Nous sommes en présence d'un roman psychologique fort, dont le mysticisme rappelle celui de
Bernanos ou de Mauriac:
Julien Green est un des grands auteurs du XX° siècle. La langue est parfaite, et l'on se surprend à être captivé par la poursuite de la lecture d'un livre dont l'action n'est pourtant pas le principal ressort. Une jeune fille Danoise a couché avec les soldats nazis durant l'occupation: elle est donc bannie et isolée par la populace durant de longues années après la fin de la guerre. Elle se souvient de l'homme qu'elle a le plus aimé, juste avant la guerre, son seul souvenir de temps heureux. Celui-ci viendra la voir, mais chacun d'eux culpabilisera à sa façon quant à son rôle dans ce triste passé, et dans la situation psychologiquement misérable où ses accusateurs placent la jeune fille.
Julien Green nous met en compagnie de cette jeune femme, sans parti pris: nous la comprenons, nous la plaignons, tout en mesurant sa faute. Mais le trouble sera trop fort, pour chacun des amoureux torturé par le remords: le bonheur passé est bien perdu. Très beau livre, un peu oublié, hélas.
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