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Critique de fanfanouche24


Lu d'une traite ce premier roman, plein de charme, de révolte, de passion et de rêves…en devenir !

Une très jeune femme,Soizic, abandonnée par sa mère et élevée par des grands-parents, abîmés par des non-dits, des secrets…, et l'alcool, décide de partir à Paris… Devant à 22 ans , prendre sa vie en mains, et trouver enfin un travail, une activité qui la fasse vivre… Cependant elle ne veut pas seulement « gagner sa croûte », elle désire conserver sa liberté…Elle cherche , cherche ce qu'elle souhaite « devenir »…et nous voilà partis… au royaume des bouquinistes, et pas n'importe lesquels, les « purs, les durs, les irréductibles »… ceux des quais de la Seine !

C'est ainsi qu'en parcourant le dernier bulletin des publications Gallimard, j'ai sauté littéralement de joie en prenant connaissance de ce premier roman d'une jeune auteure « bouquiniste »…, trentenaire !

Une très jolie lecture m'évoquant, en tant que libraire de « neuf » puis « d'ancien », mes propres fantasmes quant aux fameuses » boites vertes » des Quais, auxquelles j'ai voulu aussi accéder. A deux reprises, de façon velléitaire, j'ai imprimé le dossier de candidature… Je me contente donc de les fréquenter et de « savourer » la prose de Camille Goudeau, sur cet univers, qui fait tant rêver !

Camille Goudeau décrit merveilleusement Paris, sa magie, ses beautés, ses lumières comme les revers de la médaille…Telle la solitude vécue plus douloureusement dans la cité-Lumière et la foule…

« A Paris, dans la grande ville, être seule, c'est pas pareil qu'ailleurs. La foule, du monde au-dessus, en dessous, sur les côtés. J'ai plus de repères, je les entends, je les vois et je les sens tous mais près de moi, accroché à moi il n'y a personne. C'est du vide, une chute dans les branches, ne pas pouvoir les attraper. C'est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n'est plus comme être seule à la campagne, là où il n'y a personne dans qui se regarder. (p. 95)”

Soizic monte à Paris, galère pour se loger, fait ses premières« armes » d' »apprentie-bouquiniste », grâce à un cousin retrouvé…Métier qui lui convient, qui l'aide enfin à grandir, à » respirer » enfin…dans un lieu, un espace qu'elle s'approprie progressivement…

Elle est cependant « habitée », en dehors de la galère « des sous »… par des idées sombres et une obsession : connaître peut-être sa mère ; cette mère qui l'a abandonnée toute petite ; celle-ci vit, habite Paris…Soizic fera…pas à pas ce chemin familial , bien déglingué. Après son enfance, son adolescence élevée par ses grands-parents maternels…lui ayant refusé de lui expliquer quoi que ce soit, eux-mêmes, passablement abîmés par le passé et l'alcool…Souci perdurant et ayant démoli grands-parents et mère de notre « narratrice »…mais sur les chemins cabossés de cette enfance, il y a cette rencontre heureusement décisive avec ce cousin bouquiniste, Bokné, lui mettant le « pied à l'étrier »… et réciproquement, grâce à Soizic, sa présence, son aide comme « ouvre-boîte »[***remplaçant d'un bouquiniste] il osera prendre des risques, réaliser un nouveau projet.

Ils se sont, en quelque sorte, « révélés » l'un et l'autre… Comment ne pas seulement « lire » sa vie mais la « vivre » ?! le merveilleux, serait les deux réunis !

Je quitte bien à regret « notre » jeune bouquiniste, Soizic… soulagée toutefois, qu'elle ait trouvé une profession « marginale » , de passion , de conviction… de liberté, et d'amour de la Littérature… qu'elle chemine, avec l'envie de se battre , de vivre ce métier si particulier…qu'il faut « mériter » !!

« Bokné a dit qu'un an ça me laisserait le temps de savoir si je veux faire ma demande. "Faire sa demande" sur les quais de Seine, ça veut dire postuler pour devenir un vrai bouquiniste. C'est comme une demande en mariage, c'est se lier à la vie à la mort aux trottoirs et aux livres, jurer fidélité à la caste des marginaux, des indépendants, des individualistes, des solitaires, des ensevelis sous la foule, de ceux qui paient cher la liberté. Bouquiniste, c'est devenu un élément du décor. Immuable. “(p. 239)

Bravo et MERCI à Camille Goudeau pour ce premier roman plus que prometteur, attachant, poétique, contrasté, avec un style fluide, plaisant, poétique, qui parle fort et vrai de la solitude extrême dans la grande ville, la résilience, les cabossages familiaux, les blessures fondamentales de l'enfance à réparer, les « thérapies » puissantes, magiques que sont les livres, la littérature et les métiers –passeurs de tout cela ! …

L'impression de lire le récit d'une « petite soeur »…au début de son chemin d'adulte , en construction, en recherche de « réparation » familiale, par la trouvaille une autre famille, celle-là, toujours présente, solide et éternelle : La LITTERATURE & LES LIVRES….Tant d'échos résonnent dans mon propre parcours, au fil de cette narration… jusqu'au prénom de la narratrice !!!

Le sourire me vient et surtout… le souhait que le chemin de Soizic , bouquiniste "en devenir", lui offre le meilleur… de ses rêves, en dépit des difficultés de la fonction…et soit le début d'un envol, d'un avenir riche de cadeaux "livresques "et "humains"...!

Auteure à suivre avec attention !


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