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Citations sur Sous le feu : La mort comme hypothèse de travail (15)

Les hommes qui ont combattu à Verbanja, comme des millions d'autres avant eux, ont évolué pendant quelques minutes dans un monde étrange régi par ses propres lois, un pays minuscule où les cauchemars sont vrais.
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Au pire, à force de "maîtrise de soi", on en vient à être décoré pour avoir regardé des massacres.
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Ce que montre Michael Doubler dans Closing with the Enemy, c’est que dès l’été 1944, la plupart des divisions d’infanterie en Europe, notamment à la 3e armée de Patton, avaient modifié leurs méthodes de tir de la même façon, pratiquant notamment systématiquement le tir a priori (marching fire) sur tous les points dangereux dans la zone de combat. Le nombre de fantassins ouvrant le feu, et comme tous les fantassins du monde rarement sur des hommes visibles, avait alors largement augmenté. Si peu d’entre eux ne ressentaient rien quant à l’idée de tuer, cette réticence était certainement loin de constituer le frein à l’action que décrivait Marshall.
C’est pourtant cette idée qui va prédominer aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à imposer l’idée que l’entraînement des soldats américains doit stimuler l’agressivité et non la maîtrise du feu. Comme le montre Dave Grossman, lorsqu’il s’agira, au Vietnam ou plus récemment en Afghanistan et en Irak, de combattre au cœur des villes et villages un ennemi invisible, les conséquences de cette incitation à ouvrir le feu seront désastreuses. Dans ce type de conflit, la multiplication des pertes civiles entraîne la multiplication des ennemis.
La conception française moderne, d’inspiration chrétienne elle aussi, qui considère l’homme comme fondamentalement perverti par un mal qu’il faut contrôler et inhibé par une peur qu’il faut compenser a abouti à la mise en avant du sacrifice, plus propre, plus noble. Cela a conduit à des aberrations comme la notion de « soldat de la paix », c’es-à-dire concrètement un soldat qui se sacrifie généralement pour rien et sans combattre. Elle reste cependant plus humaine et simplement plus efficace, au moins actuellement, que la conception américaine qui combine la protection absolue du soldat et la destruction totale de l’ennemi. L’article 11 du « credo » du soldat de l’US Army est : « Je détruirai les ennemis des États-Unis. » Il date de 2004.
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Le drill n’est pas sans mérite, comme dans les disciplines sportives la répétition incessante de gestes individuels et collectifs est encore le meilleur moyen de les accomplir lorsque le réflexe doit remplacer la réflexion. Elle induit aussi un conditionnement utile à l’obéissance. Elle est donc toujours indispensable, mais elle est désormais aussi insuffisante pour le décathlonien qu’est devenu le soldat moderne agissant dans des contextes changeants et souvent complexes.
Elle est surtout limitée par son présupposé de sous-estimation des capacités humaines qui l’a longtemps accompagnée. Selon l’article de l’Encyclopédie écrit au milieu du XVIIIe siècle par le philosophe Jaucourt, le soldat français est recruté dans la partie la plus vile de la nation. À partir de la Restauration, il n’est même plus volontaire puisque tiré au sort dans les milieux les plus pauvres et sans instruction pour effectuer six à huit ans de carrière militaire. On parle alors de « juste milieu entre l’homme et la chose ». L’idée persiste longtemps de la faible valeur intellectuelle ou morale du « simple » soldat et cela a eu des conséquences stratégiques considérables.
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Le combat n’est pas un phénomène « normal », c’est un événement extraordinaire et les individus qui y participent ne le font pas de manière « moyenne ». Comme un objet à très forte gravité qui déforme les lois de la physique newtonienne à son approche, la proximité de la mort et la peur qu’elle induit déforment les individus et étirent leur comportement vers les extrêmes. La répartition des rôles n’y obéit pas à une loi de Gauss où tout le monde ou presque agirait de manière à peu près semblable, mais à une loi de puissance où, entre l’écrasement et la sublimation, beaucoup font peu et peu font beaucoup. Il y a peu de moyens et beaucoup d’extrêmes.
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es hommes qui ont combattu à Verbanja, comme des millions d’autres avant eux, ont évolué pendant quelques minutes dans un monde étrange régi par ses propres lois, un pays minuscule où les cauchemars sont vrais. En sortir vivant, c’est se réveiller épuisé, brisé ou exalté, mais toujours transformé. Le but de ce livre est d’accompagner le combattant dans cet univers afin d’essayer de comprendre les phénomènes qui s’y déroulent.
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Si j’avais du temps et votre talent pour étudier la guerre, je pense que je me concentrerais entièrement sur les réalités du combat : les effets de la fatigue, de la peur, de la faim ou du manque de sommeil. Ce sont ces réalités-là qui rendent la guerre si compliquée et si difficile. (Lettre du maréchal Lord Wavell à Liddell Hart)
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La confiance proclamées dans les autorités politiques me laisse admiratif : de la confiance, pas des autorités politiques.
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Devenir combattant, c'est se porter volontaire pour pénétrer dans des bulles de violences. C'est accepter la transformation que cela induit avec le risque d'y être détruit ou mutilé dans son corp ou son âme. C'est accepter aussi la métamorphose préalable qui sera nécessaire pour évoluer dans un tel monde sans y être broyé à coup sûr. L'homme qui survit et résiste au combat est donc un homme différent à la sortie du tunnel.
S'il n'y a pas de bonheur des nations sans libertée, cette liberté dépend du courage des hommes qui acceptent et se portent volontaires pour cette transformation parfois fatale. Si les Francais dorment en sécurité, c'est aussi parce que des hommes veillent sur le rempart ou plus exactement par ce que ces hommes sont le rempart. Que l'on cesse de s'intéresser à la manière dont construit ce mur et celui-ci s'effritera.
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Après des centaines d'années de pratique empirique, on sait fondamentalement comment faire faire des choses extraordinaires à des hommes ordinaires. Il suffit de les modeler à l'aide de plusieurs méthodes plus ou moins dangereuses suivant un dosage délicat qui dépend en grande partie de la vision que l'on a de l'homme.
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