AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Renatan


En refermant le livre sur la dernière page, une première question m'est venue à l'esprit : « Est-ce que le roman autobiographique est un prétexte à l'expression publique de sa folie? » de me poser la question même m'a semblé un euphémisme … Car si l'écriture semble, pour beaucoup de ces auteurs marqués au fer rouge, l'exutoire le plus efficace à la libération des épisodes marquants de leur vie, le roman autobiographique ne s'associe que très peu dans mon esprit aux sentiments sains et dépourvus d'une certaine révolte.

La famille Goolrick a quelques traits en commun avec les Jardin et Gary de ce monde, et ce n'est pas peu dire … Ne vous méprenez pas sur mon appréciation à leur sujet, Romain Gary demeure mon écrivain culte. Dans la tourmente, certains auteurs, tels que lui, ont cet avantage, allié à la richesse de leur personnalité, de pouvoir tirer la profondeur de sentiments forts et le talent pour les mettre en mots. Robert Goolrick n'a sans doute pas eu, à mes yeux, le même génie de transformer les maux en des mots aussi imagés et forts de sens, mais je ne lui enlève pas le courage de les avoir affrontés par ce médium. Il faut dire, aussi, que certaines histoires nous dérangent plus que d'autres, sans doute en partie parce que nous nous y associons dans certains passages. Bref, j'ai eu du mal à le terminer et je me suis même demandé où l'auteur avait pu puiser la force d'écrire ce roman sans s'effondrer avant la dernière page.

Le moins qu'on puisse dire est que ce livre est d'une noirceur inqualifiable, dense et à la limite de l'insupportable. Après avoir dressé, dans les premiers chapitres, un sombre aperçu de chacun des membres de sa famille, Robert Goolrick plonge tête première dans les réminiscences de son passé, plus spécifiquement dans la bourgeoisie des années 50, à l'époque où son cadre familial baignait dans les cocktails et l'alcoolisme. Entre sa mère tyrannique, sa tante attardée, ses grands-parents alcooliques (comme tous les autres d'ailleurs) et son père abuseur, en passant par son frère tout aussi sain d'esprit, Goolrick arrive à peine à survivre à ses maintes tentatives de suicide. Il se drogue aux tranquillisants et aux neuroleptiques, se défonce à la cocaïne, s'automutile, sans oublier de sombrer dans la promiscuité avec des hommes, des femmes, au gré de ses humeurs. Ce qu'on ressent avant tout en lisant ce livre, c'est la terrible tristesse qui envahit tout son être et aussi la part de responsabilité qu'il s'attribue dans cette déchéance familiale. Il demeure convaincu que tout a explosé le jour où il a publié son premier roman, Chronique du dormeur, où il parlait publiquement de sa famille. Pas étonnant qu'il se soit retrouvé interné dans un asile de fous. Robert Goolrick est un grand dépressif. Une phrase tirée du livre est assez représentative de son état de pensée : « En période de chagrin, on attend que quelque chose se passe, mais ce que l'on attend s'est déjà produit. »

Si ce roman est certes bien écrit, l'auteur nous raconte son enfance malheureuse comme un récit de vie digne des manuels de psycho à l'usage des étudiants assoiffés d'en apprendre sur les empreintes familiales dévastatrices. J'en ai déjà lu suffisamment quand j'étais sur les bancs d'école. Je laisse ces ouvrages à ceux ou celles qui pourront mieux les apprécier...

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}