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EAN : 9791041413430
264 pages
Points (25/08/2023)
4.08/5   220 notes
Résumé :
Si Cédric Gras s'est décidé à raconter la vie des frères Abalakov, deux alpinistes russes des plus héroïques de leur génération, c'est après avoir découvert qu'ils avaient été victimes des purges staliniennes. Comment Staline a-t-il pu faire arrêter ces figures glorieuses, chargées de porter le marxisme au plus haut des sommets ? Orphelins sibériens, ils pratiquent l'escalade avant de devenir des alpinistes aguerris.
Entre Caucase et Asie centrale, ils multip... >Voir plus
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Passionnante découverte que cette histoire de l'alpinisme soviétique réalisée par Cédric Gras qui fut compagnon de Sylvain Tesson lors de sa fameuse Bérézina à moto !

Il lui a fallu des recherches longues et assidues pour mettre enfin en lumière toute une histoire et surtout deux frères, Vitali et Evgueni Abalakov, qui ont grandi à Krasnoïarsk, près du fleuve Ienisseï, en Sibérie. Ils étaient nés en 1906 et 1907 et leur passion pour l'escalade et la montagne à profondément marqué leur vie placée sous le sceau terrible du stalinisme.
Cédric Gras raconte tout cela avec précision, humour parfois, critique souvent. Comment ne pas être touché, ému par la destinée de deux hommes qui ont tenté de réaliser leurs rêves d'escalade avec des moyens très rudimentaires dans un contexte politique des plus horribles ?
Dans cet excellent livre, l'auteur déroule un panorama des plus complets de la conquête des sommets, en URSS. Si cet empire soviétique a éclaté, il ne faut pas oublier son importance tout au long du XXe siècle. Vitali et Evgueni sont adolescents quand on vient arrêter Ivan Abalakov, leur oncle paternel qui a recueilli ces deux orphelins. Les voilà déjà marqués par l'arbitraire. Leur père était un négociant prospère et leur oncle un bourgeois.
Vitali et Evgueni sont à Moscou en 1925. L'un étudie la mécanique et l'autre préfère les beaux-arts. Avec leurs études, ils développent leur passion pour la montagne dans le Caucase, cette chaîne qui s'étend sur 1 200 km entre la mer Noire et la mer Caspienne.
Vitali rencontre Valentina Tcheredova qui aime aussi l'escalade alors qu'Anna Kazkova se lie à Evgueni. C'est donc parti pour des expéditions toujours plus lointaines et toujours plus élevées. Les sommets du Pamir, énorme massif d'Asie centrale que se partagent aujourd'hui la Chine, le Tadjikistan et le Kirghizistan, attire encore plus car ses sommets dépassent les 7 000 mètres dont le pic Staline devenu pic du Communisme et appelé aujourd'hui pic Ismail Samani (7 495 m).
1933 voit la collectivisation des terres et d'horrible famines mais cela n'empêche pas Evgueni de se distinguer. Des deux frères, c'est nettement le plus brillant. Tous les deux, ils forment des militaires à la montagne mais, en 1934, le goulag se met en place.
Lorenz Saladin, un photographe suisse, se joint aux exploits des Abalakov. En 1936, ils arrivent au sommet du Khan Tengri (7 010 m) mais la descente est effroyable. Vitali doit être amputé de plusieurs phalanges et d'un tiers du pied gauche. Cela le poussera à inventer des appareils pour les sportifs handicapés et il pourra renouer avec la montagne, sa passion.
Hélas, l'URSS vit sous le joug de Staline et l'on arrête, torture, emprisonne, fusille des innocents par centaines. Les alpinistes, comme les poètes, ne sont pas épargnés. le 4 février 1938, Vitali est arrêté chez lui alors qu'il est avec Valentina et leur fils, Oleg. Comme tant d'autres, il vit un cauchemar abominable, un enfer dont il sort par miracle.
Puis, c'est la seconde guerre mondiale. Les rangs des alpinistes ayant été décimés par les arrestations, l'URSS ne possède pas de troupes de montagne. Si Vitali a été réformé pour invalidité, Evgueni est dans l'armée. Anna a accouché, en 1941, d'un fils, Alexei.
L'URSS compte vingt millions de morts à la fin de la guerre mais l'alpinisme reprend un peu. Alors que Valentina met au monde une fille, Galina, en 1946, la vie d'Evgueni bascule brutalement deux ans plus tard. Lui qui sculptait beaucoup laisse ses oeuvres mais son rêve était d'escalader l'Himalaya.
La troisième partie du livre est consacrée à Vitali qui étonne de plus en plus même s'il peine à être réhabilité. Il grimpe toujours et Cédric Gras raconte tout cela avec vivacité et précision. J'aurais voulu retenir tous ces noms qu'il sort de l'ombre, tous ces drames de la montagne, ces joies aussi lorsque le succès est au bout.
Avec la vie de ces alpinistes hors pair, j'ai bien compris toute l'évolution de ce sport développé dans le cadre soviétique malgré des moyens limités et un carcan idéologique très contraignant.

Alpinistes de Staline m'a été offert par Simon pour mon anniversaire et ce fut une lecture passionnante et fort instructive. Merci !


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Le roman débute en 1920, en Sibérie, à Krasnoïarsk, près du fleuve Ienisseï, où la guerre civile vient de déferler.
Un soldat de la révolution tambourine à la porte d'une des maisons. Il est porteur d'un mandat d'arrêt concernant Ivan Abalakov. Ses deux neveux orphelins, Vitali et Evgueni, treize et quatorze ans se précipitent pour empêcher que leur oncle paternel qui les a recueillis, ne soit emmené. Mais le garde rouge a désormais tous les droits et il rafle également les neveux pour avoir entravé son action. Leur tante, en échange de vodka et zabouski épargnera les deux frères.
Après une enfance et une adolescence faite de varappe et d'escapades dans le cadre légendaire des Stolby (colonnes ou blocs) : "Les frères Abalakov ont grandi en embrassant la pierre, en défiant la pesanteur, en exécutant le poirier au bord du vide", ils montent à Moscou.
Dans Alpinistes de Staline, Cédric Gras nous conte la vie de ces deux frères Abalakov ces célèbres alpinistes russes nés à un an d'intervalle, pour les sortir de l'oubli. C'est aussi pour tenter de comprendre comment, alors qu'ils avaient déjà conquis le pic Staline et le Khan Tengri, qu'ils portaient le marxisme au plus haut des sommets, au prix de grandes souffrances et de mutilations, ils ont pu, Vitali en étant arrêté et Evgueni en mourant de façon mystérieuse, être victimes de la Terreur stalinienne.
Ce livre tente également de rappeler à notre mémoire tous leurs camarades déportés au goulag ou exécutés, toutes ces existences fauchées par ces grandes purges, où la police politique arrête à tour de bras, inventant des chefs d'accusation fantaisistes et extorquant des aveux par les pires méthodes, par exemple, avoir grimpé avec des étrangers était tout simplement qualifié d'espionnage. .
Je suis loin d'être une passionnée d'alpinisme et pourtant j'ai été emportée et subjuguée par les descriptions de ces lieux immenses et encore sauvages, la blancheur immaculée de ces neiges éternelles et la solennité de ces hauts sommets, la simplicité et la sobriété de vie de ces hommes, si près de la nature, dont les sens sont en perpétuel éveil pour faire face aux brusques changements de temps et aux températures extrêmes.
Cependant, si j'ai particulièrement apprécié ce roman, c'est avant tout parce que l'histoire de l'alpinisme se mêle à l'histoire tout court, avec cette période de répressions politiques tellement effarante qui a utilisé alors à grande échelle l'emprisonnement, la déportation et la peine de mort pour éliminer ses opposants politiques réels ou supposés. L'auteur s'interroge d'ailleurs très justement : « À bien y réfléchir, et même si l'on comprend la logique avec peine, il n'y avait aucune raison pour que les alpinistes échappent à cette répréssion généralisée, à cette automutilation d'une URSS qui élimine ses meilleurs éléments en leur reprochant de vouloir lui nuire. Que serait-elle devenue si on les avait laissés véritablement bâtir le socialisme ? »

Cédric Gras, russophone, est écrivain-voyageur. C'est après des voyages en Asie centrale, après avoir écouté des descendants de certains personnages, observé quelques photographies et obtenu l'autorisation de consulter les archives du KGB et pris connaissance des trois cent cinquante pages d'instruction, qu'il a pu reconstituer le destin exceptionnel de ces deux frères durant cette période que l'on connaît encore si mal. Il écrit d'ailleurs : "Je n'ai plongé dans l'épopée des Abalakov que parce qu'elle dépasse largement leurs exploits."
C'est une enquête très fournie et terriblement instructive que nous livre l'auteur, une confrontation de l'homme avec L Histoire, un livre contre l'oubli, des frères Abalakov, certes, mais aussi de ces innombrables morts, victimes des purges staliniennes…

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Passionnant !
Voici un livre très bien écrit et extrêmement documenté, qui mêle habilement histoire de l'alpinisme et Histoire tout court.
Russophone, Cédric Gras a effectué un travail de recherche conséquent dans de nombreuses archives, dont certaines n'avaient jamais été ouvertes ; ce qu'il a trouvé lui a permis de construire un récit prenant de bout en bout.
Quand des éléments lui manquent, il comble les vides en imaginant un scénario probable, mais il en avertit toujours le lecteur, ce qui donne une grande crédibilité à son ouvrage.

"Les Abalakov sont des héros positifs comme l'Union soviétique en eut trop peu. À eux deux, ils furent de presque tous les coups, de toutes les premières. Ils racontent l'URSS, par le prisme des neiges" nous dit l'auteur qui a choisi les emblématiques frères Vitali et Evgueni pour nous présenter une tranche de l'histoire de l'alpinisme soviétique et à travers elle, celle d'un régime terrible qui broyait les hommes sans état d'âme.

Sport et politique, un grand classique !
Les dictatures ont bien souvent exploité les sportifs, manipulés comme des pantins et exhibés pour la gloire des dirigeants.
Chacun sait comment Nadia Comanecci a été utilisée par Ceaucescu ; Cédric Gras nous montre qu'il en fut de même pour les frères Abalakov et bien d'autres alpinistes avec eux.
Conquêtes de sommets d'un côté, purges staliniennes de l'autre.
Si l'ascension d'un sommet encore invaincu est une affaire de prestige national, ne croyez pas pour autant que la valeureuse cordée victorieuse soit justement récompensée. de vaillants grimpeurs, courageux jusqu'au sacrifice d'eux-mêmes (certains y laissent leur vie, d'autres des doigts gelés qu'il faut amputer) sont parfois ignorés, voire dénigrés, ou même pourchassés et maltraités dans les tristement célèbres goulags dans lesquels certains disparaissent pour toujours. On n'entend plus jamais parler d'eux : c'est fini, ils n'existent plus.
Dans ce régime monstrueux l'arbitraire règne, la vie humaine n'a pas de valeur, et "tous les chemins mènent au goulag, même celui des cimes". Des alpinistes ayant accompli des exploits sont torturés dans la tristement célèbre Loubianka, certains sont directement passés par les armes, et tout cela parfois sans que l'on sache pourquoi. "Le NKVD déniche des complots partout, chez les marins, les mineurs, les académiciens, les météorologues, les athlètes, que sais-je."

Certaines pages font froid dans le dos, et pas seulement parce que nous sommes en très haute altitude !

Fort heureusement l'auteur prend parfois un recul salutaire, et ne manque pas d'humour pour raconter certaines scènes, comme lorsque de malheureuses cordées sont obligées de transporter des bustes de Lénine qu'elles ont l'obligation de déposer au sommet, prestige soviétique oblige.
Quand on pense au soin que les alpinistes mettent à la préparation de leur matériel, pesant chaque pièce de leur équipement et s'efforçant d'en minimiser le poids afin de prendre le moins de risque possible, ce genre de situation est d'un ridicule absolu.
Un ridicule qui tue parfois. Mais les dirigeants ne s'embarrassent pas de scrupules inutiles : quelques morts de plus ou de moins... et alors ?
Cédric Gras en savait certainement déjà beaucoup sur l'URSS, mais ce qu'il a découvert lors de ses recherches l'a abasourdi. Il nous le résume en quelques mots glaçants :
"J'ai découvert les noms des plus grands alpinistes de l'époque là où je n'aurais jamais imaginé les lire. Parce que ce qui fit le plus de ravages dans leurs rangs, ce ne furent ni les oedèmes en haute altitude, ni les chutes de séracs ou la foudre sur des arêtes effilées de rochers. Non, ce fut une calamité qui n'avait, croyait-on, rien à voir avec la montagne : les purges staliniennes."
Quelle tristesse !
Quelle horreur !
Un régime qui élimine ses propres citoyens, allant jusqu'à supprimer les plus valeureux d'entre eux.
Une monstruosité qu'il ne faut jamais oublier.
Jamais !

Férus ou non d'alpinisme, si vous aimez L Histoire, je ne peux que vous conseiller cette lecture édifiante et marquante.
Je n'ai qu'un regret : que l'ouvrage ne comporte aucune photo, à part celle de la couverture. Cédric Gras évoque pourtant à plusieurs reprises les clichés qu'il a trouvés lors de ses recherches. J'aurais vraiment aimé en voir quelques-uns.

"De grandes choses s'accomplissent quand les hommes et la montagne se rencontrent" a écrit William Blake. Quand la rencontre se passait en URSS, ces grandes choses ont souvent viré au cauchemar.
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Fabuleuse épopée que celle d'Evgueni et Vitali Abalakov, deux frères qui ont inscrit leur nom aux sommets de l'alpinisme soviétique, à travers ce XXème siècle stalinien, de souffrances pour tout un peuple, de persécutions, tortures, guerre mondiale et son cortège de destructions humaines.

Cédric Gras a procédé à une enquête fouillée sur la vie de ces deux héros et il la restitue avec finesse, retenue, lyrisme, laissant quelquefois aller son imagination, tout en restant au plus près de la vérité.

Evgueni a échappé au goulag et aux persécutions, mais pas à une mort prématurée, non pas dans la gloire d'une chute d'une paroi, mais asphyxié par le gaz dans une salle de bains d'un appartement communautaire. Accident ou assassinat? le mystère demeure.

Vitali, lui, a connu la torture, le goulag, après avoir perdu maintes phalanges vers les 7000 mètres et un bon tiers de pied. Il a pu surmonter toutes ces épreuves et connaître à nouveau l'ivresse de la vraie liberté sur les cimes, hélas sans son frère.

Le machiavélisme stalinien et l'endoctrinement des masses est parfaitement restitué par Cédric Gras qui sait plonger ses lecteurs dans l'atmosphère de ces années de plomb, d'incertitude du lendemain, d'espérance toujours pour les deux frères.

Le titre correspond tout à fait à cette appartenance des alpinistes au dictateur, ils grimpent, pour eux-mêmes probablement dans leur for intérieur, mais avant tout pour le régime qui a besoin de gloire face à l'Occident. Un régime qui ne pardonne rien, même quand il n'y a rien à pardonner puisqu'il n'y a pas de faute commise, un régime qui détruit sournoisement tout ce qu'il imagine pouvoir lui nuire, héros alpinistes, simples bergers qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment.

Evgueni était également dessinateur et sculpteur, ses oeuvres ont quasiment disparu dans la tourmente et, surtout, selon Cédric Gras, il aurait été capable, avec son frère de conquérir l'Everest les premiers.

L'auteur déroule l'histoire au fil de celle des deux frères, révolution, stalinisme, guerre, détente, fin de l'union soviétique. Il inscrit superbement ces deux destinées dans la "roue rouge" de l'histoire et livre à ses lecteurs un magnifique document sur ces deux héros sibériens.

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Certains vont me trouver monomaniaque mais je ne peux m'empêcher de pointer les modes littéraires, et celle de l'auto-fiction systématique me fatigue. Mais je ne peux au contraire que la saluer quand l'auto-fiction... s'applique à la non-fiction. Merci à NetGalley et aux éditions Stock de me permettre de gravir les sommets russes.

Il y a bien des qualités dans ce récit des aventures de deux alpinistes, stars soviétiques et inconnus par chez nous. Je voulais commencer par cette volonté de nous expliquer tout au long du récit comment s'est construit la recherche. Cette manière par l'auteur de se placer au centre de son livre reste tout de même discrète et n'éclipse pas les héros. Et là où cette technique finit pour moi par appauvrir le romanesque, elle ne peut en revanche, quand elle reste maîtrisée, que par enrichir les essais. En effet, quand on lit un ouvrage qui se veut décrire la réalité, il est forcément intéressant de bien comprendre d'où parle l'auteur, ce qui l'anime, ses enthousiasmes et aussi ses aigreurs. La reconnaissance d'une certaine impossibilité de l'objectivité qui ne fait qu'enrichir le propos.

Et des richesses ce livre n'en manque pas. L'auteur est à la base géographe et cela donne un regard très intéressant sur l'histoire. Ces deux grandes matières sont systématiquement associées dans nos études et c'est évidemment parce qu'elles se complètent idéalement dans la compréhension de notre monde. Mais les regards sont différents entre le géographe et l'historien. Cédric Gras s'intéresse davantage aux lieux et aux hommes qu'aux dates et cela donne une couleur particulièrement agréable à son récit. Son amour des montagnes et sa passion pour la Russie et ses territoires immenses nourrit son écriture et il parvient à transmettre ses enthousiasmes. Sa plume est d'ailleurs à la fois poétique et claire, il s'amuse avec nous des lourdeurs obligatoires des listes de noms de sommet ou des noms russes compliqués des compagnons de ses deux héros.

Les deux héros justement, une autre force de ce livre. Deux frères au destin à la fois parallèle et divergent, en qui l'histoire soviétique s'inscrit tellement complètement qu'on finirait par croire que Cédric Gras nous les a inventés pour servir un récit soit disant réel. Mais il ne s'agit pourtant pas ici d'un roman mais d'hommes ayant connu tout ce que le rêve communisme pouvait apporter d'aventure mais aussi de souffrances. L'auteur nous fait cheminer à leur côté, glisser, manquer de tomber dans les crevasses. Il ménage certains suspenses et rend hommage à ces héros, oubliés de l'Histoire mais pas des géographes.
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Citations et extraits (196) Voir plus Ajouter une citation
Evgueni est un bon Soviétique, engagé dans le développement politique de ses citoyens. Pour sa contribution à cette campagne de prospection, il sera d'ailleurs nommé udarnik, c'est-à-dire "travailleur de choc". Le culte des forces productives et de l'industrie bat son plein. L'alpiniste est un prolétaire comme les autres, un ouvrier du vertige. Il n'est pas là pour s'épancher béatement sur la beauté des sites. "Pas de contemplation ! Du minerai ! ordonne un jour un des chefs de la mission. Admirer le paysage est une tare petite-bourgeoise.
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Je me suis assis dans un café plein de citadins riants. Moscou de nos jours vit dans l'insouciance et l'oubli. Ainsi que Paris, New York et l'Italie. Elle se fiche éperdument de ces gars qui dans ces mêmes rues, un lourd sac sur le dos, s'en allaient cartographier toute l'Eurasie, dans des caravanes de chameaux, sur les glaciers tourmentés. Elle ne veut plus se souvenir de leurs existences fauchées par la Terreur. Elle préfère se vautrer elle aussi dans le confort lénifiant du vingt et unième siècle. Entre deux lampées de vin et quelques petit-fours, quelqu'un coupe toujours aux évocations de ces fantômes d'un péremptoire "C'était une autre époque". pour se remettre à boire.
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Je n'ai plongé dans l'épopée des Abalakov que parce qu'elle dépasse largement leurs exploits. Parce que j'ai découvert les noms des plus grands alpinistes de l'époque là où je n'aurais jamais imaginé les lire. Parce que ce qui fit le plus de ravages dans leurs rangs, ce ne furent ni les œdèmes en haute altitude, ni les chutes de séracs ou la foudre sur des arêtes effilées de rochers. Non, ce fut une calamité qui n'avait, croyait-on, rien à voir avec la montagne : les purges staliniennes.
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Les frères Abalakov ont grandi en embrassant la pierre, en défiant la pesanteur, en exécutant le poirier au bord du vide. Evgueni était, paraît-il, affublé par ses camarades du sobriquet de Tamias. les tamis de Sibérie sont de petits écureuils rayés endémiques. Evgueni ouvrait des voies là où le lichen des rochers n'avait été râpé par aucune semelle de galoche. Vitali, pourtant plus âgé d'une année, suivait comme il pouvait.
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Il paraît que le célèbre Evgueni Abalakov est quelque part dans la vallée ! Quelqu'un l'aurait-il croisé ? Il est pourtant là, devant eux, avec son visage slave, sa stature ordinaire et sa peau hâlée. Combien de grimpeurs hors pair ne paient pas de mine. Pourtant ses admirateurs s'imaginent une icône comme en vend la propagande, un gaillard anguleux et musculeux, à l'image de ces statues qui essaiment sur les places des cités en -grad. Étrange époque où la candeur des jeunesses léninistes côtoie la cruauté des purges.
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Vidéo de Cédric Gras
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Cedric Gras vous présente son ouvrage "Alpinistes de Mao" aux éditions Stock.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2741688/cedric-gras-alpinistes-de-mao
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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