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Critique de Zephirine


Je n'ai pas lu "Alpinistes de Staline" qui a précédé ce livre, mais peu importe, il s'agit d'une autre épopée même si elle parle aussi d'un pays communiste et totalitaire
L'auteur le dit lui-même, il a manqué de documents et de biographies pour écrire cette enquête sur les pionniers chinois de l'alpinisme et plus particulièrement l'ascension de l'Everest que les Chinois nomment le Qomolangma (alors que côté indien son nom est Sagarmatha !)
Jusqu'en 1960, ce sont les anglais Tenzing et Hillary qui sont les seuls à avoir atteint le sommet en 1953, mais c'était par la voie du côté népalais. Quant aux anglais Irvine et Mallaury disparus en 1924, rien ne prouve qu'ils aient atteint le sommet avant leur mort.
Le grand timonier rêve d'une conquête chinoise du plus haut sommet du monde, une première, c'est un projet insensé lorsqu'on sait que l'alpinisme est un sport méconnu en Chine. Mais qu'importe ! Avec l'aide des soviétiques, plus aguerris et expérimentés, les chinois balbutiants apprennent les bases de l'alpinisme. C'est un projet politique car Mao veut sa conquête du plus haut sommet du monde pour prouver sa suprématie sur le monde capitaliste. Pour plus de précautions, l'accès à l'Everest chinois est interdit aux étrangers.

« Ce sont les anglais qui ont appris à ce bas monde que l'Everest en était le toit. La rhétorique maoïste prétend, elle, que la cime était portée sur d'anciennes cartes chinoises tout en qualifiant les Britanniques de « bêtes incultes ». Il est vrai que les Tibétains connaissaient cette montagne depuis la nuit des temps. »

Il y aura plusieurs tentatives stoppées par le mauvais temps.
Le soulèvement du Tibet en 1959 va retarder et compliquer l'expédition. Elle sera réprimée violemment et fera des milliers de victimes. Quant au Dalaï-lama, il réussira à fuir pour se réfugier en Inde.
Après moult difficultés, trois hommes, Qu Yinhua, Wang Fuzhou et le tibétain Gonpo atteindront le sommet du Qomolangma à 8848 m d'altitude dans la nuit du 24 au 25 mai 1960. Cette victoire, c'est la revanche de la chine communiste mais quel crédit donner à cette prouesse face au récit plein d'imprécisions des alpinistes et au manque crucial de preuves ? le monde occidental doute, l'exploit semble trop beau car l'ascension s'est terminée de nuit, ce qui expliquerait l'absence de photo prouvant la véracité de l'exploit. Les conditions de survie à cette altitude sont difficiles. On appelle cela la « zone de mort » car le taux d'oxygène y est trois fois inférieur par rapport au taux au niveau de la mer. Il faut donc respirer avec des cartouches d'oxygène et chaque geste demande un effort colossal. Cette victoire ne sera jamais remise en cause par le pouvoir chinois qui prône l'exploit politique et l'amour de la patrie en ignorant la performance sportive qui prônerait l'individu au détriment du collectif.
En parallèle de cette conquête des sommets l'auteur nous initie à la politique maoïste et à ses excès. On pouvait être déporté dans les laogai, camps de rééducation par le travail, simplement pour une phrase malheureuse ou sur une dénonciation calomnieuse.

Après un début un peu fastidieux, ce récit m'a intriguée et passionnée car, au-delà d'une conquête des sommets, il s'agit bien de l'histoire d'un régime totalitaire qui a voulu faire de la conquête de l'Everest un triomphe politique. Malgré toutes ces zones d'ombre et le peu de documents à disposition, Cédric Gras réussit à reconstituer le destin de ces alpinistes de Mao.


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