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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est toujours un grand plaisir de se replonger dans un album d'Astérix ; ce petit goût d'enfance qui revient sur la langue est une madeleine que je m'octroie de temps à autre, notamment les rares fois où je fais une incursion chez mes parents qui contrairement à moi conservent religieusement les livres lus.

Ceci dit, cette fois-ci, mon choix s'est porté sur "Astérix et le devin" car j'en avais presque complètement oublié la trame. C'est un récit plein de malice qui met à mal l'ésotérisme antique de la divination. C'est aussi l'un des rares - voire le seul ? - album dans lequel les Romains parviennent à mettre un orteil dans l'enceinte du village de nos irréductibles Gaulois. Les péripéties tournent autour des thèmes de la crédulité, de la superstition et de la manipulation des masses. Il faut bien avouer que les femmes ne tirent pas vraiment leur épingle du jeu proposé par Uderzo et Goscinny...

Léger et iodé, l'album se (re)lit avec plaisir et offre un bref moment de divertissement.


Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
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Nul besoin d'être prophète pour deviner que dans le 19e album de la série, sobrement intitulé « le Devin », les Gaulois vont jouer à domicile. Alternance oblige, l'action se déroule intégralement dans le village ou à proximité, dans le camp de Petibonum. Certains ont pu considérer qu'il s'agit d'un album mineur, on pourra leur objecter que plusieurs innovations émaillent le récit, et qu'au contraire, cet album poursuit avec brio l'âge d'or de la série. le Devin est publié en album en 1972.

Le devin, un Gaulois nommé Prolix, est en réalité un charlatan qui vit au crochet des naïfs qui croient en ses prophéties. Goscinny pose d'emblée la définition pour ôter le doute dans les esprits des plus jeunes lecteurs. Un jour d'orage particulièrement violent, au point où les Gaulois imaginent que le ciel est sur le point de leur tomber sur la tête (on sait depuis l'origine de la série qu'il s'agit là de leur plus grande frayeur, mais cette catastrophe n'arrivera qu'au tome 33), Prolix demande aux Gaulois de l'abriter, en s'adressant à leur chef, Abraracourcix. Jusque-là, rien de bien grave, accueillir un voyageur de passage est une vieille tradition gauloise.

Mais Prolix a un aspect sinistre et inquiétant, il manipule et annonce des événements trop prévisibles (« comme je l'avais prédit, après la pluie le beau temps », page 12) ou joue avec les attentes, les peurs et les superstitions de ses interlocuteurs (« tu ne passeras pas toute ta vie dans ce village minable », page 14). Seul Astérix se méfie du personnage, tandis que le sage Panoramix est aux abonnés absents, en voyage dans la forêt des Carnutes.

La finesse de l'humour de Goscinny se vérifie encore et toujours, notamment dans les interactions entre les personnages et dans les retournements de situation. On notera en particulier l'intérêt soudain que porte Obélix pour Mme Agecanonix, ce qui semble accabler Astérix qui veille toujours au bien-être de son ami, et les relations compliquées entretenues entre Prolix et ceux qu'il a pu berner (les habitants du village, Bonemine en tête, Caius Faipalgugus, le centurion de Petibonum).

Les jeux de mots sont légion, par exemple le désormais célèbre « Il semblerait qu'Amora, déesse de la moutarde, soit montée au nez des autres dieux… » (page 7), mais surtout, à l'occasion d'une métaphore filée comparant les livres et la nourriture utilisée en tant que matériel de divination : « Nous les devins, nous allons souvent acheter de la lecture chez nos poissonniers habituels » (page 10) ; « Les nouvelles [lues dans le poisson] n'étaient pas de la toute première fraîcheur en effet » (page 11) ; « Personne ne nous a jamais lus, et personne ne nous lira » (s'insurge Obélix, dans le prolongement d'une autre réplique existentielle vue dans le Chaudron) ; « Maintenant qu'on l'a lu, tu devrais le refermer et le ranger » (conseille Cétautomatix, en parlant du poisson d'Ordralfabétix, toujours page 11) ; « – Apporte-moi seulement de quoi lire : des sangliers, des canards, des poulets, de la pâtisserie, de la cervoise… – Tu lis dans la cervoise aussi ? – Si elle est bien tirée, elle devient très lisible » (page 14) ; « – Suis-je sotte ! Cette oie n'a pas d'entrailles ! Elle est farcie ! – Aucune importance, j'aime bien lire les farces... » (page 17).

Une curiosité à noter, que j'ai pu vérifier dans Google Maps et Street View : Uderzo a représenté dans cet album sa maison de campagne, une belle chaumière située au bout de l'allée de la Serpe d'Or (ça ne s'invente pas) dans le village du Tartre-Gaudran au sud des Yvelines (page 9).

Cet album propose avec bonheur la transposition parodique d'un tableau célèbre : La leçon d'anatomie du docteur Tulp » de Rembrandt (page 10). Prolix le devin endosse le rôle du docteur Tulp. Les expressions des personnages sont celles du tableau : Astérix goguenard, Abraracourcix qui se penche en avant, Obélix en retrait, Cétautomatix fronçant les sourcils, Assurancetourix prêt à fuir… ont tous leur équivalent dans le tableau. de là à suggérer que la médecine de l'époque de Rembrandt était un métier de charlatans ! Ce procédé assez rare pour être souligné peut passer inaperçu et a déjà été utilisé dans Astérix Légionnaire (Le Radeau de la Méduse) et dans Les Lauriers de César (Le Marché aux esclaves). Il remplace avantageusement la caricature d'un personnage célèbre à deviner, autre petit jeu de société classique présent dans tout bon album d'Astérix.

Une autre belle reprise (après Astérix Légionnaire) est la séquence où Obélix retombe dans son état d'amoureux transi (page 20). Ne manquant pas de culot, les auteurs décident de remplacer Falbala par une femme mariée, Mme Agecanonix, qui sera convoitée par Obélix ! Une prophétie fallacieuse de Prolix est bien entendu à l'origine de l'émoi d'Obélix. Cet état va perdurer en silence tout au long de l'album, sous la surveillance d'Astérix. Obélix hésite à suivre Mme Agecanonix pour rejoindre la plage où se réfugient les habitants du village et se rétracte sur l'injonction d'Astérix (page 25). Jaloux d'Agecanonix qui porte sa femme à bout de bras pour embarquer, il n'a plus envie de rigoler (page 26). Puis il va se permettre une petite approche auprès de la belle, bien plus tard dans le récit : « Vous… vous êtes formidable… nous avons des tas de choses en commun… » (page 44), « Allons, allons, Obélix ! Ce n'est pas le moment de plauter » lui signale Astérix, faisant une allusion, comme le précise une note des deux auteurs, à Plaute « poète comique latin, Marivaux de son époque ». Érudition et jeu de mots osé sont au programme !

Les Romains sont également de la partie ! Bien qu'initialement, ils ne soient pas à l'origine de la menace, ils vont intervenir et vouloir utiliser les pouvoirs du devin pour contrer les Gaulois (page 23). le centurion Caius Faipalgugus est en effet convaincu de la réalité des prédictions de Prolix, malgré les démentis de ce dernier, mais comme les autres, Faipalgugus a fait l'objet de flagorneries qui finissent par obscurcir sa raison et emporter son adhésion. Les dialogues entre Prolix et Caius Faipalgugus, mélange de menaces à peine masquées et de mensonges extorqués et insincères - le comble pour des prédictions qui se voudraient réalistes – sont à mourir de rire.

Un autre Romain (une vraie trouvaille scénaristique, comment n'a-t-il pas pu apparaître plus tôt dans la série celui-là ?) est une usine à gags à lui tout seul. Ce gradé (curieusement non nommé) s'exprime dans un langage faussement administratif bourré de fautes de syntaxe que n'auraient pas reniées les Inconnus dans leur célèbre parodie de policiers : « Faisant la patrouille dont à laquelle vous nous aviez donné l'ordre de procéder… » (page 22, et tout le reste est à l'avenant). Ce personnage a beaucoup de mal à distinguer la vérité et le mensonge dans les allégations du devin, au point de ne jamais savoir s'il doit l'arrêter ou non.

Le retour de Panoramix va relancer l'action, et donner lieu à de véritables scènes de bravoure, qui restent à ce jour uniques dans la série. L'épisode de l'odeur pestilentielle du village, annoncée par Prolix et réalisée par Panoramix est réjouissant, et la participation des femmes du village au combat contre les Romains constitue une première dans la série (mais comme toujours, elles seront absentes au banquet final, cela arrivera un jour, patience, patience…). Sur l'impulsion d'Astérix qui propose de confondre Prolix et de faire une « surprise » aux Romains, et grâce au retour de Panoramix, les femmes du village vont avoir droit à une distribution spéciale de potion magique (page 40) et participer à l'attaque surprise du camp de Petibonum (pages 43 et 44).

Le résultat ne se fait pas attendre, les Romains perdent la partie, seul l'optione au langage administratif approximatif parvient à tirer son épingle du jeu et assume sans état d'âme son statut de supérieur hiérarchique de Caius Faipalgugus, qui est rétrogradé simple légionnaire par l'envoyé spécial de Jules César venu constater la réalité sur le terrain de la victoire romaine.

Cet album constitue un très bon cru, finalement, dès le départ, on aurait pu le deviner…
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Les habitants du petit village gaulois que nous connaissons bien se trouvèrent fort dépourvus quand l'orage fut venu. D'autant plus dépourvus que Panoramix est parti faire la fête dans la forêt des Carnutes et, qui dit Panoramix en vadrouille, dit pas de potion magique. Comme un malheur n'arrive jamais seul, un devin débarque dans le village et profite de la peur des habitants pour se faire entretenir. Seul Astérix n'est pas dupe de la supercherie et décide de donner une petite leçon au faux devin et aux habitants du village.

S'il y a bien une chose que je ne supporte pas, ce sont les voyants, les astrologues, les magnétiseurs et autres rebouteux qui profitent de la crédulité et du malheur de nos contemporains. Aussi, le Devin est un album que je chéris car il se moque de ces charlatans.
Goscinny signe une critique féroce sur les bonimenteurs qui manipulent les plus naïfs à grand coup de mise en scène dramatique et de discours tarabiscotés.
Il se moque aussi, avec tendresse, des habitants du village, autrement dit de tous ceux qui croient en ces balivernes.
Le tout est saupoudré d'un humour bon enfant et de joyeux calembours.

Une réussite !
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Dans le devin, Goscinny s'attaque à la crédulité, à l'ignorance,, aux charlatans qui font leur beurre sur cette crédulité, que ce soit au bas de l'échelle sociale, ou aux plus hauts sommets de l'état.
La charge est (un peu trop) directe, et la caricature me semble un peu trop appuyée. Astérix ne doute jamais, et prend le rôle du vieux sage, en l'absence de Panoramix. La reconquête du village est un peu téléphonée.
L'humour manque parfois de subtilité, mais on peut se rattraper sur quelques personnages très drôles comme l'optione, (dont on ne connaîtra pas le nom), ou l'envoyé spécial de Jules Cesar, dont la simple présence dans le village est très drôle.
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Crédulité et flatteries sont au programme de cet album. Un peu trop caricatural et un peu moins fin que les autres à mon goût.
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Alors que j'ai beaucoup de mal à relire les 'classiques' de la franco-belge qui ont nourri mon enfance (Tintin, Papyrus, Timour, Spirou...) Astérix est le héros que je relis vraiment avec plaisir, mieux, je trouve que la lecture que j'e ai adulte est plus riche que celle que j'en avais plus jeune.
Les références sont fines et nombreuses et c'est vraiment un plaisir de relire ces histoire.
J'avais un souvenir assez clair de ce tome en particulier et, à la relecture, je découvre de nombreuses petite choses que je n'avais certainement pas relevées à l'époque : la présence de Lino Ventura, la référence à la chanson de Roland etc etc.
Rare sont les BD aussi riches et référencées et qui ont, de plus, aussi peu 'mal-vieilli'.
Bref, j'ai passé un excellent moment qui m'encourage vraiment à relire, de temps à autre, une aventure de nos fiers Gaulois.
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Quand un devin, Prolix, perturbe le bien-être du village gaulois en promettant monts et merveilles ... en échange de nourriture bien sûr!
Mais bien mal acquis ne profite jamais : le voilà capturé par les Romains parce qu'il est un devin ... et il a bien du mal à prouver qu'il n'est qu'un charlatan, face à un public si crédule!
Un tome un peu moins drôle cette fois.
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Les romains trouvent tout un tas d'astuces pour tenter d'éradiquer ces irréductibles gaulois, et cette fois, ça a failli marcher : la crédulité et la superstition, voilà ce qui a failli les perdre ! Car les romains, conduit par le devin, viennent envahir le village... la peur perturbe les esprits et l'unité des gaulois a volé en éclats. Heureusement que Panoramix veille.
Un tome amusant rempli de gags, d'astuces et de messages subliminaux.
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Pas besoin d'être devin pour dire que la lecture de cet album risque de... vous faire rire !
Arrivé au village que nous connaissons bien par une nuit d'orage, Prolix, un sombre gaulois vêtu d'une peau de loup, joue les oracles et se fait renvoyer. Questionnant aussi la perspicacité du centurion voisin, il revient au village chargé d'une mission qui doit confirmer, ou pas, son don de double vue.
Dès la couverture - avec un petit air d'Exorciste -, le ton est donné. La crédulité du quidam face aux prophéties de toutes sortes est la cible du tandem aux commandes de la série. Uderzo, sans doute au sommet de son art, Goscinny, qui accumule les bons mots autant que les rebondissements, s'en donnent à coeur joie pour notre plus grand plaisir. Et notre plus grande honte aussi : ils égratignent un trait que chacun d'entre nous connaît bien. Qui résiste aux sirènes d'un avenir meilleur ? Astérix, l'esprit fort du village, Idéfix et son flair pourraient bien être les seuls à ne pas se laisser embobiner...
Heureusement, il y a les femmes : loin d'être les plus crédules, elles seront les plus farouches une fois l'imposture démontrée et la potion magique distribuée à toutes et tous. Si les poissons volent toujours bas dans cet album, la condition féminine y franchit un nouveau palier. À l'époque de l'album, un barde du nom de Jean Ferrat chantait: "la femme est l'avenir de l'homme". le poète était-il devin ?
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Sans doute une des BD d'Astérix les plus connu de par le fait qu'elle ai eu le droit à une adaptation au cinéma.
L'oeuvre original est quand même assez différente de son adaptation.

Alors que l'orage gronde sur la Gaule, notre petit village de moustachus se terre dans la maison du chef en ayant peur que le ciel lui tombe sur la tête.

Un homme se disant devin arrive alors et va profiter de la panique général pour leur soutirer vivres et argent.

Astérix qui n'est pas dupe va bien essayer de raisonner ses comparses en leurs disant que prévoir le beau temps après la pluie ne fait pas de lui un devin, mais rien n'y fait, que ne sommes nous pas prêt à croire quand on nous promet un avenir radieux ?

Un album bien sympathique, pas le meilleur mais très agréable à lire quand même.
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Thème : Astérix, tome 19 : Le Devin de René GoscinnyCréer un quiz sur ce livre

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