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Citations sur Le Sacret (3)

et, quand l’autoursier revint voir l’oiseau, l’oiseau avait recouvré sa parfaite santé, et ses yeux accipitrins avaient retrouvé leur parfaite brillance, et son plumage tout son éclat resplendissant, et l’autoursier eut un sifflet admiratif devant la beauté retrouvée de cet oiseau de race, mais aussi en signe de respect devant la qualité des soins dont l’oiseau avait eu le bénéfice, et l’autoursier félicita expressément le garçon, et ils entrèrent ensemble dans la volière, et l’autoursier, qui avait pris son gant et de la chair fraîche pour affriander l’oiseau, fit venir l’oiseau sur son gant, et flatta l’oiseau, et admira longuement l’oiseau, et l’autoursier observa subrepticement l’aile blessée et la plume manquante, puis l’autoursier dit que cet oiseau avait déjà été affaité puisqu’il venait si docilement sur le gant, et que l’on pouvait donc conjecturer définitivement que son comportement hagard n’avait été que le résultat de sa blessure, et l’autoursier décida que l’oiseau, ainsi définitivement relevé, fût entravé et mis au bloc avec d’autres de grande race dans la chambre de l’autourserie, mais, avant ce transfert, et en un pur esprit de prophylaxie, ils poivrèrent l’oiseau, ceci afin de le débarrasser d’une éventuelle vermine dont ils n’auraient point déceler la présence, et qui aurait pu infester les autres oiseaux, et, à cette fin, après que le garçon eut saisi et bloquer l’oiseau, l’autoursier, dans une pipe en terre, dont il avait bourré le fourneau avec certaines herbes séchées prises à sa pharmacie, et qu’il avait allumée avec un tison avant de venir à l’autourserie, aspira de grandes bouffées d’une capiteuse fumée qu’il s’abstint d’inspirer, et qu’il souffla partout sur le corps de l’oiseau, à la racine des plumes que le garçon, à mesure, rebroussait pour lui, puis, le jour d’après, ils revinrent vers l’oiseau, et, afin de l’abattre parfaitement, ils le placèrent dans une chemise spéciale qui, plutôt qu’une poche sur chaque côté, avait une fente latérale, par l’une desquelles ils déployèrent l’aile anciennement blessée afin d’examiner la blessure, et constater qu’elle avait bellement cicatrisé, et il y avait une petite croûte sur la blessure maintenant, et l’autoursier enleva la croûte du bout de l’ongle, et la peau régénérée sous la croûte apparut en une petite pastille lisse et rose, puis l’autoursier examina longuement la penne cassée qui était un moignon de plume aux barbes hérissées, puis l’autoursier sortit un minuscule couteau à lame falciforme et parfaitement effilée, et, d’une seule pression sur le gras d’un pouce, il sectionna nettement la plume un peu plus haut que le calamus, après la naissance des barbes, là où les barbes font comme les cils vibratiles d’un organisme vivant, puis l’autoursier s’appliqua à tailler la section en biseau double et formant coin, puis l’autoursier sortit une mince aiguille en bronze de la poche de son pourpoint, de laquelle les deux extrémités étaient également éffilées, puis l’autoursier plongea une extrémité de l’aiguille dans une petite fiole de vinaigre qu’il avait sur lui, escomptant sur l’oxydation induite par le vinaigre pour renforcer la fixation de l’aiguille dans la plume, puis l’autoursier ficha l’extrémité de l’aiguille dans la moelle de la penne cassée bien au milieu du biseau, puis l’autoursier sortit délicatement un sachet de plumes d’une autre poche de son pourpoint, c’étaient les mues d’autres oiseaux de la volerie, et il choisit parmi elles celle qui lui parut le mieux coïncider avec la plume manquante, c’était la penne d’un laneret, l’un des oiseaux les plus précieux de la volerie, et pour lequel la plume que l’autoursier allait utiliser aurait pu faire un jour défaut, puis l’autoursier amputa cette plume de son calamus, puis l’autoursier confectionna un biseau double rentrant, puis l’autoursier plongea le biseau de cette plume morte dans un petit récipient de glu qu’il avait également emporté avec lui, engluant ainsi le tuyau de la plume, puis l’autoursier enfila cette plume nouvelle sur l’autre extrémité de l’aiguille, entant soigneusement la plume morte sur la racine de la plume restée à demeure dans la peau de l’oiseau, ajustant bout à bout les deux pennes taillées, puis, avec un très mince fil, afin de renforcer l’entement, l’autoursier enserra les deux sections de plume, puis l’autoursier approcha son visage de la plume, et, avec les dents, sectionna le fil, puis l’autoursier empoissa le fil, ainsi l’autoursier avait créé une ente quasi indéfectible, puis ils replièrent l’aile de l’oiseau et firent tourner un peu la chemise, pour que les fentes se retrouvassent sur le dos et le ventre de l’oiseau, et que l’oiseau fût bien immobilisé des deux ailes, et que la prothèse pût bien se fixer tandis que la colle sécherait, et l’oiseau fut laissé dans la quiétude pendant un jour, puis, quand l’ente fut bien sûre, ils sortirent l’oiseau, et ils l’équipèrent avec d’anciens grelots, et d’anciens jets que l’autoursier possédait, et desquels il n’avait plus l’utilité, et, mêmement, d’un vieux chaperon de rust, et les jours suivants, avec des leurres volants ou sur traîneau, ils firent travailler plusieurs fois l’oiseau retenu par une filière dans la cour du château, ceci afin de l’entraîner à chasser de nouveau, et de juger de son état de vigueur, puis ils lui donnèrent du vif, puis, quand il fut bien certain que l’oiseau avait retrouvé toute sa santé, et recouvré un peu d’esprit de domesticité, ils le sortirent à l’extérieur du château, et le firent voler sur des pigeons d’escape, puis ils allèrent aux champs, et, chassant à la billebaude, le firent voler sur des perdrix
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L’ oiseau de proie était tellement figé que, de loin, il avait semblé au garçon une motte de terre, et l’oiseau était tellement faible qu’il laissa s’approcher le garçon sans réagir, et, quand le garçon fut proche, il vit que l’oiseau avait une aile blessée et qu’elle pendait sur un côté, et c’était un oiseau au ventre blanc avec beaucoup d’aiglures, et au dos brun avec de fins liserés clairs qui dessinaient comme des écailles, et son œil était terne, nullement vif et acéré, comme habituellement chez les rapaces, et l’oiseau éclamé, qui n’avait vraisemblablement pu chasser et s’alimenter depuis longtemps, était tellement fatigué, qu’il se laissa prendre sans résistance, et, afin de s’emparer de l’oiseau, le garçon enleva son bliaud, puis il ôta son chainse, puis il remit son bliaud sur son torse nu, et il jeta le chainse sur l’oiseau qui eut seulement un petit sursaut avorté pendant sa capture, et le garçon se saisit de l’oiseau à travers le chainse, l’y emmaillotant, afin d’empêcher tout débattement, même s’il était peu probable que l’oiseau en eût, tellement il paraissait exsangue, et le garçon plaça l’oiseau chemisé contre la peau de son ventre, sous son bliaud, et il rentra vitement au château, et beaucoup de ceux qu’il croisa ou qui le virent de loin, empressé et penché, et tenant son ventre comme s’il avait été meurtri, l’interpellèrent et lui demandèrent si tout allait bien, et, sans interrompre sa marche, et sans même se tourner vers eux, il fit avec la main un bref signe affirmatif, comme un homme absorbé par un projet important ou une tâche urgente se déplace avec l’attention toujours intérieurement dirigée, ou comme un homme sérieusement méhaigné quitte définitivement le combat, déformant sa stature pour mieux supporter sa douleur, et éminemment concentré sur elle, et le garçon alla directement à l’autourserie du château, et l’autourserie était un bâtiment avec une première salle où était gardé, mais aussi confectionné et entretenu, l’équipement des oiseaux, et c’était aussi l’endroit où étaient confectionnés et gardés les différents remèdes pour les oiseaux, tandis que venait ensuite une deuxième salle qui était la chambre où les oiseaux étaient mis au bloc, puis se tenait un préau qui était une espace libre entre le bâtiment de l’autourserie et le mur d’enceinte du château, et qui, par le système d’un vaste filet disposé en coupole, à l’aide d’un mât mitan d’où partaient des filins radiaux, constituait une immense volière qui faisait jardin, elle- même compartimentée en plusieurs volières d’espace plus réduit, et, entre la chambre et la volière, se tenait une petite pièce où le pât des oiseaux était préparé, et où régnait toujours une très faible, une très douce et fade odeur de putréfaction, et ce fut dans la première salle, où, là, régnait une forte et agréable odeur de plumes et d’herbes médicinales, et de cuir, et de cirage, que le garçon trouva l’autoursier qui réparait du vieux matériel, et l’autoursier lui dit que l’oiseau était un mâle de sacre, et il lui dit que c’était un grand oiseau de chasse, un oiseau de bonne aire, même s’il n’en paraissait plus rien maintenant qu’il était tellement décharné par la faim, et rendu piteux de plumage, et l’autoursier lui dit que l’oiseau s’était certainement blessé un jour de chasse, mais non tant qu’il ne puisse voler, et l’autoursier lui dit que l’aile n’avait été brisée, mais seulement atteinte d’une plaie, et affligée de la perte d’une rémige, et que l’oiseau effrayé et albrené s’était perdu, et avait longuement erré, son vol empêché par l’absence de la plume, dit l’autoursier qui parlait comme s’il connaissait intimement cet oiseau, ou comme s’il l’avait suivi pendant son voyage égaré, et l’autoursier dit que l’oiseau errant n’avait pu chasser et s’alimenter correctement, et qu’il avait donc connu l’inanition en surcroît des conséquences de sa blessure, et que, dans sa dérive, dit l’autoursier, comme s’il avait assisté à la scène, l’oiseau avait perdu ses grelots et ses jets, et, surtout, ses vervelles, et que, par cette dernière cause, dit l’autoursier, il était désormais impossible de déterminer qui était son propriétaire légitime, mais l’autoursier dit que c’était sans doute un oiseau échappé qui venait de très loin, car il n’avait entendu mot parler de la perte d’un tel oiseau précieux chez les seigneurs locaux, à moins, dit l’autoursier, qu’il se fût agi d’un oiseau authentiquement sauvage, un oiseau hagard, et que l’oiseau fût provenu des terres originelles où usuellement on capturait ceux de son espèce pour les exporter vers le septentrion, c’est-à-dire venu de lointaines terres orientales, et que, pour une raison que lui, l’autoursier, ignorait, l’oiseau se fût détourné de son couloir migratoire, ce qui aurait expliqué son inhabituelle présence dans les parages, et l’autoursier dit que l’oiseau extravagant était si faible désormais, tellement abattu, qu’il ne pourrait survivre, n’ayant même plus la force de dévorer le pât frais qu’on lui présenterait, et que le mieux qu’ils pussent faire pour cet oiseau était de l’abandonner, mais l’autoursier dit que, nonobstant, c’était un oiseau qui appartenait au garçon désormais, un bien que le garçon devait considérer comme sien, puisque c’était le garçon qui l’avait trouvé, pour autant qu’un oiseau de proie appartînt à quiconque, dit l’autoursier, et l’autoursier affirma que les oiseaux de proie étaient des êtres libres que l’on ne pouvait garder près de soi qu’après les avoir abaissés ou, inversement, à force de soins curieux, l’autoursier dit que, sur cette question, les avis et les pratiques différaient, mais, quoiqu’il en fût, c’est-à-dire qu’ils eussent été abaissés ou qu’ils eussent été apprivoisés à force de soins, que les oiseaux de proie restaient tels qu’ils avaient toujours été, des êtres francs, des êtres essentiellement libres, dit l’autoursier
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avec les deux bols, un dans chaque main, il alla d’un air pressé vers l’oiseau dans la volière, et il s’assit au sol sur la vieille croûte de fiente séchée envahie d’herbes folles qui constituait le sol de la volière, et il posa les deux bols près de lui, puis il prit l’oiseau avec lui, contre son torse, et, avec une main, il prit et il bloqua la tête de l’oiseau en même temps qu’il lui ouvrait de force le bec, plaçant la pince de son index et de son pouce un peu avant l’endroit de la cire, aux commissures, et ce fut sans difficulté, eu égard au degré de faiblesse de l’oiseau, puis, avec l’autre main, il approcha de sa cuisse le bol contenant le jus carné, puis, après qu’il eut sorti un coin de son chainse des braies, et qu’il l’eut tordu, il le trempa dans le bol posé à côté de sa cuisse afin d’imbiber le coin de tissu du jus rosé, puis il porta le coin de tissu au bec de l’oiseau, et il épreignit le tissu avec la pince de ses doigts, faisant couler du jus dans le gosier de l’oiseau débile qui se défendit nullement, déglutissant par force à temps réguliers, puis il attendit longtemps, toujours avec l’oiseau dans ses bras, puis il reprit plusieurs fois du jus nutritif que, par la même méthode, il fit goutter dans le bec entr’ouvert de l’oiseau, puis il attendit encore longtemps avant de renouveler l’opération, et l’oiseau, après plusieurs fois, eut un mouvement de résistance et se dégagea de la prise tandis que le jus coulait et se répandait sur sa tête, et l’oiseau sursauta, et ébroua sa tête, et ces mouvements étaient preuve que l’oiseau avait regagné de la vigueur, ce que constatant, le garçon cessa de désaltérer l’oiseau, puis le garçon attendit un moment que l’oiseau se raccoisât, puis il prit l’aile blessée et l’étira par force, mais très doucement, avec l’aile déployée reposant sur son avant-bras, et il inspecta minutieusement la plaie que l’aile portait, et il constata que, si une plume manquait, ce n’était intégralement, et que la plume brisée était toujours vive, et restait fermement implantée dans le derme, et continuait de porter un moignon de barbes, et il trempa un autre coin de son chainse dans le bol d’eau salée, et, avec ce bout de tissu imbibé, il nettoya très délicatement la plaie sur l’aile de l’oiseau, et l’oiseau se mit aussitôt à réagir, tentant de rétracter son aile déployée, ce que le garçon lui laissa faire pendant qu’il trempait à nouveau le coin de son chainse dans l’eau salée, puis il développa à nouveau doucement, presque tendrement, l’aile blessée, puis il fit s’égoutter de la liqueur saline sur la plaie, puis il libéra définitivement l’oiseau éclamé qu’il laissa au sol, et, plusieurs fois dans la journée, il revint à la volière pour observer et surveiller l’oiseau, et, deux autres fois dans la journée, il nourrit l’oiseau tout en le désaltérant, puis il soigna une dernière fois l’oiseau, puis il laissa l’oiseau dans la volière pour la nuit, veillant à bien raccommoder les accrocs dans le filet de la volière désaffectée, non qu’il craignît que l’oiseau s’évadât, parce que l’oiseau était trop faible encore pour s’échapper, mais afin que des rats ne pussent s’y introduire et attaquer l’oiseau affaibli, et le dévorer, et, le lendemain, quand il revint à la volière, alors qu’il s’était éveillé à l’aurore et qu’il était sorti de la chambre en cachette de sa mère, il vit l’oiseau branché sur la grande perche traversière dans la volière, à la vue de quoi, il alla à la cuisine du château et y reprit le plat avec les dés de viande amollie, puis il retourna à la volière, et posa le plat sur le sol de la volière, puis il s’avança pour s’emparer de l’oiseau, ce qui fut une action plus difficile que la veille parce que l’oiseau revigoré se débattit davantage, et le garçon s’assit sur le sol avec l’oiseau contre lui, et il prit un dé de viande molle dans le plat, et il le porta à sa bouche, et il le mâcha bien consciencieusement, et il l’humecta de beaucoup de salive, puis, quand il eut obtenu comme une parfaite bouillie, il ouvrit le bec de l’oiseau en s’aidant de la pince de ses deux mains, avec laquelle il exerça une pression forte à la base du bec, un peu avant les commissures jaunes cireuses, ce qui fit cracher de colère et battre des ailes l’oiseau efforcé, et il porta sa bouche au bec de l’oiseau, comme s’il voulait délivrer un baiser à l’oiseau, et il donna une becquée à l’oiseau qui resta d’abord surpris et interloqué, puis l’oiseau déglutit la becquée tandis que le garçon l’aidait en massant son jabot, puis l’oiseau secoua un peu la tête, puis le garçon prit un nouveau dé de viande qu’il mastiqua, puis il redonna la becquée à l’oiseau qui, cette fois, l’avala spontanément, puis il produisit une nouvelle becquée qu’il offrit à l’oiseau, ainsi cinq fois en tout, puis le garçon laissa l’oiseau remonté et seul, et tranquille, puis, au soir, il appâta de nouveau l’oiseau et il nettoya à nouveau l’aile blessée avec de l’eau saline, puis, le lendemain, il donna beccade à l’oiseau avec les derniers dés amollis et les viscères qu’il avait réservées l’avant-veille, et l’oiseau les prit dans la main du garçon sans faire aucune difficulté, et les avala seul
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