les filles qui sont rabaissées dans ces cas-là, par les mecs, que ç valorise, même ! Je ne veux pas être une proie facile, Sirius. Je n’ai pas les épaules pour supporter ça. Et je ne veux surtout pas que Lucie, Anna ou Yohan aient à encaisser ce genre de choses à cause de moi.
- A cause de toi ? On n’a rien fait de mal ! On a juste dormi ensemble ! C’est pour ça que tu as filmé Romane et Tiago ? Pour poster la vidéo ?
- Il se trouve que j’étais là au bon moment. Je ne les ai pas suivis exprès ! Mais ils mériteraient que je le fasse ! Romane l’aurait bien cherché !
- Tu vas le faire, alors ?
- Peut-être. Je sais pas … Toi, tu le ferais, à ma place ?
- Je pense que tu as plus de cœur et d’intelligence que Romane. Ne sois pas comme elle. Tous les deux, on va être plus prudents, mais je veux te faire une promesse.
- Vraiment ? Je pensais que tu en avais ta claque, des promesses !
- Seulement de celles que je ne choisis pas.
Il plante ses yeux dans les miens. Je rougis d’y lire du désir. Il se penche vers moi, ses lèvres frolent mon oreille, il murmure :
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Afia

Je pense aux loups des contes, bien moins effrayants que ceux qui hurlent sur le plateau.

Le loup sort des bois la nuit. Attention, petits, petits, il a très faim, méfiez-vous. Il va vous croquer, le loup.

Le signal du matin ne me réveille pas, et pour cause : je n'ai presque pas dormi de la nuit. [...] Je n'avais vraiment pas pensé que me retrouver seule en forêt serait aussi angoissant.

"Notre part de nuit à porter
Notre part de matin
Remplir de félicité notre vide,
Ou de mépris. "

La neige de mes souvenirs n'a rien à voir avec cette masse scintillante et glaciale qui s'infiltre partout quand le vent la soulève et l'éparpille. Ce sont des nuages de cristaux vifs et piquants contre lesquels on ne peut rien. J'ai l'impression que mes poumons cuisent, que ce n'est pas de l'air mais du feu que je respire.
Je suis l'avant-dernière d'une longue file qui progresse dans la neige. Nous formons des tâches de couleur insolites dans cet univers blanc.