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Critique de Colchik


Un lotissement résidentiel en bord de mer dans les environs de Cadix. Sara Gómez Morales, derrière ses portes vitrées, observe en ce 13 août 2000 l'arrivée de ses nouveaux voisins, les Olmedo. Cette Madrilène d'une cinquantaine d'années, bon chic bon genre, oisive et surtout solitaire, ignore encore que c'est le début d'un grand changement, que les Olmedo vont devenir partie intégrante de son existence.
Juan Olmedo, séduisant médecin d'une quarantaine d'années, est lui aussi originaire de Madrid. Accompagné de sa nièce Tamara, neuf ans, et de son frère handicapé mental, Alfonso, il s'est décidé à s'installer loin de la capitale après les décès à quelques mois d'intervalle de sa belle-soeur Charo et de son frère Damián. Cet homme seul, farouche, secret, a besoin d'une femme de ménage et il engage Maribel, trente ans, qui travaille déjà chez Sara. le fils de Maribel, Andrés, ne tarde guère à se lier d'amitié avec Tamara, ils ont le même âge, sont dans la même classe à l'école et comme Andrés suit sa mère dans les maisons où elle travaille, il passe la plus grande partie de son temps libre chez Sara ou Juan.
Almuneda Grandes plante son décor en quelques chapitres vigoureux. Puis, elle suit chacun de ses personnages à la trace, alternant épisodes du passé et du présent. le procédé n'est pas nouveau, mais elle l'utilise de manière très efficace. Peu à peu, nous découvrons les secrets de chacun, ses tourments, les cicatrices profondes héritées du passé. Sara a été élevée par une riche bourgeoise espagnole jusqu'à ses dix-huit ans. Toute son enfance s'est trouvée écartelée entre l'existence dorée qu'elle a menée dans sa famille d'accueil et la pauvreté de ses parents à qui elle a été enlevée. Quant à Juan, lui aussi d'origine populaire, son ascension sociale s'est faite au prix de sacrifices incessants pour poursuivre ses études de médecine. Mais la douleur qui le taraude est liée à la femme qu'il n'a jamais cessé d'aimer et qui l'a abandonné pour épouser son frère. Si Maribel respire la joie de vivre et l'optimisme, elle peine à élever son fils depuis qu'elle a été abandonnée par un mari immature et jouisseur. Les deux enfants ont aussi hérité, dans une certaine mesure, de la destinée fracassée de leurs parents et peinent à se construire face à des adultes tourmentés qui cachent tant bien que mal leurs blessures.
le style d'Almudena Grandes est ample, le verbe est riche et coule comme un fleuve qui charrie toutes sortes de matériaux et de sédiments qui se déposent, au fil de l'histoire, en couches de plus en plus épaisses. La psychologie des personnages se construit donc peu à peu et rien n'échappe à leur auteure qui joue en virtuose des décalages temporels, de la guerre civile à l'époque franquiste, de la mise en place de la jeune démocratie espagnole à l'essor économique des années 1990, pour peindre une toile de fond saisissante sur laquelle évoluent les protagonistes de l'histoire.
le ponant et le levant soufflent sur la baie de Cadix, apportant tantôt l'apaisement, tantôt la folie. Mais les éléments finissent pas s'apaiser comme les âmes blessées du roman.
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