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Critique de Nastie92


Quand on pense froid, neige ou glace, on pense tout de suite haute altitude, les sommets himalayens arrivant en bonne position.
Mais il est d'autres endroits sur terre où les conditions climatiques n'ont rien à envier à celles qui règnent sur l'Everest : les pôles.
Pour s'en persuader, on peut lire différents ouvrages relatant leur conquête ou bien "Antarctique : ciel et enfer" dans lequel le grand alpiniste italien Reinhold Messner raconte sa traversée du continent blanc en passant par le pôle Sud.

Cédric Gras n'est pas allé jusqu'au pôle, mais a partagé pendant trois mois le quotidien de l'équipage d'un brise-glace chargé de ravitailler les bases russes en Antarctique.
Amoureux de la Russie, russophone, géographe de formation et de caractère aventureux, Cédric Gras était fait pour embarquer à bord de l'Akademik Fedorov.
Il en rapporte des souvenirs et des réflexions qu'il nous partage dans ce récit.
À travers de courts chapitres, il brosse un tableau de la vie de ceux qu'on appelle en Russie les Poliarniks.
Une sorte de mosaïque qui nous permet de comprendre différents aspects de ces existences si particulières, sans oublier une composante historique que j'ai trouvée très intéressante.

Du temps de l'URSS, les poliarniks faisaient rêver les enfants, au même titre que les cosmonautes. Dans les cours de récréation on jouait à être Gagarine aussi bien qu'à faire « comme Papanine sur la banquise ».
On comprend aisément que de telles références forgent le caractère.
Les héros, le climat, les traditions, les habitudes de vies, les récits partagés de génération en génération fondent un socle commun qui fait la spécificité du peuple russe.
Quitte à m'éloigner un peu du sujet, j'ajouterais qu'il en est de même pour tous les autres peuples de la terre : chacun d'eux a un imaginaire collectif et une histoire commune, n'en déplaise aux mondialistes forcenés qui pensent que les êtres sont interchangeables et transplantables à loisir.
Honte aux organisations véreuses qui font du trafic d'êtres humains, et sous couvert d'actions humanitaires, fournissent en réalité aux pays riches de la main-d'oeuvre bon marché ! le tout en se donnant hypocritement bonne conscience et en essayant de faire culpabiliser ceux qui osent s'élever contre cette traite abjecte.
Voilà, c'est dit.
Maintenant, revenons à nos moutons, ou plutôt à nos étendues glacées !

Cédric Gras nous fait sentir l'âme russe, nous la fait toucher du doigt.
L'imaginaire collectif russe est riche. Riche de conquêtes et de héros à qui on voue un véritable culte, comme Youri Gagarine.
Cette histoire commune explique en grande partie la "résignation apaisée" de ces poliarniks qui acceptent des conditions de vie inhumaines : peut-on se plaindre lorsque l'on a pour référence les vies héroïques des fameux cosmonautes ? Non.
On ne s'en accorde pas le droit, et à partir de là, tout est acceptable. Entre autres les conditions climatiques sévères, l'isolement et la quasi impossibilité d'avoir une vie de famille : "Ils sont si assidûment absents que, de leur propre aveu, ils finissent par se sentir l'âme d'un invité dans leurs propres foyers."

L'amour que l'auteur éprouve pour la Russie transparaît à chaque page, même si c'est souvent pour se moquer gentiment de telle façon de faire, de telle habitude, de tel événement, etc. Qui aime bien châtie bien !
Le lecteur est tour à tour surpris ou amusé, et toujours intéressé par un propos original et instructif.

Géographie, histoire et géopolitique entremêlées dans un récit à hauteur d'hommes : j'ai beaucoup aimé ce voyage.
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