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Critique de Belem


Belem
20 février 2013
Stephen Jay Gould explique, dans la préface, qu'il se propose de présenter le travail de trois paléontologues : Harry Whittington, Simon Conway Morris et Derek Briggs. Ceux-ci ont décidé, entre 1971 et 1985, de procéder à une nouvelle étude complète de l'anatomie des fossiles du Schiste de Burgess. Ces fossiles, découverts en 1909 par Charles Doolittle Wallcott, avaient en effet été mal interprétés, ou tout simplement rangés dans un tiroir et oubliés. Or, ils constituent pour les paléontologues les plus importantes traces de variété anatomique de toute l'histoire de la vie.
Ces fossiles sont si extraordinaires, si disparates, et parfois si hallucinants, qu'il y eut longtemps une controverse à leur sujet, et que, pour certains, l'énigme demeure. Pour Gould, la redécouverte des fossiles du Schiste de Burgess « entraîne une révision fondamentale des conceptions au sujet des débuts de la vie, et (...) remet en cause certaines conceptions de la Théorie de l'évolution ».
L'interprétation de ces fossiles constituant une énigme, l'étude menée est intéressante en elle-même, car menée comme une enquête. Mais le plus avec Stephen Jay Gould, comme toujours, c'est qu'il élargit ces questions à d'autres interprétations erronées, ce qui l'amène à une réflexion fondamentale sur la théorie de l'évolution..
Selon lui, il existe deux erreurs communes qui sont à la source de l'interprétation traditionnelle inexacte du Schiste de Burgess :
- les « exemples classiques » d'évolution, présentés dans les manuels scolaires, sont ceux dans lesquels la lignée évolutive est présentée comme une progression. (par exemple, « la marche au progrès », avec le dessin des différents hominidés en file indienne, et qui se redressent peu à peu pour aboutir à un homme « moderne », constitue une représentation archétypale de l'évolution)
- on représente généralement l'arbre évolutif de la vie en un « cône de diversité croissante », selon un mode qui conforte notre espérance dans l'inévitabilité du progrès (alors qu'il faudrait représenter son caractère buissonnant : diversification lors des explosions de vie, et décimations tout aussi importantes ; non pas un sapin à l'envers, mais plutôt un buisson touffu où de nombreuses branches ne donnent rien)

Dans cet essai, Gould montre que nos conceptions, nos idées pré-conçues, nous empêchent souvent d'appréhender une toute autre voie, d'autres solutions, une nouvelle conception remettant en cause les idées traditionnelles.
Ces conceptions et représentations ne sont pas anecdotiques, car elles reflètent une vision du monde – et de la place de l'homme – totalement différentes, voire opposées.
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