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Critique de Petitebijou


Quand j'étais en sixième, dans un collège catholique assez rigide, notre professeur de français, chaque samedi matin, nous offrait la récréation d'une lecture à haute voix du "Petit Nicolas". Ainsi, durant toute l'année, le week-end commençait déjà avec cette lecture de la part de ce professeur d'ordinaire si sévère, qui sortait du "cadre" du programme, des questions/réponses, des notes, endossant une voix différente pour chaque personnage, nous faisant rire par ses intonations... Nous avions la sensation de faire partie de la bande du Petit Nicolas, et riions aux aventures de ces enfants espiègles et si attachants, qui bravaient l'autorité, ce qui nous faisait envie.
Après la lecture, notre professeur prenait cinq minutes pour nous interroger sur nos vies, nos espoirs, semant, je l'ai réalisé bien plus tard, certaines graines qui allaient germer, de curiosité, mais aussi de conscience politique et de désobéissance civile. Il lui arrivait même de nous parler sexualité, de nos identités de femmes, ce qui, dans ce collège non mixte et catholique, était très audacieux, et nous faisait glousser. Nous en étions même parfois un peu offusquées, tant les enfants sont parfois désireux de conformisme.
Ainsi, j'ai réalisé bien plus tard que nous apprenions davantage dans ce quart d'heure de fin de semaine que dans la plupart des cours conventionnels. Elle m'a transmis l'envie de lire, le plaisir de la lecture à haute voix pour un auditoire choisi, la nécessité de toujours s'interroger et se remettre en question, la sensation aussi d'une communion démocratique dans l'accès à la culture.
Alors, "Le petit Nicolas" ? Pour toujours un parfum d'enfance, de tendresse, jamais démodé, que je reprends de temps en temps comme certains adultes ne quittent jamais leur doudou. J'ai transmis "Le petit Nicolas" à bien des enfants autour de moi, de différentes générations, et le plaisir a toujours été au rendez-vous.
J'ai rencontré ce professeur bien des années plus tard, toujours blonde et coquette. J'ai eu la chance de pouvoir lui dire à quel point elle avait compté pour moi, et combien elle m'avait appris. Elle eut la gentillesse de me rendre à son tour quelques compliments qui m'ont touchée.
Aujourd'hui, elle n'est plus de ce monde.
Elle s'appelait Anne-Marie Barats, et enseignait à Salon-de-Provence.
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