Roman d'aventure et récit initiatique, road trip psychologique avec du médidatif dedans et de la nature autour. le jeu des 1000 bornes mais à pied. Version moderne du kaihōgyō, pratique bouddhiste consistant à marcher et prier 1000 jours durant. Ici, point de salut de l'âme mais du blé à la clé, beaucoup de blé.
XXIe siècle oblige, les réseaux sociaux sont mis à contribution. Trek solitaire (plus ou moins) mais connecté au reste du monde, qui rend bien la contradiction de certains divertissements modernes. Confer les émissions TV sur le concept “je suis seul face à la nature sur île déserte” où la notion de désert implique une brouette de concurrents, les émissaires de la production, un staff technique pléthorique, des échanges avec des milliers d'internautes. Seul, donc. Et désert...
Société moderne oblige, la concurrence est de mise et la coopération entraîne des pénalités. Même topo à propos des mêmes émissions débiles où la notion d'équipe n'a aucune valeur, où le moteur ne réside pas dans la complémentarité et l'entraide mais les intrigues pour préaprer l'éviction du boulet lors du prime en fin de semaine.
Sur ces points, j'attendais davantage de ce roman, propice à une critique des médias de masse et du combo violence-voyeurisme à travers les réseaux sociaux. Là-dessus, j'en suis pour mes frais et sur ma faim.
Reste une belle aventure humaine, bien écrite, avec des personnages qui tiennent la route (sans mauvais jeu de mot, pas du tout mon genre).
Dans le domaine du voyage formateur au bout de l'enfer, j'ai une préférence pour les titres plus adultes (ma carte d'identité indique l'âge d'un adulte, ceci explique cela), les très noirs et ultraviolents Marche ou crève (Richard Bachman) et
Battle Royale (
Takami Kōshun). Subjectif, hein.
Sur un plan objectif de qualité d'écriture,
L'espoir sous nos semelles est un livre bien fait, intelligent et sensible. Capable de trouver le juste milieu entre introspection et aventure, quand tant d'autres titres se vautrent dans le blabla soporifique ou l'action décérébrée. de la bonne littérature jeunesse, qui ne prend pas son public d'ados pour des débiles.
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