Le casse

Il se retrouva seul au monde. La vie lui apparut comme une avalanche dévastatrice et il s’en alla le long des routes, fuyant sa petite ville natale. Il avait seize ans alors et, pendant un an, il erra, seul, terrorisé, désemparé. Beaucoup de gens souffrirent de privations cette année-là. Les temps étaient durs.

J’aime pas les couleurs vives. C’est de mauvais goût. C’est vulgaire. Quand j’m’achète une robe, je prends des tons pastel. C’est plus distingué. Ça a de la classe. Fais-la peindre en beige orangé ou en orange brûlé.

On pouvait se tirer de toutes sortes de situations, mais pas moyen d’échapper à la guerre. Le temps de dire ouf, et on leur avait collé un uniforme sur le dos.

Le travail passait avant l’amitié, et Gladden était un boulet à traîner. Il était persuadé que, de par sa féminité même, elle dégageait un fluide négatif, nuisible au succès de leurs entreprises. Une femme, selon lui, ne pouvait manquer, tôt ou tard, de mettre la bande dans le pétrin.

La jalousie, c’est très gentil quand c’est fait avec un certain tact. Vous savez, d’une façon énergique et tendre. Ça peut même être assez séduisant. Mais avec lui, c’étaient des explosions de fureur.

La vie ne vaut la peine d’être vécue que si on a une chance d’obtenir ce qu’on veut.

Dans un casse, c’était un technicien précieux, et, après le casse, il était précieux encore, car il savait estimer la camelote et puis, surtout, il agissait toujours avec une parfaite franchise.

La prison, disait-il, était une chose atroce et il préférait être enterré à dix pieds sous terre plutôt que d’y retourner.